Maus, avant propos sur le livre.
Le livre couvre une période assez large, du milieu des années 1930 jusqu'à l'hiver 1944, également la période où Art Spiegelman recueillait les informations auprès de son père, celle de l'écriture de Maus, de sa publication et de son accueil. Il ne s'agit pour Spiegelman de commencer son histoire avec celle du nazisme, mais de faire coïncider le début de Maus avec la rencontre de Vladek et Anja. Nous pourrions penser que c'est un énième récit sur la Shoah, nous serions dans l'erreur, car la manière dont Art Spiegelman choisit de nous raconter son histoire, celle de sa famille, nous plonge dans une intimité à la fois pudique et impudique, à la fois universelle et unique.
Vladek et Anja se sont rencontrés en 1935, mariés le 14 février 1937, à Sosnowiec, en Pologne. Hitler est déjà au pouvoir en Allemagne. Ils vivent aisément grâce aux parents de la jeune femme, qui sont millionnaires. Celle-ci n'est pas aussi lisse que Vladek le pensait. Un jour, alors qu'il rentre d'un voyage d'affaire, il découvre que la couturière de leur immeuble a été arrêtée en possession de documents communistes. Pire encore, il découvre que la véritable coupable, c'est sa femme, car c'est elle qui traduisait les tracs. Il lui intime de cesser ses activités illégales, ce qu'elle fait. Vient alors le premier enfant, Richieu. Nous sommes au début de 1938. Anja fait une dépression suite à son accouchement. Le jeune couple, laissant leur enfant aux parents d'Anja, part durant trois mois en Tchécoslovaquie, dans un sanatorium. L'arrivée dans ce pays, c'est aussi la première confrontation au nazisme avec le drapeau gammée, la première première découverte sur ce qui passe en Allemagne, le mot tombe tel un couperet, le Pogrome a commencé, les juifs allemands sont persécutés. Aucun de ceux qui sont dans le train n'ose penser que cela pourrait dépasser les frontières allemandes, leur vie continue.
A leur retour, Vladek, Anja et le jeune Richieu vont s'installer à Bielsko, là où se trouve l'usine de Vladek. Très vite des émeutes se produisent en ville, contre les juifs, émeutes orchestrées par les nazis. C'est à ce moment qu'il reçoit une lettre du gouvernement lui annonçant sa mobilisation dans l'armée de réserve. Anja et Richieu retournent à Sosnowiec, dans la famille, et Vladek, vers la frontière allemande. Nous sommes en 1939. Une première rencontre avec l'ennemi nazi, un premier statut de prisonnier, et déjà la séparation entre les juifs et les polonais, déjà un traitement différent. Les nazis leur font croire à une libération, ils leur demandent leur lieu de résidence, mais tout ceci n'est qu'un leurre, les juifs sont emmenés dans une partie de la Pologne dominée par les Allemands. Vladek va réussir à se sauver du camp en se faisant passer pour un simple polonais. A l'époque, l'étoile jaune n'est pas encore obligatoire. Il arrive chez ses parents, sain et sauf.
Art Spiegelman, pour montrer à son lecteur que le juif se fait passer pour un polonais non juif, lui fait porter un masque de cochon (le cochon étant l'animal choisi pour être le polonais).
L'arrivée dans sa famille lui révèle d'autres mauvaises surprises. Son père a vu sa barbe coupée par les nazis, la barbe représentant chez l'homme juif son attachement profond à sa religion. Un couvre-feu a été instaurée à 7h pour les juifs, ils doivent être chez eux, la lumière éteinte.
Vladek retourne chez ses beaux-parents, retrouve sa femme et son fils de deux ans et demi, déjà. Ils vivent à douze dans l'appartement, toujours dans le même luxe. Au repas, les mêmes sujets reviennent, les règles imposées par les nazis aux juifs. Tout est prétexte pour les arrêter et les envoyer dans des camps de travaux forcés, on suggère déjà que ceux qui partent ne reviennent pas. Le port de l'étoile jaune est imposé.
Les juifs s'organisent, font du marché noir pour survivre. Ils troquent, échangent. Vladek apprend sur le tas, n'importe quel métier. Son sens de l'observation lui est très utile, dans les camps de concentration, mais aussi après, quand il faudra se reconstruire une vie.
Les nazis commencent à se rendre chez les juifs, prennent le mobilier de valeur, ne laissant que les objets sans valeur.
Nous sommes fin 1941. En Pologne, les rafles de juifs ont commencé, avoir des papiers ou non importe peu aux nazis. Ils sont parqués dans des trains, déportés. La propagande commence à s'installer pour donner aux polonais le goût de la dénonciation.
Les juifs commencent à être parqués dans des sortes de ghetto. Ceux qui font du marché noir et qui sont pris sont pendus en public pour l'exemple. Mais il faut continuer à vivre alors, Vladek continuer à faire du marché noir, il s'organise.
A la suite d'une annonce visant à se séparer des personnes de plus de 70 ans, les juifs commencent à construire des bunkers pour cacher les gens. La gestapo, elle aussi est très bien organisée, comme toute l'administration hitlérienne constitue une police juive, lui faisant faire le « sale travail ». Ils sont emmenés à Auschwitz, et n'en ressortent pas. Très vite, ils apprennent ce qui se passe là-bas, dans les camps.
Vladek raconte les rendez-vous donnés dans les stades, pour le référencement, pour le tri. Les trains, les wagons, les départs vers les camps, de plus en plus souvent, de plus en plus nombreux. Toute sa famille déportée, morte là-bas. Vladek raconte le bon côté et le mauvais côté, le bon côté qui donne du sursis, et le mauvais qui conduit toujours à la mort.
A venir : Maus, une histoire de la Shoah (Deuxième partie)
Maus, la culpabilité du Survivant.(première partie)
Maus, la culpabilité du Survivant, (deuxième partie).