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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 08:52



Le film :

Berlin Est. 1984. Le capitaine Gerd Wiesler, élément brillant de la Stasi se trouve chargé de surveiller l'écrivain dramaturge Georg Dreyman et sa compagne. Avec ses agents, il truffe l'appartement de ces derniers de micros, puis s'installe dans le grenier de l'immeuble, pour suivre leur vie, pas à pas.
Touché par la naïveté de l'homme ou bien par la beauté de la femme de ce dernier, peut-être par les deux, Wiesler commence à changer de comportement. Il se met à donner une chance à la vie.






Ce que j'en ai pensé :


La Stasi existe depuis février 1850 et prendra fin avec la chute du mur de Berlin en 1989. Il s'agit pour cette police politique de surveiller étroitement la population pour la soumettre au régime politique en place.
Après la fin de la Seconde guerre Mondiale, la Stasi va devenir un instrument essentiel du Parti Socialiste en RDA. Dès lors la répression contre toute forme d'autorité s'abat sur les milieux pouvant s'opposer au régime, notamment les intellectuels, les artistes, les services de sécurité.

Il ne faut pas que ces gens passent à l'ouest. C'est ainsi que lire un livre écrit par un auteur de l'ouest, voir un film venant de l'ouest ou même simplement écouter une émission diffusée à l'ouest peut faire de vous un suspect.

La Stasi est une police redoutable, qui n'a pas hésité à venir enlever des personnes passées à l'ouest, à les enfermer dans l'isolement le plus total.
Si, au fil des ans, cette police politique a laissé la violence physique de côté, elle s'est tournée vers une autre forme de violence, la violence psychologique. C'est ce que montre La Vie des Autres.


Gerd Wiesler est capitaine dans la Stasi, il n'a aucune haine contre ses compatriotes, aucune rancoeur, aucune jalousie. Il est formé à un travail qu'il exécute intelligemment, consciencieusement et rigoureusement. Ce côté du personnage est montré dès la première scène, où l'on assiste à un interrogatoire qui vise à trouver de quoi le suspect est coupable, car il est forcément coupable. Rien n'est laissé au hasard. La psychologie de l'autre, l'ascendant que l'on peut avoir sur lui, les détails comme reccueillir l'odeur corporelle, sont autant d'éléments permettant de déstabiliser l'autre. Si cela ne suffit pas, le "prisonnier" est totalement isolé, et finit par céder et avouer. Menacer la famille du prévenu est aussi un bon moyen de pression.

Gerd Wiesler n'est que capitaine, car il n'a pas d'ambition. Il n'a pas de vie d'ailleurs. Pas de famille, un appartement de banlieue totalement impersonnel, une vie sexuelle avec des prostitués. Son supérieur, qui n'est autre qu'un de ses anciens camarades, qui n'est là que parce qu'il est ambitieux mais ne possède pas l'intelligence de Wiesler, le convie à la première d'une pièce, celle du dramaturge Georg Dreyman. Celui-ci est très naïf, il ne s'oppose pas au régime, a choisi de ne pas s'impliquer dans ces histoires politiques. Cela ne l'empêche pas d'être ami avec des opposants, des militants.

Sa compagne, l'actrice Christa-Maria devient un enjeu. Elle est aussi la maitresse soumise et involontaire d'un ponte du gouvernement. C'est sans doute à cause de cela qu'une surveillance étroite est mise en place contre l'auteur. L'écarter pour l'éloigner de Christa-Maria.

C'est Wiesler qui va mettre au point la surveillance, truffant l'appartement de micro, organisant des filatures, et s'installant 12h par jour dans le grenier de l'immeuble de Dreyman pour tout écouter. Un technicien prend la relève pour la nuit. Tout est noté, ce qui se déroule dans l'appartement, qui vient, ce qui s'y dit, même les rapports intimes entre Georg et Christa-Maria. Mais rien, rien ne se passe. Le dramaturge est blanc comme neige. La seule chose que l'on pourrait lui reprocher, ce sont ses fréquentations avec un journaliste mis à l'index et un metteur en scène qui a dû cesser ses activités et été isolé d'une vie sociale à cause de son opposition au régime.

