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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 05:24

Le livre :

1945, la guerre est finie. Simone a rejoint un atelier  de couture, afin de faire les finitions sur les vêtements et de gagner sa vie. Elle travaille essentiellement avec des femmes. Simone a vu son mari être déporté, et élève ses deux fils seuls. Elle se bat pour que son mari soit reconnu comme déporté et mort dans les camps, afin de pouvoir toucher une aide de l'Etat. A l'atelier, les bavardages des uns et des autres révèlent les comportements des uns et des autres, pendant la guerre, après la guerre.




Ce que j'en ai pensé :


Il s'agit d'une pièce de théâtre, et je regrette d'avoir lu la présentation du livre (aux éditions flammarion) qui m'ont enlevé les découverte du livre, puisque dans cette partie, les scènes importantes sont révélées avec leur signification, et les citations. Je m'interroge sur l'intérêt de lire une pièce de théâtre dont les répliques les plus significatives sont dévoilées ?
Il aurait été plus judicieux, à mon sens, de mettre ce qui se trouve dans cette présentation, à la fin du livre.

Tout est plus ou moins implicite dans ce livre, suggéré. Aux lecteurs de comprendre, et de décoder ce que l'auteur a voulu nous dire.

Ce texte de Grumberg est en partie auto-biographie, il s'est inspiré de l'histoire de ses parents, de sa mère Simone. Le mari de celle-ci n'est pas français aussi a-t-elle beaucoup de mal à le faire reconnaître comme déporté. Il a été rafflé et emmené à Drancy dans la vague des juifs étrangers de France. Simone a su protéger ses enfants en les envoyant en zone libre. Nous ignorons comment elle-même a pu échapper à la déportation.

Simone se bat contre une administration qui lui prend ses photos, son énergie, son temps et qui, finalement, ne fait peu que d'effort pour lui venir en aide. Pourtant, la durée de ses recherches ainsi que ses démarches permettent à Simone de garder son mari vivant, tout au moins dans son coeur (Simone se doute qu'il n'a pas réchappé aux camps) car il est évident que le jour où elle obtient les fameux papiers lui donnant des droits, et malheureusement la certitude du décès de son mari, cela marque la fin pour elle, d'une époque. Survient alors le désespoir, et ce qui la faisait tenir s'effondre. Elle ne parvient plus à se rendre au travail, elle tombe malade.

Prouver que son mari avait bien fait parti de la raffle qui avait mené les juifs étrangers à Drancy, c'était son cheval de bataille, sa flamme intérieur.

Autour d'elle, rare sont ceux qui comprennent son obstination. En fait, il n'y a que Madame Hélène qui la comprenne. Léon sait mais veut tourner la page de cette guerre, veut oublier les peurs, la misère humaine. Les autres (les femmes de l'atelier) sont hors de cela, elles n'ont pas vécu la guerre dans leur chair, elles l'ont subi, et ont choisi de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Certaines trouvaient les allemands plus civilisés quand d'autres préfèrent le libertinages de américains.

Ce qui me semble intéressant c'est la manière dont l'auteur nous montre la volonté du plus grand nombre à ne pas vouloir savoir ou du moins à préférer ne pas entendre, ne pas savoir ce qui est arrivé, préférer oublier ce qui est arrivé. En utilisant l'implicite, les non-dits, le suggéré, qui s'en trouvent renforcés par la colère de Madame Hélène, Grumberg montre ce qui s'est passé au lendemain de la guerre, l'état d'esprit des gens, la volonté de passer à autre chose.



Citations :

- [
c'est Léon qui parle, le patron de Simone] C'est terrible, alors parce qu'il a été déporté il doit pas travailler, qu'est-ce que ça veut dire ? "Je peux pas le regarder" qu'est-ce que ça veut dire ? C'est un homme comme un autre oui ou non ? (Hélène ne répond pas) Qu'est-ce qu'il a, qu'est-ce qu'il a ? Il est fort comme un Turc, toute la journée il a un fer de cinq kilos dans les mains, quand il repasse pas ici il fait la petite presse chez Weill et je suis sûr qu'il une troisième place pour le soir et une quatrième pour la nuit ... La seule chose : je veux qu'il me dise quand il est chez Weill et quand il est ici, c'est tout ... c'est tout. Que j'aie rien que des ouvriers comme lui, voilà ce que je me souhaite, en fer, il est en fer, jamais un mot, jamais une réflexion, il sait ce que c'est que travailler va, t'en fais pas, ceux qui sont revenus d'là-bas ils savent ... C'est ça la sélection naturelle madame.


