7 juin 2008
6
07
/06
/juin
/2008
07:07
Le livre :
La Seconde Guerre Mondiale fait rage en Europe. Des familles anglaises décident d'envoyer leurs enfants loin des bombardements. Alors que des classes d'écoliers sont dans un avion pour fuir la guerre, celui-ci se crashe. Aucun adulte n'a survécu. Quelques enfants se trouvent alors sur une île. Piggy connaît les règles de la société et pense qu'il faut en établir ici même pour leur survie. Ralph se joint à lui et fait confiance au bon sens de ce dernier. Une conque va leur permettre de faire savoir à d'autres enfants qu'ils sont en vie. Arrive alors Jack et quelques autres. Celui-ci se proclame le chef, mais par l'intervention de Piggy, un vote désigne Ralph. Jack n'a alors de cesse de montrer que seul lui peut faire un bon chef ...
Ce que j'en ai pensé :
J'avais entendu parler de ce livre au moment où une émission de télé-réalité est sortie aux Usa, impliquant des enfants livrés à eux-mêmes, sans scrutures, durant plusieurs semaines. Emission qui fit scandale et ne fût pas diffusée.
Il s'agit d'une pièce de théâtre où le seul adulte vivant de la pièce apparaît dans la scène finale, en venant récupérer les enfants.
Le lieu est paradisiaque : la plage, le soleil, le lagon. L'instant est tragique : leur avion s'est écrasé, les enfants sont livrés à eux-mêmes, ne se connaissent pas forcément. La réaction : apprendre à se connaître, penser à l'après, s'organiser.
Apprendre à se connaître dans un moment tragique n'est pas aisé. Les petits travers ressortent. Piggy, par exemple, est un enfant qui a complètement intégré les règles de l'ordre social adulte. Il est celui qui a le plus de bon sens, mais son côté "donneur de leçon" ou "premier de la classe" ne lui attire aucune sympathie. Pourtant, si les enfants survivent et sont repérés par un navire allié, c'est bien grâce à Piggy, aussi bien par ses notions de logique que matériellement.
En expliquant (maladroitement) aux autres, qu'ils doivent s'organiser et continuer à vivre en groupe, qu'ils doivent ne pas parler tous en même temps, faire des assemblés pour décider des meilleurs choix à faire, faire du feu pour être repéré, etc. il sauve la vie de ses camarades.
Pourtant, cela ne lui sera pas salutaire, car, dans tout conflit, on élime ceux qui pensent trop. Ils ont tendance à mettre le doigt sur les incohérences des dirigeants, et à diffuser les infos. Ils sont beaucoup trop dangereux. Piggy sera donc "éliminé" par celui qui s'est auto-proclamé "chef" à la place du chef élu, Ralph. Piggy va être purement et simplement assassiné par un des fidèles de Jack.
Piggy fait la connaissance de Ralph dès la première scène. Il fait confiance à ce dernier en lui révélant son surnom. Ralph n'est pas un petit rigolo. C'est, par excellence, l'enfant qui attire mais qui n'est pas autoritaire. Il réfléchit, prend conscience de ses bêtises, même s'il continue à en faire. Il est élu le chef des enfants survivants, malgré Jack. Ralph sait que Piggy est le plus censé et qu'il est du côté de la raison. Mais il ne sait pas galvaniser les troupes face à la virulence de Jack. Ralph se trouve impuissant face aux envies démesurées de ce dernier qui ne pense qu'à être chef et à comment le devenir plutôt qu'à sauver le groupe des enfants.
Mais Ralph ne cède pas, il ne se ralie pas à Jack, il ne va pas à l'encontre de ce qu'il pense. Il s'excuse même auprès de Piggy d'avoir dévoilé son surnom, de ne pas l'avoir suffisamment soutenu et écouté. Trois autres enfants restent avec eux, les autres se tournent vers Jack qui se comporte en véritable dictateur.
Un des enfants, Perceval, traumatisé par le crash de l'avion croit avoir vu un monstre. Jack se servira de cette croyance pour éliminer certains des enfants.
Jack est un chasseur né. Il décide de fabriquer des lances pour tuer les cochon et se nourrir. Comme il a des idées qui peuvent se concrétiser de suite, et qu'il fait valoir sa qualité de chef de la chorale, il n'a aucune peine à galvaniser ses troupes. Quand ils tuent le premier cochon, Jack décide d'enduire le visage de ses camarades du sang de ce dernier. Un signe de raliement qui le / les fait basculer du côté des sauvages. Par la suite, Jack ne veut qu'une chose, être le chef. Ou les enfants sont avec lui ou ils sont contre lui. Il va se servir de cette histoire de monstre.