C'est la mort de ce dernier qui va faire basculer Dreyman dans l'opposition au régime. C'est aussi à ce moment que Wiesler va basculer dans la vie.

Dreyman ne peut supporter qu'à cause de ses opinions, son ami, isolé, brimé, et déchu de son talent en soit venu à se suicider. Il ne peut accepter cette mort qui le laisse démuni, et se met à faire des recherches sur le suicide en RDA. Il découvre alors qu'à partir de 1977, les suicides ont cessé d'être comptabilisé, car la RDA était un des pays où le taux de suicides étaient le plus élevé. Il écrit alors un article engagé dénonçant les pratiques de la Stasi, du parti socialiste en place. Publié sous un faux nom, le papier parait en Allemagne de l'Ouest, et dans tout l'Europe, trouvant des échos dans tout l'occident. La Stasi se met alors en chasse. Qui est derrière cet article ? Est-ce Dreyman ?

Parallèlement, Wiesler, dans cette surveillance étroite de Dreyman et de Christa-Maria, s'est humanisé. Il a découvert une vie où l'on se parle, où l'on a des émotions, des besoins, une vie où l'on exprime ce que l'on est, ce que l'on pense, ce que l'on ressent. Se met-il à admirer Dreyman ? Tombe-t-il amoureux de Christa-Maria ? Sans doute les deux.

Wiesler devient alors le complice de l'ombre de Dreyman. Ce dernier ignore sa surveillance, il pense être à l'abri de cela, loin de tout soupçon. Pour s'en assurer, avec son ami journaliste, ils font croire à une mise en scène. Cet ami est censé passé à l'ouest. Mais rien n'arrive à la frontière, la voiture n'est pas contrôlée. La preuve pour eux, que l'appartement de Dreyman n'est pas sur écoute. Les amis vont alors mettre au point une stratégie pour que le dramaturge puisse écrire et faire publier son article sur la réalité du suicide en RDA. Wiesler ment alors dans ses rapports. Il n'a pas signalé la tentative de fuite vers l'ouest, ignorant au départ qu'il s'agissait d'un test. Il choisit de mettre dans son rapport que Dreyman prépare une pièce de théâtre pour l'anniversaire de la RDA, alors qu'il sait parfaitement le travail d'oppostion auquel se livre l'auteur.

Wiesler protège donc Dreyman sans que ce dernier ne soit au courant. Il se met en danger pour protéger un étranger, mais pas n'importe quel étranger, cet étranger qui aura su le toucher, lui apprendre à voir la vie autrement. Wiesler met tout sa vie en question pour cet artiste. Le déclic. Il a eu un déclic. Il n'avait besoin que de cela. . Mais cela a t il changé sa vie ? Est ce que lui va changer sa manière de vivre ?

Avoir protégé et sauvé Dreyman va lui couter cher. Ses supérieurs ne peuvent pas prouver sa trahison. Ils n'ont donc qu'un moyen à leur disposition, le rétrograder au post le plus bas qu'il soit. Il va ouvrir des lettres. Wiesler n'avouera pourtant rien. Alors quand le mur de Berlin tombe, que la Stasi est dissoute, que les archives seront mises à disposition des habitants de la RDA, Dreyman décide de les consulter. Il découvre avec stupéfaction qu'il a été surveillé, et comprend que l'homme qui est l'auteur des rapports à changer au fil de la surveillance. Dreyman découvre que les rapports ont commencé à être faussé dès l'annonce du suicide. Il apprend que Wiesler l'a protégé.

Deux hommes qui ont vécu en parallèle, mais dont les vies ont dépendu l'une de l'autre. L'un s'est sacrifié pour que l'autre continue à être une personne idéalitste, ayant confiance en la vie.


Un film bouleversant d'humanité sur les hommes, sur une institution qui n'a rien pu contre l'humanité d'un homme.