- [
Simone] Ils donnent toujours pas d'acte de décès, une dame m'a raconté qu'on lui a répondu que l'acte de disparition suffisait. Ca dépend pour quoi ... Pour toujours une pension ça suffit pas ... Ils nous font toujours remplir de nouveaux papiers, on sait même pas à quoi on a droit ... Personne ne sait  rien ... Ils nous jettent d'un bureau à l'autre. (Un temps) A force de faire la queue partout on finit par se connaître, on se parle, on se raconte ... Ah, les bobards ça y va, ça y va ... Y en a qui savent toujours tout ... Le pire c'est les mères ... Vous aussi vous êtes passé par l'Hôtel Lutétia ? ( Le presseur approuve de la tête) On m'avait dit d'y aller tout au début pour avoir des renseignements, quelqu'un qui l'aurait vu, qui ... enfin vous savez : les photos, les ... bon ... J'y étais qu'une fois, j'osais pas m'approcher. Il y a une bonne femme qui m'a agrippée par le bras et qui m'a fourré de force sous les yeux une photo genre distribution des prix, je vois encore le gosse, il avait l'âge de mon grand en culottes courtes, avec une cravate, un livre sous le bras, "le prix d'excellence", elle hurlait "le prix d'excellence". Elle voulait pas me lâcher, pourquoi vous pleurez elle répétait, pourquoi vous pleurez, regardez, regardez ils reviennent, ils reviendront tous ; Dieu le veut, Dieu le veut. Alors une autre femme lui a crié dessus et s'est mise à la pousser ... On a beau dire que pour les enfants c'est sans espoir, elles sont là, elles viennent, elles parlent ... Je l'ai revu plusieurs fois dans les bureaux, de plus en plus folle ... J'en ai repéré une autre, jamais elle veut faire la queue, madame veut toujours être servie la première, je lui ai dit une fois : "Vous savez, madame, on est toutes comme vous ici, pas la peine de resquiller, du malheur y en a toujours assez pour tout le monde  ..." A la préfecture, j'ai rencontré une madame Levit avec un T, celle-là très gentilles, une femme bien, elle a vraiment pas eu de chance, son mari a été pris aussi en quarante-trois, mais lui, il était même pas juif, vous vous rendez compte, il s'appelait Levit, c'est tout ... Depuis elle arrête pas de courir : au début pendant la guerre c'était pour prouver qu'il était ...
Elle cherche le mot exact.
Le presseur (lui souffle)
: Innocent ?
Simone approuve.
Simone
: Et maintenant comme nous, elle court juste pour savoir ce qu'il est devenu et pour essayer de toucher un petit quelque chose : c'est une femme seule avec trois enfants, elle a pas de métier, elle sait rien faire ...


-
Hélène : Pauvre idiot (elle s'adresse à Léon), "Drancy ou ailleurs", mais ça n'existe pas sur leurs papiers, avec tous les tampons et toutes les signatures officielles, regarde -tribunal de la Seine ... Greffier ... Juge ... enregistré le ... certifié le ... Alors personne n'est parti là-bas, personne n'est jamais monté dans leurs wagons, personne n'a été brûlé ; s'ils sont tout simplement morts à Drancy, ou à Compiègne, ou à Pithiviers, qui se souviendra d'eux ? Qui se souviendra d'eux ?
Léon (à voix basse) : On se souviendra, on se souviendra, pas besoin de papier, et surtout pas besoin de crier.
Hélène : Pourquoi ils mentent, pourquoi ? Pourquoi ne pas mettre simplement la vérité ? Pourquoi ne pas mettre : Jeté vif dans les flammes ? Pourquoi ? ...



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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 05:38
Je sais bien que ce n'est plus la saison des dahlias, mais je me suis dis qu'en cette période hivernale, je pourrais vous inviter au Jardin des Dahlias. Les photos ont été prises le 12 octobre 2008. Il faisait un temps magnifique.



Installez-vous et profitez !







Le spectacle ne fait que commencer !

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26 décembre 2008 5 26 /12 /décembre /2008 05:44


Le livre :

Le narrateur a connu les foyers pour enfant abandonné, les familles d'accueil. Il a connu l'évaluation du quotien intellectuel, et ce que cela a changé pour lui, surtout pour les autres de découvrir qu'il était intelligent. Cela lui a ouvert des portes, des perspectives, cela lui a donné l'impression qu'il pouvait être aimé pour cela, pour son intelligence. Jusqu'au jour où il a compris qu'être aimé pour son intelligence, ce n'était pas être aimé pour soi-même. A partir de là, il abandonne tout, et part dans une quête intérieur du soi, et de l'amour véritable.

Ce que j'en ai pensé :

Ce que j'ai aimé avant tout dans ce livre, c'est le style, la manière dont l'auteur nous entraine dans cette histoire. J'ai beaucoup pensé à Autobiographie d'une courgette en le lisant. J'ai aimé la fraicheur de l'écriture, la naïveté enfantine de parler des choses. Une manière pure de dire, sans calculer, d'expliquer les choses avec une âme d'enfant. Parfois, le narrateur est dans l'indulgence, comme s'il fallait toujours excuser les autres de ce qu'ils pensent, font, disent, comme s'ils n'avaient pas toujours les clés des choses, et que celui qui les a, doit se montrer plus clément.

Le narrateur avait un ami au foyer qui s'appelle Tom. Tous les deux  subissaient les assauts de M. Franck, l'éducateur, des assauts honteux, sexuels et condamnables. A la fin du roman, nous découvrons que Tom n'était que le compagnon imaginaire du narrateur, celui qui lui permettait de supporter ces choses-là, un compagnon de fortune pour pouvoir survivre.

Le narrateur découvre le monde, les gens, leur façon de penser, leur façon d'être aussi. C'est un roman d'apprentissage de l'humain. Il classe les gens par catégorie sans pour autant mettre des étiquettes sur ces derniers. Il constate, fait le bilan, il essaye surtout de comprendre comment ça fonctionne, les gens.

La révélation de son Q.I. lui ouvre des perspectives d'avenir. Le narrateur constate combien, d'un seul coup, les autres s'intéressent à lui, combien ils l'aiment, car c'est ça qui compte pour lui, qu'on l'aime. Aussi, naïvement, quand il réussit les examens, il découvre qu'on l'aime, que la réussite donne de l'amour. Mais au fur et à mesure de ses réussites, le narrateur découvre aussi que cette manière d'aimer n'est que superficielle et relative. Il prend conscience que cet amour là n'est pas celui qu'il cherche.

C'est alors que tout son monde s'effondre, puisque durant des années, il a fondé sa necessité de réussir sur son désir d'être aimé. Il garde en mémoire une jeune femme Julia, qui est venu à lui sans savoir qui il était, qui lui a parlé, c'est intéressé à lui, sans connaître ses réussites.

