Miguel Haler, guitariste qui se produit chaque année durant le Pélerinage aux Saintes-Maries de la Mère, est issu de deux cultures, à la fois nomade par son grand-père et sédentaire par son père, il devient l'écrivain de la mémoire des Gens du voyage, à travers le récit témoignage d'un des leurs.
Peu de gens connaissent, ont entendu parler ou acceptent de reconnaître le génocide des Gens du voyage, le Samudaripen.
Un Gitan participant au pélerinage des Saintes Maries fait venir Miguel Haler dans sa caravane, il a un récit à lui livrer, celui de sa famille. Aucun des noms et prénoms ne sont ceux de la réalité, c'était la condition, parce qu'il y a des enjeux à ce récit, parce qu'il y a une famille allemande à qui il ne faudrait pas faire mauvaise presse.
Toschka, c'est le grand-père, celui qui épouse Milanda, et dont il a une petite Mariv. Malheureusement, cette dernière décède prématurément. Jamais il ne se remariera, il est le dresseur d'ours, il est le papa de Mariv. Lors d'un pélerinage aux Saintes Maries, elle rencontre Diego, le guitariste espagnol, qu'elle épouse, et qui promet de ne pas séparer Toschka et Mariv. De leur union naît une petite Sara. Seulement, Diego a du mal à s'acclimater à la dureté de la vie du nord, en Pologne, en Allemagne. Sa santé se dégrade, il finit par mourir et Mariv ne lui survit pas. Sara est donc élevée par le vieux Toschka.
Nous sommes en Allemagne, Hitler est arrivé au pouvoir. Lors d'une représentation à Dresde, où la tribu de Toschka a l'habitude de séjourner, aidant les paysants, tous vivant en bonne intelligence, des hommes en brun veulent chasser les gitans, leur prendre le fruit de leur travail. C'est alors qu'intervient un baron allemand, un baron reconnu et respecté. Sara rencontre alors le jeune Franz, petit fils du baron. La magie opère entre eux, mais l'intervention des nazis les séparent déjà.
Hitler prend de l'importance, des décrets s'ajoutent les uns aux autres contre les juifs, et moins connus et reconnus contre les gitans. Ces derniers sont contraints de fuir. Ils se décident pour la Pologne, mais quand celle-ci tombe sous l'Allemagne nazie, la tribu de Toschka s'installe en forêt, se terre, se cache en attendant la fin de cette guerre. Ils vont y vivre plusieurs hivers avant d'être dénoncés et dénichés par les soldats allemands. Le commandant se trouve être Franz, qui n'accepte son sort qu'à coup d'alcool, lui faisant oublier les horreurs auxquels on l'oblige. C'est alors qu'il voit Sara, qu'il la reconnaît, la petite gitane dansante de Dresde. Il décide alors de laisser à la tribu une nuit de sursis, nuit au cours de laquelle il tue les deux soldats en faction, fait se séparer les gitans en groupe pour mieux échapper aux allemands. Il fuiera avec Sara et le vieux Toschka, ils fuient vers Dresde.
Le livre raconte le sort des Gitans en Allemagne nazie, ils étaient voués automatiquement à la mort. Mais sur fond du Samudaripen, c'est l'histoire d'amour entre Franz, le soldat nazi et la bohémienne Sara, qui reste. Ils vivront quelques mois heureux, cachés, aidés par les paysans au sud de l'Allemagne. Seulement, quelques semaines avant la fin de la guerre, ils seront dénoncés. Franz, pendu pour désertion ; Sara ayant assisté à la scène à juste le temps de sauver leur garçon en le confiant à des paysans, et sera prise par les Allemands. Violée, torturée, elle finira gazée à Auschwitz..
Quand la guerre prendra fin, que les paysans voudront rendre l'enfant, (le tzigane qui demande à Miguel Haler d'écrire son histoire), la famille de Franz refuse de le reconnaître, même s'il est bien des leurs. Ils ne peuvent accepter que le fils bien aimé se soit marié avec une bohémienne. Cependant la famille le prend magré elle et le confie à une famille de paysans de leur domaine. Toschka (puisqu'il porte le nom de son grand-père) finira par rechercher les siens et plutôt que d'être un "batard" comme sa famille allemande le décrit, il va choisir sa famille nomade, sa famille de voyage, et qui l'accepte comme il est, lui le fils de Sara la bohémienne, et de Franz, le gadjo aux yeux clairs.
Il choisit sa vie à lui, la vie qu'il a envie, plutôt que l'argent, et la haine des siens.
Une belle histoire sur fond d'horreur humaine, mais aussi de fatalité.
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