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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 06:35



Le film :

Walt Kowalsky vient de perdre sa femme. Ses deux fils n'ont que faire de ce vieil homme aigri et acariâtre. Leurs femmes et leur progéniture ne sont intéressées que par ce qu'ils peuvent obtenir du "vieux". 
De ses années de travail pour le groupe Ford, Walt garde précieusement sa Gran Torino 1972, une voiture de collection qu'il bichonne, son bien le plus précieux.

Walt vit dans une banlieue "guetto", il a toujours vécu là. Mais la population a bien changé. Les asiatiques ont remplacé les migrants italiens, polonais et autres.
L'arrivée d'une famille Hmong comme voisin ne le réjouit guère. Il mène une vie de rustre en compagnie de sa chienne Daisy, jusqu'au jour où, il intervient dans une querelle entre les enfants de ses nouveaux voisins, Thao et Sue, avec un gang asiatique. Les deux jeunes se refusent à toute appartenance à un groupe.
Son geste est interprêté par la communauté asiatique, comme d'un grand courage. Mais ce vétéran de la guerre de Corée n'a pas une bonne opinion de ceux qui le louent.
Il faudra la patience de Sue pour attendrir le vieux Walt, qui prend les deux jeunes sous sa coupe, et notamment le jeune Thao.
Ce qui n'est pas du goût de tout le monde.




Je choisis désormais de mettre les bandes orignales en version originale. La voix de Eastwood dans la version française est à des lieux de sa voix originelle, et je trouve que cela enlève énormément au film (que j'ai vu en VO ).




Ce que j'en ai pensé :

Je ne considère pas ce film comme le meilleur film de Clint Eastwood, mais je le considère comme le plus ancré dans une réalité sociale actuelle. Gran Torino n'en demeure pas moins un très bon film, un grand film.

Comme à son habitude, Clint Eastwood n'a rien laissé au hasard. Les personnages sont aussi forts et intéressants que l'histoire, la grande comme la petite. Les clichés ne manquent pas, la réalité aussi.

Agé de 78 ans, il incarne un Walt Kowalski, migrant polonais, particulièrement antipathique. L'acteur et réalisateur vieillissant ne fait que se bonifier avec le temps. Un jeu remarquablement juste.

Walt incarne le vétéran aigri par une guerre violente en Corée qui a brisé en lui une certaine humanité, que seule sa femme avait su déceler et garder vivante. Il est patriote, conservateur, et contre tout ce qui n'est pas américain. Il regrette le comportement des jeunes qui n'ont plus aucune éducation, aucun respect.
Ses fils et petits-enfants ne lui sont guère attachés. Ils ne s'intéressent à lui que lorsqu'ils ont besoin de quelque chose ; sa petite fille  lui demande s'il pourrait lui donner sa Gran Torino quand il sera mort, et aussi son canapé qui ira bien dans sa chambre d'étudiante  ; son fils l'appelle pour avoir des places à l'oeil pour un quelconque match, sans parler de sa belle-fille qui veut le placer dans une résisdence de personnes âgées pour récupérer l'argent de la vente de la maison.
Autant de clichés qui ne sont pourtant pas vains dans notre société.

On imagine que Walt veut finir sa vie tranquillement auprès de sa chienne Daisy, maintenant qu'il est seul. Mais sa femme a chargé le prêtre de leur paroisse de faire en sorte que le vieil homme se confesse pour pouvoir aller en paix. Si au début, il raille le jeune homme de 27 ans sur sa méconnaissance de la vie et de la mort, peu à peu il se lie d'amitié avec lui.

L'arrivée de la famille de Sue et Thao va bouleverser sa vie. Kowalski, d'abord réticent et même franchement hostile vis à vis des membres de cette communauté Hmong, va se laisser charmer par la jeune Sue. Les deux jeunes qui pourraient être ses petits enfants vont lui permettre d'ouvrir les yeux sur ce qu'est devenue la vie en banlieue, ils vont aussi lui permettre de s'ouvrir aux autres, ainsi qu'à une culture différente.