Pourtant, il choisit de tout plaquer alors qu'il se trouve en médecine, qu'il comprend qu'il ne fait pas ça pour lui, parce que c'est son propre désir, mais qu'il fait cela pour les autres, parce que ce sont les autres qui ont envie qu'il soit un grand médecin, chirurgien, chercheur. Le déclic se produit en lui lorsqu'il assiste à une opération. Il prend conscience qu'il n'a pas les mêmes valeurs que les gens qui l'entourent, je parle de valeurs humaines. Il prend conscience qu'il ne peut plus continuer à jouer à être pour le seul plaisir des autres.

Il part s'installer dans un petit hôtel, passe ses journées dans un bar, où la patronne s'occupe de lui affectueusement. Il se fait des amis, voit le monde autrement que celui qu'il a connu. Il ouvre alors les yeux sur la vie et comprend que l'amour n'est pas dans la réussite, que c'est une chose qui n'a rien à voir avec le prestige, les apparences, qui a tout à voir avec quelque chose qui ne s'explique pas.

Le narrateur se cherche dans cette ambiance bigarrée où il ne juge personne.

Un jour, quelqu'un ramène une affiche avec le visage du narrateur dessus. Julia le cherche. La vie va de nouveau basculer pour lui, parce qu'il se rend compte qu'une fois dans sa vie, il a manqué à quelqu'un, et que c'est peut-être ça l'amour. Il ose l'appeler, il ose l'embrasser. Il ose vivre ce qu'il ressent pour elle, avec elle.

C'est alors que le narrateur peut enfin commencer à avancer sur son propre chemin, en faisant un pelerinage vers la méditerranée, pour en finir avec Tom, et M. Franck.

La vie est faite de rencontres, c'est ça qui nous permet d'avancer. Les bonnes comme les mauvaises. Mais cela demande d'avoir un esprit suffisamment ouvert pour accepter de rencontrer un autre réellement. Mais cela demande aussi d'avoir suffisamment d'humilité pour se remettre en cause, et accepter que, parfois, on peut se tromper, que, parfois, l'on peut être dans le vrai.

Un joli premier roman, simple et efficace, rempli d'humour acide.

Citations :

- Après avoir longuement étudié la situation, j'avais fini par comprendre que je m'étais trompé sur toute la ligne parce que j'avais confondu les sentiments. J'avais pris pour de l'amour ce qui n'en était pas.
Prenons les parents d'élèves, le jour de la cérémonie au Pensionnat. Ce n'était pas de l'amour qu'ils ressentaient, mais une sorte de pitié diluée dans du réconfort. On pourrait peut-être appeler ça la Pitié réconfortante. C'est ce qu'on ressent quand on est face  quelqu'un d'inférieur, parce qu'il un handicap quelconque, et qu'il réussit à obtenir quelque chose qu'on voulait. Prenez par exemple le type que Madame le Professeur a amputé de la moitié de son corps, imaginez qu'il participe un jour à une tombola et qu'il gagne le premier prix, les autres participants se diront : Tant mieux que ce soit lui après tout, pauv'gars, au moins moi j'ai mes deux jambes. Ils auront pitié de lui et, en même temps, ils seront réconfortés d'avoir les deux moitiés de leur corps. C'est ça la Pitié réconfortante.

- Il y avait d'abord ceux qui voulaient être vus en ma compagnie ou dire qu'ils me connaissaient parce que j'étais devenu une célébrité. C'est l'erreur que font beaucoup de célébrités en pensant que certaines personnes les aiment alors qu'elles désirent juste être vues en leur compagnie ou prétendre qu'elles les connaissent. Parce que ces personnes pensent que si les gens les voient avec quelqu'un d'important, ils penseront qu'elles sont forcément "importantes" elles aussi ; on pourrait peut-être appeler ce sentiment le Désir d'importance.

- Le jour où je lui ai dit que j'avais arrêté mes études parce que j'avais découvert qu'il existe des gens qui vous détestent quand vous réussissez, elle m'a expliqué que quoi qu'on fasse, il y a toujours des gens pour vous détester. Elle m'a dit que c'était impossible d'être aimé par tout le monde.

- "j'suis sûre que tu ferais un bon médecin", elle m'avait dit.
De ça, je ne doutais pas, techniquement je veux dire. A cause de cette histoire de saut d'intelligence, j'aurais sûrement fait un bon n'importe quoi, pourvu que ce n'importe quoi demande des études. Mais pour le moment, j'avais juste décidé d'être un bon à rien.


- Les Travailleurs Pauvres font ce qu'on appelle des Métiers Ingrats, c'est-à-dire des métiers que personne ne veut faire, comme par exemple se lever à l'aube pour aller changer des rouleaux de papier toilettes, ou encore décoller les chewing-gums sous les tables.
Dans les hôpitaux, ce sont les Travailleurs Pauvres qui essuient le sang projeté par une artère sectionnée. Le jour du réveillon du nouvel an, une centaine de personnes viennent vomir aux urgences ; là encore, ce sont les Travailleurs Pauvres qui s'occupent du vomi. Si une femme ne va pas à la selle avant d'accouchr, elle chiera sur la table d'accouchement pendant qu'elle éjectera son nouveau-né ; la première odeur que sentent les bébés en venant au monde est souvent celle de la merde, laquelle sera nettoyée par un Travailleur Pauvre.

- Quand quelqu'un Tombe Amoureux de vous et qu'il vous fait ce cadeau, vous pouvez lui faire le même cadeau en échange, mais c'est pas obligé.