Simon va être le premier enfant assassiné, et assimilé au dit monstre. Il perd pied devant la tragédie qui se déroule sur l'île. L'évidence étant que pendant que certains cherchent à sauver les autres, d'autres ne veulent que régner. C'est un parachutiste mort, pris pour le monstre, qui va éveiller la conscience de Simon. Il sera la première victime des enfants. Assassiné quand il a voulu expliquer qu'il n'y avait pas de monstre, que c'était seulement un homme ...
Jack va alors décider que le monstre est un esprit qui s'abat sur certains des enfants. Quand Piggy sera, à son tour, tué (il est poussé du haut d'une falaise par Roger), Jack attisera la peur du monstre. Il décidera que désormais le monstre est en Ralph. C'est lui le nouvel ennemi à abattre. Ralph ne sera sauvé que par l'arrivée de l'adulte venu les chercher. Celui-ci les a repéré grâce au feu. Feu qui n'a pu exister que sur l'idée de Piggy, et grâce aux lunettes de Piggy. Feu volé par Jack à ceux qui ne voulaient pas se ralier à sa cause, lunettes volées également par Jack. L'adulte met en avant que c'est le feu qui les a sauvés, c'est le feu qui a fait qu'ils soient repérés.
Jack s'est comporté comme un dictateur sanguinaire, assoiffé de pouvoir. Il n'a pensé que dans l'instant. A aucun moment, il n'est dans l'idée d'un retour à la normale. Il ne pense qu'à lui, à son envie d'être le chef. Mais qu'est qu'un chef qui ne pense pas à l'avenir des personnes qu'il dirrige ? Le comportement des enfants révèlent parfois (j'ai bien dit parfois) ce qu'ils seront adulte. Heureusement certains évoluent en grandissant. Jack est un dominateur manipulateur. Le règne par la terreur.
Ralph n'est pas un bon chef non plus, car il ne se montre pas ferme. C'est ce qui lui a manqué pour faire face à Jack. Le charisme.
Au final, Ralph est celui qui sortira traumatisé de cette aventure tragique. Quand l'adulte arrive, il demande immédiatement s'il y a un chef, parce que c'est humain mais aussi animal qu'il y ait un chef. Quand il voit les enfants affublés de lances et encerclant Ralph, il dit que "c'est un jeu, n'est-ce pas" car, il ne pourrait en être autrement pour lui. Tous les enfants consentent à cette idée, qu'ils étaient dans un jeu. Sauf Ralph. Ralph dit qu'il y a eu deux morts. Deux enfants assassinés. Mais personne ne l'écoute, l'adulte ne veut que les sortir de cette île et les rendre à la civilisation, les enfants ne veulent qu'une chose, retrouvés leurs parents et les règles qui les régissent. Personne ne veut écouter ni entendre Raph. Personne ne voudra croire que Jack et ses sbires sont des monstres humains. Seul lui garde la conscience de l'impensable qui s'est déroulé sur cette île.
A qui la faute ? Qui est responsable du comportement de Jack et de ses suiveurs ? Est-ce une question de personnalité ? d'éducation ?
Extrait :
- Sam : Vous ne pouvez pas. Vous ...
- Eric : ... ne pouvez pas faire ça. Ce n'est pas ...
- Sam : ... juste ! Vous ne pouvez pas !
- Roger : Qui a parlé de ce qui est juste ...
- Piggy : Moi ! (Il sort des arbres. Cette apparition interrompt la luttre entre Ralph et Jack. Tout le monde s'arrête pour regarder ce personnage à moitié aveugle.) Moi ! Et j'ai la conque pour le prouver. (Silence. Tous écoutent.) J'ai la conque. Ralph ? T'es là, Ralph ? Tu ferais mieux d'écouter de toute façon et toi aussi Jack Merridew, tu ferais mieux d'écouter. (Un temps.) Qu'est-ce qui vaut mieux ? Des lois pour être sauvés, ou bien la chasse pour être détruits ? Avoir des règles et les respecter, ou chasser et tuer comme une bande de sauvage ?
Une autre vision du livre chez Jean-Yves.
Edit : après avoir lu l'article de Jean-Yves, je vérifie la version que j'ai lu. Il s'agit en fait de l'adaptation théâtrale de Nigel Williams d'après le roman de William Golding. Ce dernier a d'ailleurs salué cette translation de son roman en pièce de théâtre par Nigel Williams.