Sue est beaucoup moins réservée que son frère Thao, elle prétend que les hommes de sa communauté ont plus de difficultés à s'adapter que les femmes, ce qui explique l'attitude de Thao. Celui-ci est harcelé par un cousin éloigné, chef d'un gang asiatique qui sévit dans le quartier, et contre qui personne n'ose s'opposer. Thao est un jeune homme timoré, réservé qui se laisse prendre au jeu. Mais lorsqu'il a pour rite initiatique de voler la Gran Torino de Walt et qu'il échoue, celui-ci l'ayant surpris dans son méfait, Thao refuse de retenter ce vol, et refuse tout simplement d'entrer dans le gang, ce que ces derniers ne peuvent suporter. C'est à ce moment que Walt va intervenir une première fois. Non pas pour aider ces jeunes voisins, mais parce que ces gens ont empiété sur sa propriété. Il fait fuir le gang en les menaçant d'un fusil. Dès lors, Walt devient une référence pour les gens de son quartier, les asiatiques lui montrent leur reconnaissance en lui faisant des offrandes de nourritures, de fleurs etc.

Walt ne comprend pas leurs gestes, c'est Sue qui lui expliquera les coûtumes de sa communauté, les habitudes de celle-ci, et finira par l'ouvrir aux autres. Peu à peu le vieil homme se prend d'affection pour la jeune femme mais garde de la rancoeur envers Thao, qui a voulu le voler. Pourtant, il va accepter de le prendre à son service pour que le jeune homme répare le déshonneur qu'il a jeté sur sa famille dans son acte inconsidéré. Walt fait l'éducation de Thao, sur nombre de choses. On comprend qu'il fait avec le jeune Hmong ce qu'il n'a pas su faire avec ses deux fils. Il lui apprend la vie en quelque sorte.

Walt devient le protecteur de ses voisins, une seconde famille bien réelle pour lui.


Un Walt carricatural d'une génération dépassée par l'évolution des jeunes, du manque d'éducation, du manque de patriotisme.
Une Sue et un Thao qui donnent de l'espoir à Kowalski sur la génération de ses petits enfants. Il découvre qu'il existe encore dans certaines familles un respect des traditions, et une volonté de ne pas céder à la peur et à la pression.

Une image des banlieues, des gangs et de leurs agissements, de la pression qu'ils font sur les gens, du régime de la terreur qu'ils imposent sur les membres de leur communauté pour être soutenus.

Une image peu réjouissante de la société loin des banlieues chics, où il s'agit de ruser, de faire le sacrifice de soi-même pour prendre les "méchants" à leur propre jeu, et les vaincre.


Le site officiel de Gran TOrino.





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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 08:20


Le film :

Dans le sud de l'Italie, Michele joue avec les enfants de son village. Arrivés dans une propriété abandonnée, Michele doit subir un gage qu'il réussit sans peine. Sur le chemin du retour, sa petite soeur se rend compte qu'elle a perdu ses lunettes, et le jeune garçon fait demi tour à la recherche de ces dernières. Michele les retrouve sur une tôle ondulée qui l'intrigue beaucoup. Il se décide à la soulever, et découvre au fond du trou, un pied qui dépasse d'une couverture crasseuse. Michele prend peur et s'enfuit vers sa soeur. A leur retour chez eux, les enfants retrouvent leur père. Malgré la joie de revoir ce père absent pour son travail, Michele ne peut s'empêcher de penser à ce qu'il a vu au fond du trou, et y retourne donc dès qu'il le peut. C'est ainsi qu'il découvre un jeune garçon qui se croit mort, séquestré dans ce lieu inhumain. Michele, en cherchant une gamelle pour faire boire le garçon blond, découvre de la vaisselle appartenant à sa mère. Il s'imagine alors un jumeau blond qui aurait été écarté pour x raisons. Peu à peu, en espionnant les adultes de son village, il apprend qui est l'enfant au fond du trou, il apprend aussi pourquoi ce dernier se trouve là, et avec cela, la monstruosité des adultes qui l'entourent.