 
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24 décembre 2008 3 24 /12 /décembre /2008 05:31
Et oui, nous sommes déjà le 24 décembre, et beaucoup d'entre nous vont, ce soir et demain, fêter la nativité. Certains en famille, d'autres entre amis (comme moi) et d'autres seront seuls.

Koulou m'a dessinée une petite chatte espiègle pour me remercier de l'article que j'ai fait sur son Titus. J'ai attendu ce jour pour vous la faire partager, une sorte de cadeau de l'amitié et de l'amour, pour toutes les personnes qui passent par ici, par hasard, par envie, par plaisir.

Pour que personne ne soit vraiment seule ce soir et demain.




Merci à Koulou pour cette petite chatte.
Merci à vous de votre fidélité.

Joyeux Noël !



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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 06:53
Dit la Palissade !!!




Voir plus de photos sur une idée de Jean Yves !



Parc Floral d'Orléans La Source.
10 octobre 2008.
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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 05:50

Le livre :

Hitler est au pouvoir et les enfants Scholl entrent dans la jeunesse Hitlérienne, malgré les mises en garde de leur père concernant les idées du parti nazi. Hans Scholl va  en découvrir le réel univers, et se rendre compte que les belles idées ne sont que des feux de paille pour entrainer les gens dans une spirale avilissante. Alors que Sophie rejoint son frère à l'université de Munich, elle découvre que celui-ci, trois autres étudiants et un professeur militent contre le parti. Elle se joint à eux. Ils créent alors le mouvement de La Rose Blanche, qui distribue des milliers de tracts sur Munich, mais pas que sur Munich. Ils sont parfaitement conscience qu'ils ne peuvent avoir confiance en personne, que la moindre parole peut les envoyer en prison ou à la mort. Pourtant ils continuent, incitant les allemands à une résistance passive, mais bien réelle contre le régime. Sans doute dénoncés, ils seront arrêtés et tués pour l'exemple, tués pour acte de trahison envers le parti.


Ce que j'en ai pensé :

Inge Scholl est la soeur de Hans et Sophie. On sent au fil des pages l'admiration qu'elle porte à ses aînés et leur action de résistance, le parti qu'ils prirent, le choix de s'opposer à cette monstrueuse machine à tuer que fut le nazisme.
Aussi, je ne pus m'empêcher de m'interroger sur le côté "magique" du récit, très / trop édulcoré à mon goût mais qui n'enlève rien à ce qu'ont fait Hans et Sophie, ainsi que leurs compagnons d'armes. Il est évident que Inge Scholl ne pouvait faire fi de l'image qu'elle s'est forgée au fil des ans sur eux. Et nous savons combien dans tous témoignages, les choses peuvent être enjolivées etc. Cependant, personne ne peut nier les faits, les actes. Les preuves sont là. Je suis tombée sur un bouquin en librairie reprenant toute la correspondance de Hans et Sophie Scholl. En y repensant, je trouve cela surprenant, qu'en ces temps de guerre, de surveillance, de dénonciations, ses deux jeunes furent assez imprudents pour laisser des traces écrites de leurs pensées. Qu'importe à vrai dire. Sans doute que le recul que nous avons sur la situation nous permet de pointer des erreurs, mais il est vrai que dans ce genre de marasme nous ne pouvons penser à tout.


L'important n'est pas là, n'est pas dans le témoignage de Inge Scholl sur sa fraterie résistante. Non, l'important c'est de savoir que tous les allemands n'étaient pas des moutons, que certains avaient conscience de ce qui arrivaient et cherchaient des moyens de contrer l'autorité en place, malgré les risques, malgré la mort certaine au bout du chemin.

L'important est aussi dans le fait qu'Inge Scholl réussisse à nous montrer que l'éducation, l'instruction, le dialogue sont des choses qui permettent aux enfants d'acquérir un esprit critique. Cela ne les empêche pas de faire des erreurs, de se tromper, mais cela permet de prendre conscience de cela et de pouvoir savoir que l'on peut changer le cours des choses, non pas en revenant en arrière, puisque c'est chose impossible, mais bien en changeant de direction en ne s'obstinant pas dans ses erreurs.

Aucun des six n'est oublié dans ce livre. Kurt Huber, Professeur de Philosophie de Sophie Scholl, Christophe Probst, Hans Scholl, Sophie Scholl, Willi Graf, Alexander Schmorell. Ils diront eux-mêmes "La fin sera atroce mais, si terrible qu'elle doive être, elle est moins redoutable qu'une atrocité sans fin.".

Hans s'était beaucoup investi dans son groupe de jeunesse hitlérienne, en composant des hymnes, en croyant fort aux paroles de Hitler. Mais malgré la mise en garde de son père, Hans persistait à y croire, jusqu'au jour où [ Quelques temps plus tard, se produisit un changement extraordinaire dans l'attitude de Hans. Il n'était plus le même. Son trouble ne venait pas des avertissements de notre père, auxquels Hans restait sourd. La raison était tout autre. Ses chefs lui avaient notifié l'interdiction de chanter. Comme il en riait, on l'avait menacé de sanctions. Mais pourquoi perdait-il le droit d'entonner ces hymnes, qui étaient si beaux ? Seulement parce qu'ils étaient inventés par d'autres peuples ? Il ne comprenait pas. Tourmenté, il perdit peu à peu son insouciance.]
Hans se met alors à s'interroger sur ses obligations envers la jeunesse hitlérienne mais "la clef de voûte de la fidélité ... n'est-ce-pas d'abord rester fidèle à soi-même ?".

Peu à peu les enfants Scholl prennent réellement conscience de ce qui se passe avec le nazisme. La peur s'empare d'eux, ils interrogent leur père sur le pourquoi des choses. Comment en sont-ils arrivés à avoir un tel gouvernement à la tête de l'Allemagne. [ En un temps d'extrême misère, nous expliqua notre père, tout ce qui est mauvais prend le dessus. Pensez à l'époque que nous avons traversée ; d'abord la guerre, puis les difficultés de l'après-guerre, l'inflation et la pauvreté. Enfin, le chômage. Et quand l'existence d'un homme devient impossible, qu'il ne voit en son avenir qu'un mur gris, infranchissable, il prête attention aux promesses, on le dupe, peu lui importe qui lui tient ces discours insensés.]

Nous savons que les juifs n'ont pas été les premiers à être exterminés par le nazisme. Les premières victimes furent les malades mentaux. [Le soupçon est général : ces morts nombreuses, subites, ne sont pas naturelles. On a commis ces crimes selon un plan bien établi. Par là, on ne fait que suivre cette doctrine selon laquelle il faut anéantir toute vie inutile, c'est-à-dire tuer des hommes non coupables du moment qu'ils ne servent ni l'Etat ni le peuple. Voilà un principe atroce, qui justifie le meurtre d'innocents, autorise l'assassinat de tous ceux qui ne peuvent pas travailler, des invalides, des infirmes, des malades incurables, des vieillards trop faibles.]

A voir, Amen, de Costa Gavras.


Hans prendra conscience, au fur et à mesure de ses expériences avec la jeunesse hitlérienne ,de ce qui se passe vraiment dans son pays. Aussi, quand il revient faire ses études à Munich, il décide d'agir. C'est ainsi qu'il rencontre Willi, Christoph et Alexander. C'est lorsque Sophie les rejoindra qu'ils pourront mieux connaitre le professeur Huber, puisqu'elle est son élève. Cette dernière n'hésitera pas à se joindre au groupe de la Rose Blanche. Ils réussissent à dénicher une machine pour reproduire leurs tracts. Ils passaient leurs nuits à cela.

Le père Scholl fut emmené pour être interroger pour avoir dit une phrase contre le régime en présence de la bonne. Le frère aîné a connu la bataille de Stalingrad.

Lorsque les enfants Scholl et leurs camarades furent arrêtés, la famille Scholl se montra courageuse. Sophie comme Hans vécurent les interrogatoires sans rien lacher. Ils avaient le courage de leur jeunesse sans doute, la fougue aussi. Et probablement l'inconscience. De toute manière, arrêter pour résister au Parti, qu'ils lâchent des noms ou pas, leur sort serait le même, ils mourraient pour trahison, pour l'exemple, pour montrer au peuple qu'on ne doit pas combattre le parti nazi.

Il fallait que les allemands se rappellent que " chaque peuple mérite le gouvernement qu'il supporte"

Je terminerais par deux textes, le premier de Gottfried Keller et le second de Aristote dans Politique. Pour Aristote, il est intéressant de voir combien son texte pourrait trouver un sens dans notre pays aujourd'hui. Je l'ai ressenti ainsi en le lisant.

Gottfried Keller.

"De sa caverne sombre
le larron part rôder ;
il veut voler de l'or
et trouve mieux encore :
une vaine querelle,
des théories de fou,
des drapeaux déchirés,
un peuple à la dérive.

Partout sur son chemin
c'et famine et disette,
il peut marcher sans honte,
il se sacre prophète ;
le voici qui s'avance
dans l'ordure et la fange
et salue à voix basse
un monde abassourdi.

Vautré dans la bassesse
comme dans un nuage,
mentant devant le peuple
il conquiert le pouvoir.
Des complices nombreux
placés à tous les postes,
guettent les occasions
et s'offrent à son choix.

Ils sèment sa parole
tels les anciens apôtres
les grains miraculeux ;
leurs discours se répandent.
L'exemple du mensonge
par tous est bien suivi.
En tempête s'élève
la puissance du mal.

La mauvaise herbe couvre
les terres désolées.
Le peuple est dans la honte
le criminel triomphe.
On reconnaît trop tard
la vérité perdue :
les bons ont disparu
les méchants sont légion.

Quand enfn les criminels
seront chassés du pays,
on en reparler longtemps
ainsi que de la mort noire.
Sur la lande, nos enfants
brûleront un mannequin :
Joie sélève des souffrances,
le jour a vaincu la nuit.



Aristote.

"Une tyrannie s'arrange pour que rien ne demeure caché, de ce que les sujets disent ou font ; elle place des espions partout ... elle dresse les hommes du monde entier les uns contre les autres, et rend ennemis les amis. Il entre dans les habitudes d'une telle administration tyrannique d'appauvrir les sujets pour payer la solde des gardes du corps afin que, préoccupés seulement de toucher leur paye, ils n'aient ni le temps, ni le loisir de fomenter des conjurations ... d'établir des impôts très élevés comme ceux réclamés à Syracuse sous Dionysios, où les citoyens avaient perdu en cinq ans toute leur fortune, à payer des redevances ... Enfin, le tyran désire faire de la guerre un état permanent ..."


Alors, quand j'entends le Président de TOUS les français, comme il aime à s'appeler, ridiculiser les constestataires, ridiculiser l'intelligence de ceux qui savent que le gouvernement appauvrit l'éducation, l'instruction, prend aux moins pauvres pour donner aux plus pauvres, et laisser à ses amis toute leur fortune, souvent bien mal acquise, quand je l'entends se moquer de ce peuple qu'il est censé représenter, quand j'entends ses ministres lui vouer des vertues qu'ils ne possèdent pas ... je pense à ces deux textes ... j'y pense fort ...