Ce que j'en ai pensé :

Au départ il y a les enfants. Leurs jeux d'enfants, un peu cruels, un peu vicieux, un peu risqués, à l'image des futurs adultes qu'ils pourraient devenir.
Ensuite viennent les adultes. Etranges adultes qui disparaissent, se réunissent, parlent fort, et se focalisent sur les informations télévisées. Des adultes nerveux et pas forcément innocents de part leur comportement qui laisse suggérer qu'ils ne sont pas clairs.

Michele est un enfant rêveur, intelligent, qui écrit des textes la nuit, en rime. Il a tout à apprendre, mais les autres ont aussi tout à apprendre de lui. Il ne s'en laisse pas compter par le caïd de la bande, ne le suit pas s'il désapprouve les agissements de ce dernier. C'est ainsi que ne pouvant accepter qu'une fille du groupe doive leur montrer son sexe parce qu'elle est arrivée la dernière à la maison en ruine, il décide de prendre un gage à sa place. Traverser le plafond défoncé sur une poutre en se récitant des vers en rime qu'il compose lui-même pour se donner du courage et de l'audace.

Quand Michele découvre le petit garçon dans le trou recouvert d'une tôle, il le croit d'abord mort. Plein de trouille, il s'enfuit en vitesse, et ne dit mot de sa découverte. Mais c'est plus fort que lui, il y retourne. S' entame alors une relation entre l'enfant séquestré et Michele.

Après la découverte de la vaisselle qui se trouve chez lui, le jeune garçon se met à chercher quel lien il pourrait avoir avec le jeune garçon du fond du trou. Un frère jumeau ? Un fils caché ? Michele se met à espionner ses parents, puis les adultes qui se réunissent chez eux. Il cherche à comprendre qui est l'enfant, quel rôle ses parents jouent-ils dans la détention du garçon. Parallèlement, il vient en aide au jeune garçon, lui apportant de l'eau, de la nourriture, le réconfortant. D'un côté, il mène son enquête, de l'autre, il aide l'enfant.

Un soir où les adultes semblent très agités, et qu'ils se précipitent pour écouter les informations sur le poste de télévision, Michele qui espionne, découvre l'identité du garçon, il découvre aussi que son père, sa mère et tous les autres parents présents, ainsi que l'invité de son père sont liés à la disparition de l'enfant. Le jeune garçon prend alors parti pour Felipe. Il décide de le sauver de la monstruosité des adultes.

Cela ne va pas s'en mal, car si jusqu'à présent il avait réussi à garder son secret, l'envie de posséder une camionnette miniature bleue pour la donner à Felipe, l'a obligé en échange à dévoiler son secret. Mais l'enfant à qui il s'est confié a vendu la mèche. Michele est découvert, rossé, et l'enfant kidnappé, changé de lieu. Mais pas question de baisser les bras. Il reste à l'affut.

Les adultes pensent que la punition, l'expliquation et l'interdiction à Michele de revoir le kidnappé suffiront à le tenir éloigné. Ils sous-estiment la conscience du jeune garçon, sa conscience de son prochain, du bien et du mal. Quand Michele découvre que les adultes ont décidé de supprimer l'enfant, il demande au compagnon de jeu qui l'a trahi, s'il sait où Felipe se trouve. L'autre si désireux de se faire pardonner ne se fait pas prier pour trahir les adultes. Michele se précipite pour sauver l'enfant que  son père a été chargé de tuer. Il parvient à le libérer, mais se trouve coincer à la place de Felipe. Michele est blessé par son père, qui comprend, à cet instant, la monstruosité de son comportement.

Ce film est tiré du roman de Niccolo Ammaniti Je n'ai pas peur, basé sur un fait divers se déroulant dans les années 1970, qui fait référence aux kidnapping d'enfants de familles aisées, qui boulersèrent la vie de l'Italie. Il ne s'agit pas, ici, de parles des agissements des fameuses Brigades Rouges qui semèrent la terreur en Italie à la même période, mais bien de parler de ces adultes cruels et sans scrupules, voleurs d'enfants pour quelques sous. D'ailleurs, suite à ces enlèvements, le gouvernement fit édicter des lois  afin de geler le patrimoine des lignées visées pour empêcher tout versement de rançon et ainsi faire cesser les enlèvements d'enfants.