Et sans doute que j'y pense encore plus fort lorsque je constate amèrement qu'aujourd'hui, en France, il n'y a pas de parti pour contester ce gouvernement, que le PS s'enlise dans une guerre des chefs ridicule plutôt que de se consentrer sur les moyens de combattre ce gouvernement ... j'y pense ... et j'ai honte pour eux ...j'y pense et je suis déçue de ne voir aujourd'hui, en France, personne pour se battre pour mes idées, personne derrière qui me placer qui représenterait mes idées, personne pour qui voter non plus ... et être obligée depuis ... deux présidentiels de voter contre un candidat et non pour un candidat ...

Je suis en colère ...








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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 04:53






Place du Martroi.
Orléans.
Préparatifs du marché de Noël.
29 novembre 2008.


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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 05:54


Le film :

Christine Collins est la maman célibataire du petit Walter. Nous sommes en 1928, elle travaille à Los Angeles dans une compagnie de téléphone.  Christine laisse son garçon pour aller faire des heures supplémentaires. Mais lorsqu'elle revient, le jeune garçon a disparu. Christine le cherche dans le quartier, interroge les voisins, mais personne ne sait où il se trouve. C'est alors qu'elle appelle la police, qui prétend que c'est sans doute une fugue. Le lendemain, les inspecteurs viennent enfin prendre sa déposition. Un pasteur, célèbre pour ses émissions radiophoniques, suit l'affaire de prêt. Le temps passe, mais le petit Walter reste introuvable.

5 mois plus tard, Christine apprend que la police a enfin retrouvé son fils. Seulement, quand elle arrive à la gare, ce n'est pas son garçon qu'elle a en face d'elle, et malgré les preuves qu'elle fournit, la police fait tout pour la faire taire.

Ce que j'en ai pensé :



Je me rendais donc au cinéma des Carmes afin de voir le dernier Clint Eastwood, en toute confiance et en V.O. Et j'avais bien raison ! Je ne dirais rien contre les deux mamies qui n'ont pas arrêté de commenter le film ... d'un bout à l'autre et malgré les "chut" répéter des spectateurs. Non je ne dirais rien. Sauf que franchement, c'est extrêmement pénible ... et encore plus quand le film est remarquablement bien mené.

Je trouve que chacun des films de Clint Eastwood est meilleur que le précédent (cf. Sur la route de Madisson,  Millions Dollars Baby, Mystic River). Je trouve ce film remarquable dans sa photogénie. J'ai véritablement apprécié cette manière de filmer à la façon d'un photographe, en prenant le temps de certaines scènes, en jouant avec les flous. Un vrai plaisir pour les yeux.

On retrouve dans ce film, au delà de l'histoire même, la corruption du système policier à Los Angeles dans les années 20 et 30, chose que dénonçait aussi James Elroy dans Le Dahlia Noir.

Christine aime son fils, elle ne le rend pas responsable du fait que son père les ait abandonnés à sa naissance. Un jour, elle explique à Walter que lorsqu'un enfant naît, avec la naissance, il y a une autre chose dans la paquet, il y a la chose "responsabilité" et certaines personnes ne sont pas capable d'accepter cette chose et, choisissent de partir. C'est ainsi, et l'on n'y peut rien. Christine incarne la mère aimant et dévouée. Courageuse, avec de véritables valeurs, elle est aussi résolument tournée vers l'avenir.
Quand Walter disparaît, elle est désespérée, elle le cherche, mais retourne au travail. Et chacune de ses pauses est consacrée à la recherche de son enfant.
Quand la police, cinq mois plus tard lui donne cet enfant qui n'est pas le sien, Christine est déchirée dans son coeur de mère. Elle ne veut pas de cet enfant qu'elle sait ne pas être le sien. Pourtant, elle le prend chez elle, s'occupe de lui, mais elle le rejette, car il ment, il lui ment, il ment à tout le monde, empêchant ainsi la poursuite concrête des recherches de Walter.
Christine réunit des preuves contre cet enfant, qui n'est pas Walter. Elle est soutenue par le pasteur, qui non seulement souhaite qu'elle retrouve son enfant, mais s'obstine lui, à dénoncer la corruption grandissante de la police de Los Angeles. Il sera d'un soutien sans faille pour la jeune femme.
Jamais elle ne baissera les bras. Toujours elle gardera l'espoir de retrouver son fils un jour.

Parallèlement à l'histoire de Walter et Christine, un jeune garçon avoue avoir tué des enfants kidnappés, sur ordre d'un homme, son cousin canadien.
Alors que le chef de la Police s'obstine à vouloir faire accepter à la jeune femme de prendre l'autre garçon comme étant le sien (il la fera enfermer dans un hôpital psychiatrique afin de la contraindre à signer un papier sur lequel elle reconnaît que l'autre garçon est bien le sien ... chose qu'elle refuse évidemment), un inspecteur découvre que le jeune Walter fait probablement parti des victimes du tueur en série. Mais là encore, le chef de la Police ne peut admettre de revenir en arrière et tente son possible pour que les deux affaires ne se rejoignent pas.
C'est sans compter l'obstination du pasteur, qui parvient à faire libérer Christine de l'hôpital psychiatrique, juste avant une scéance d'électrochocs.

Le chef de la police ne fait pas le poids face à cette femme, cette mère courage, il ne fait pas le poids parce qu'elle est soutenue par le pasteur, mais aussi par la population.

Parallèlement, nous découvrons la ferme de l'horreur, où les jeunes garçons kidnappés étaient parqués dans le poulailler, avant d'être tué comme des poulets. Le jeune homme complice malgré lui, dénonce les crimes de son cousin parti se réfugier au Canada.
Ce dernier, ayant trouvé refuge chez sa soeur, finit par être arrêté, quand le mari de celle-ci appelle la police. Le jeune garçon a identifié les victimes des actes odieux. Walter fait parti des victimes.

Un nouveau parallèle dans cette histoire. Les deux procès se déroulent de manière simultanée. Le chef de la police est destitué, ainsi que son supérieur. Le tueur en série est condamné à mort par pendaison, après un délais de deux années.

Tout pourrait finir ainsi, mais peu de temps avant l'exécution du meurtrier, Christine reçoit une lettre de ce dernier, qui prétend avoir des révélations à lui faire sur son garçon. La jeune femme se rend sans attendre à la prison. Le temps presse, l'exécution doit avoir lieu deux jours plus tard. Une fois face à Christine, le meurtrier refuse de lui parler, sous prétexte que son âme est pure, qu'il s'est confessé, qu'il ne peut plus rien faire, car il doit aller au Paradis. Il avoue cependant que jamais il n'aurait pensé qu'elle viendrait le voir. Alors se déroule une scène d'une incroyable intensité, Christine se jette sur le jeune homme et répète en hurlant 'tell me if you killed my son'. Elle lui hurle tant après que le condamné demande aux gardiens d'intervenir et de le ramener dans sa cellule.
Christine Collins assiste à la pendaison avec d'autres parents orphelins.

Le temps passe, la vie a repris  son cours. Christine pense toujours à son fils et ne croit pas qu'il soit mort. Elle envisage aussi de refaire sa vie avec un de ses collègues. Alors qu'elle croit que ce dernier l'appelle, il s'agit en fait de la mère d'un des enfants victimes. Le fils de celle-ci a été retrouvé et identifié. Il raconte ce qu'il a vécu, évoque le courage du jeune Walter, ce garçon grâce à qui il est encore en vie aujourd'hui.

Le film s'achève sans que Christine est retrouvée son enfant, et pourtant, elle continue de le chercher, elle continue de croire qu'il a réussi à échapper aux griffes du meurtrier en série.

Une très belle interprétation de Angelina Jolie. Un très beau film basé sur une histoire vraie.




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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 00:22


Dimanche 30 novembre 2008.
Orléans.
8h.
L'Avent.

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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 05:10



Le film :

Leonard vit chez ses parents, une famille juive de la banlieue new-yorkaise, propriétaire d'un pressing. Il y a quatre mois, ses fianciailles ont pris fin, suite à un examen médical révélant que les deux futurs époux étaient tous deux porteurs d'un gène dangereux, qui rendrait toute procréation impossible. Le père de la jeune femme interdit le mariage, celle-ci s'enfuit, et Léonard sombre au point d'être interné, on apprend sa bi-polarité.
Léonard livre les vêtements chez les clients de son père. Un soir, sur le chemin, il saute dans la rivière, toujours en proix à son mal-être. Pourtant, il remonte à la surface, rentre chez ses parents. Il apprend alors la venue d'une autre famille juive devant fusionner avec leur commerce. Sandra lui est alors présentée. Elle est folle de lui, et avoue être à l'origine de la rencontre de leur famille respective. Leonard n'est pas subjugué par Sandra. Parallèlement, il rencontre Michelle qui habite dans le même immeuble et qui vit une aventure tumultueuse avec un homme marié. Leonard en tombe amoureux, mais la jeune femme n'étant pas libre, il continue à fréquenter Sandra. Pourtant, un mot de Michelle suffit pour qu'il se précipite à ses pieds.

Ce que j'en pense :

Joaquim Phoenix, qui avait déjà brillamment interprêté Johnny Cash dans Walk the line, réitère une nouvelle fois une très belle interprétation.

Nous avons à faire à une relation triangulaire amoureuse classique ... Sandra aime Leonard qui aime Michelle qui aime quelqu'un d'autre ... Je dis triangulaire car il s'agit de Sandra, Leonard et Michelle, les autres personnages ne sont que secondaires, des faire-valoir, des gens qui sont là parce qu'ils y sont ...