Les adultes se comportent comme des enfants capricieux et irresponsables. Ils ne veulent que de l'argent, peu importe la souffrance qu'ils infligent à Felipe, aux parents de celui-ci, sans conscience qu'à la place de Felipe, cela pourrait être leur propre enfant.

Michele donne une véritable leçon humaine à ces adultes perverses. Ces kidnapeurs sans scrupules, agissant comme si les enfants de riches n'étaient pas avant tout des enfants, qui les traitent comme du bétail, sans conscience de leurs monstruosités et de leurs perversités, ne se posent-ils jamais le problème en sens inverse ? Ne se posent-ils jamais dans la place des parents dont l'enfant a été enlevé ? Sont-ils persuadés qu'un peu plus d'argent peut justifier une telle barbarie ?

Michele, confronté aux actes de ses parents, a choisi d'être du côté de l'humain. Ce qui fait de ce film, un bon film, interessant et troublant, c'est que malgré la découverte de la monstruosité de ses parents, Michele ne juge pas, il se contente de choisir ce que lui veut, plutôt que de perdre son temps à détester. Il préfère agir pour la liberté et la vie, plutôt que de haïr en laissant faire.

Un très beau film qui montre bien que l'on a beaucoup à apprendre des enfants, que ces derniers nous rappellent les priorités humaines : la vie, la conscience de l'autre.



Le site officiel du film.



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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 06:48




Le téléfilm :

Jean Palu est infirmier dans son petit village breton de cap Sizun. C'est le 5 août 1944. Le jour de la libération. Alors que Jean se rend au village pour soigner la mère de Valentin, ils sont arrêtés par les nazis en déroute. Emmenés sur la place du village, ils découvrent qu'ils ne sont pas les seuls otages des allemands.
C'est alors que Jean se rappelle que la tuberculose l'a empêché de devenir médecin, que ses beaux-parents le méprisent de n'être que "le petit infirmier du village" alors qu'eux sont des châtelains. Il se souvient du cousin de sa femme, Gwénolé, qui prit le maquis pour échapper au travail forcé en Allemagne, et qu'il l'a trouvé dans le lit conjugal avec sa femme. Il se remémore cette lettre anonyme écrite pour la kommendantur de Douarnenez, qu'il n'a jamais détruite. Et il se souvient de Marie, la jeune femme de Roubaix, qui joue de l'accordéon aux allemands pour pouvoir survivre dans cette guerre.



Ce que j'en ai pensé :

A travers la conscience de Jean, l'auteur a voulu montrer la complexité de cette époque, des hommes aussi. 

Ce qui est intéressant dans ce téléfilm, c'est qu'il nous propose une autre lecture de l'histoire, sans cette sensation de déjà vu, où les méchants sont toujours les mêmes, et les gentils toujours les autres.

Jean Palu est un homme avec ses défauts, avec sa conscience aussi. Il n'oublie pas qu'avant d'être des soldats, les allemands sont des hommes, il n'oublie pas non plus que dans les pires moments chacun fait avec les moyens qu'il a pour subsister.
Jean Palu ne juge pas, il sait bien que rien n'est aussi simple que les apparences.

Le téléfilm commence avec Palu venant faire la piqûre au père de Marie. Surgit alors les maquisards qui veulent lui faire payer le fait qu'elle ait fricotté avec les allemands. Jean ne laisse pas les choses se faire. Il n'admet pas qu'on agisse ainsi, il connaît le courage de Marie et surtout il ne la juge pas. Seulement les résistants de cap Sizun ne l'entendent pas de cette oreille et persécute Marie, qui finira tondue.