Léonard traine sa bi-polarité, son ennui ainsi que cet amour perdu. Alors qu'il allait se marier, tout s'est effondré, sa vie, lui-même. Depuis il semble traverser la vie, sans savoir où aller. Il ne lui reste que sa passion pour la photographie, en noir et blanc, et sans personnage dessus.
L'arrivée de Sandra dans sa vie ne réveille en lui aucune émotion. Appartenant à une famille juive traditionnelle, Leonard sait que ses parents et ceux de la jeune femme fusionnent leur entreprise et leur famille par la même occasion. Sandra avoue à Léonard que si cela arrive, c'est à cause d'elle, parce qu'elle l'a vu, et a voulu le rencontrer, parce qu'elle est tombée amoureuse de lui, qu'elle est prête à tout pour lui, prendre soin de lui. Sandra veut que Léonard l'aime. Celui-ci ne se sert pas d'elle, il se sert tout court. Il prend ce qu'elle lui donne sans rien promettre, sans rien donner de plus que ce qu'il peut. Car il aura fallu qu'un jour, en rentrant, il rencontre la jolie Michelle, pour tomber amoureux d'elle. Sa relation à Sandra n'existe qu'entre deux rendez-vous avec Michelle. Le jour où il apprend que cette dernière a un copain, il rentre dépité chez lui. C'est alors que Sandra sonne à sa porte. Ils se tournent autour, et finissent par coucher ensemble. Leonard ne fait qu'assouvir avec elle, ce qu'il voudrait faire avec Michelle. Même s'il apprécie la jeune fille, il ne l'aime pas. Elle représente pour lui, l'ordre établi, alors que Michelle représente la passion amoureuse. Sandra passe toujours après Michelle, quoiqu'il arrive. Il suffit que cette dernière l'appelle, et il laisse tout en plan pour elle. Il vit un rêve, il vit dans l'espoir.
Quand Michelle perd son enfant, il est là pour elle. Quand elle décide de quitter son amant, il est là encore pour elle. Quand elle décide de partir pour San Franscisco, il est encore là pour elle, il décide de partir avec elle, de se marier avec elle, de prendre soin d'elle. Dans l'émotion du moment, elle, perturbée par sa rupture, attendrie et sous l'influence des mots d'amour et de tendresses de Leonard, de ses promesses, se laisse emporter et fait l'amour avec Léonard, furtivement sur le toit de leur immeuble. Une seule fois.
Leonard est sûr de lui, sûr de ses sentiments. Il prépare le départ, tout, il pense à tout, sauf au fait que l'amant de Michelle quitte sa femme pour cette dernière, que le voyage tombe à l'eau. Le rêve s'effondre. Leonard se perd dans la ville, se rend au bord de l'océan, il jette la bague de fiancailles, s'approche de la mer. De sa poche tombe un des gants offerts par Sandra, et de l'idée de mourir, il voit le gant, prend conscience que quelqu'un l'aime, veut prendre soin de lui. Leonard retourne chez ses parents où se déroule le nouvel an juif. Il propose à Sandra de l'épouser.
Leonard ne choisit pas entre Michelle et Sandra. Il a choisi Michelle qui a choisi l'homme qu'elle aime. Leonard ne fait que choisir d'aller faire la femme qui l'aime parce que cela vaut mieux que la mort, il va vers Sandra parce qu'il se rappelle les gestes que celle-ci a eu pour lui, parce qu'il se dit sans doute qu'il faut laisser une chance à leur histoire. Mais contrairement à ce que dit le synopsis, Leonard ne choisit pas entre Michelle et Sandra, car au final, il n'y avait, dès le départ, aucun choix à faire pour lui. Les jeux étaient faits à l'avance, épouser ou non Sandra.

Joaquim Phoénix incarne un Leonard perdu et plein de charisme, d'une grande tendresse.


Je trouve cela étrange d'entendre les voix françaises, je trouve que cela enlève de l'âme au film, car les intonations ne sont pas les mêmes, la présence des voix non plus. Pourrait-on imaginer la voix de Jeanne Moreaux autre que la sienne ?

Michelle est une très belle jeune femme, entretenue par son avocat d'amant. Elle est insouciante. Son seul drame, que ce dernier soit marié. Elle se perd dans cette histoire ne sachant plus si elle doit croire qu'il va quitter son épouse pour elle. Nous savons tous que rare sont les hommes qui quittent leur femme pour leur maitresse. Michelle est perdue dans son amour. Elle n'arrive plus à y croire, encore plus lorsqu'elle fait une fausse couche et que son amant ne peut la rejoindre parce qu'il est avec sa femme. C'est une accumulation de faits, d'indisponibilités qui met les sentiments de Michelle en péril.
Celle-ci n'est pas amoureuse de Leonard, elle l'aime comme un frère, un confident, un meilleur ami. Elle ne l'a jamais envisagé comme un amoureux potentiel. Je pense que Leonard le sait, mais il a besoin de tenter sa chance. Il a besoin d'aller au bout de son envie, peut-être pour se sentir exister, se sentir vivant, repartir après l'échec de sa relation passée.
Quand Leonard rejoint Michelle, après qu'elle a quitté son amant, il lui avoue ses sentiments, il ose, l'atmosphère particulière fait qu'ils vont se rencontrer dans l'acte d'amour. Aussi furtif que leur rêve de fuir. Presque comme un acte désespéré.
Mais Michelle n'est pas amoureuse, elle se sent protégée par Leonard, comme une petite fille à qui on promettrait que la vie ne la ferait plus souffrir.
Les tensions appaisées, Michelle et son amant discutent, décident. Lui surtout. La rendre légitime. Rendre à Michelle une vraie place dans sa vie. Elle laisse alors ses projets avec Leonard de côté, quitte à lui briser le coeur. Elle ne renie rien de ce qui est arrivé entre eux, mais il n'y a pas d'amour. C'était un acte de détresse et non d'amour.
Michelle n'est pas méchante, futile. Elle ne se sert pas Leonard, jamais elle ne lui laisse entendre qu'entre eux, il pourrait se passer quelque chose. Même lorsqu'elle quitte son amant, elle dit à Léonard, que pour elle, il est comme un frère. Elle ne joue pas avec lui. Elle vient au rendez vous, le soir qui aurait du être celui de leur fuite. Elle ne le laisse pas sans explication.

Sandra est effacée. Elle connaît les règles de la vie sociale, les règles juives. Les parents présentent leurs enfants afin de les marier. Ils fusionnent entreprise et famille. Elle a choisi Leonard, parce qu'il la touche, sans doute, parce qu'elle est amoureuse. Pour quelles raisons ? On s'interroge sur la nature de ses sentiments réels. Sans doute rêve-t-elle d'un amour simple et entendu, sans vague, sans passion. Prendre soin de l'autre, fonder une famille, entouré par leur famille respective.

Une peinture des relations amoureuses sans amertume. On aurait pu penser que les histoires d'amour finissent mal, mais non. Je n'ai pas eu cette sensation en sortant. J'ai pensé que Leonard avait fait le choix qui était le meilleur pour lui en retournant vers Sandra et en prenant conscience de l'amour qu'elle lui porte. Certes un amour de petite fille, et non un amour passionnel et pasisonné, mais un amour quand même, dans lequel il pourrait se sentir en sécurité. Chacun des personnages fait le choix qui est bon pour lui. Alors, on peut quand même dire que l'on a une happy end.




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