Lors de cette confrontation, il retrouve Gwenolé, le cousin de sa femme Françoise. C'est aussi l'homme avec qui elle l'a trompé dans un moment d'égarement, c'est aussi à cause de cet homme, que Jean est devenu la risée du village, se faisant traiter de cocu sur la place publique.
Palu ne partage pas les idées de Gwenolé, celui-ci vient casser du boch, parce que le boch c'est l'ennemi. Pour Palu, l'allemand est surtout un homme. Et puis, le jour où il rentre chez lui et trouve le jeune maquisard faisant l'amour à sa femme, il ne peut plus le supporter. Dans sa souffrance d'homme blessé, de mari humilié, il écrit une lettre destinée à la kommendantur de Douarnenez, dénonçant les résistants, et notamment Gwenolé. Impulsion du mari trahi, qui pourtant n'envoya jamais la lettre.
En ce jour de libération, en ce 5 août 1944, Palu commence à brûler la lettre, mais le destin en avait décidé autrement. Valentin vient le chercher pour qu'il soigne sa mère. Palu remet donc la lettre dans le tiroir de son bureau.

Sa vie bascule à ce moment-là. Ils sont arrêtés par les allemands en déroute qui n'ont plus rien à perdre. Pris en otage avec d'autres civils, ils vont attendre et voir. Une poignée de maquisards est vaincue par les nazis. C'est alors que le village découvre que des gens qu'ils n'auraient pas imaginé appartenir à la résistance en font parti. Les apparences ne sont jamais ce qu'elles semblent être, et ne suffisent donc pas en soi. Durant toute la journée, les otages vont attendre que les allemands décident de leur sort. Les villageois sont autorisés à venir leur apporter un peu d'eau et à boire. Marie se dirige alors vers Jean qui lui demande d'aller brûler la lettre.

Un officier allemand est blessé. Palu est réquisitionné pour le soigner. Il s'exécute, car c'est son rôle. Alors qu'il refuse au départ de partager une bière avec l'homme, il finit par accepter. Quand l'officier lui suggère de rester à ses côtés pour sauver sa vie, Palu refuse, il retourne auprès des siens. Courage, loyauté, conscience ? Palu est-il plus courageux qu'un autre ? Sans doute pas. Palu a simplement besoin de se rester fidèle.

Je reviens donc à cette lettre qu'il a écrit, jamais envoyée, jamais détruite. Pourquoi ? Et si cette lettre était en quelque sorte son garde-fou, un moyen de ne pas oublier qu'il pourrait être lui aussi un monstre (en dénonçant les maquisards), un moyen de ne pas oublier sa souffrance, un moyen de ne pas oublier qu'il est comme les autres, faible, faillible, humain.

La fin de la guerre, la libération signe la non nécessité de cette lettre. Elle n'a plus à exister, elle n'a plus à être. Pourtant Marie ne détruira pas la lettre. Elle comprendra que dans cette dernière se lit toute la souffrance de Jean quant à la trahison de sa femme, toute cette souffrance qui aurait pu le conduire à devenir un monstre, et pourtant, qui ne l'a pas conduit à cela.

Jean Palu sera fusillé sur le cap Suzin, avec les autres otages, avec les maquisards attrapés. Françoise trouvera la lettre, comprendra la souffrance de son mari. Marie sera tondue.



à lire, Le Maquis de Lorris (les massacres de la forêt d'Orléans).
à lire aussi, La femme est l'avenir de l'Homme, pour la réflexion sur l'humain, la monstruosité humaine.










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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 06:12


Le film :


La France vit sous l'Occupation Allemande. Marie se débrouille seule, avec ses deux enfants, pendant que son mari est prisonnier. Elle rêve de devenir chanteuse, elle rêve surtout d'une vie plus confortable où elle ne serait plus obligée de compter. Un jour, sa voisine lui demande de l'aide car elle est enceinte et ne veut pas de l'enfant.
Marie l'aide donc à provoquer une fausse couche.

Peu de temps après, son mari revient, et Marie a du mal à supporter de ne plus être libre. Pourtant elle continue à se promener seule, et finit par rencontrer une prostituée, lui avouant que malgré sa "gueule d'ange", elle est une "faiseuse d'ange".

Les deux femmes deviennent complices. Lucie envoie des clientes à Marie, pour que celle-ci pratique des avortements. Cette dernière améliore ainsi sa vie et finit par déménager. Parallèlement, elle refuse toute intimité avec son mari. Ayant une chambre de trop, elle finit par la louer à Lucie pour ses passes.


Ce que j'en ai pensé :


Claude Chabrol a basé son film sur l'histoire de Marie-Louise Giraud, la dernière femme condamnée à mort et exécutée, en France. Cela se déroule réellement sous le Régime de Vichy durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette femme est dénoncée par son mari, puis accusée d'avoir pratiqué des avortements sur vingt-sept femmes à Cherbourg. Nous sommes en 1942, la France est occupée par l'Allemagne nazie, et le gouvernement du maréchal Pétain considère l'avortement comme un crime contre la sûreté de l'Etat, il considère que cette pratique est nuisible à l'unité de la France. La peine de mort devient alors la seule sanction possible. Le procès de Marie-Louise Giraud doit être un exemple pour le reste de la population, c'est un moyen pour le régime de manifester sa volonté de rendre à la France une moralité. Marie-Louise Giraud sera donc condamnée et excutée pour l'exemple.

Loin des  tribunaux, d'un procès retentissant, la réalité est loin d'être criminelle. Les femmes doivent faire face à leurs besoins, aux besoins de leur famille. Les hommes sont prisonniers. Chacun se débrouillent comme il peut. Les femmes ont des aventures et tombent enceintes, il n'est pas concevable d'avoir un enfant qui ne serait pas d'un mari prisonnier, loin de la famille. Et que dire de ces femmes qui n'ont pas eu d'autres solutions que de coucher avec les allemands, la gestapo, celles qui ont été violées.

Personnellement, vu l'époque, je ne vois rien d'immoral à avoir eu recours à l'avortement. Avoir un enfant en période d'occupation, quand on est seule, quand le mari n'est pas là, ce n'est sans doute pas ce qu'il y a de plus facile. Certaines femmes n'ont pas pratiqué d'avortement, d'autres oui. Qui est coupable ? Celle qui pratique l'avortement ? Celle qui a recours à l'avortement ? Personne, personne n'est coupable.

Le film est centré sur Marie, interprêtée très justement par Isabelle Huppert. Cette dernière est légère, elle ne subit pas réellement la guerre, je dirais même que cela l'arrange, puisque son mari n'est plus sur son dos. D'ailleurs, quand ce dernier rentre, il est évident qu'elle ne saute pas au plafond. Elle ne veut plus de lui, elle le subit parce qu'ils sont mariés.
Marie a deux enfants, elle les aime. Ce qu'elle fait, elle le fait pour elle et pour eux.

Je ne suis pas sûre qu'elle se rende réellement compte du danger qu'elle court, en pratiquant ces avortements. Elle n'y voit qu'un moyen de gagner de l'argent facilement pour améliorer sa vie, en utilisant quelque chose qu'elle sait faire. Elle ne voit pas où est le mal.
Quand elle rencontre Lucie (interprêtée par Marie Trintignant), elle se lie d'amitié avec cette prostituée qui la fait rêver par son monde si différent. Elle est impressionnée, et elle veut impressionner cette nouvelle amie. C'est ainsi qu'elle lui raconte qu'elle pratique des avortements. Lucie comprend bien que Marie peut lui être utile. C'est ainsi que cette dernière s'enrichit et parvient à changer de logement.

Son mari sait ce qu'elle fait, il dit à son fils que "ce sont des affaires de femmes". Il accepte tout. Les débauches de Marie, le fait qu'elle le fait ouvertement cocu, sous son propre toit, dans son propre lit, alors que lui-même doit se contenter de la bonne, que Marie paye pour cela. Il doit supporter que deux chambres de leur maison servent de chambre pour des pass. Il accepte tout, jusqu'au jour où il n'accepte plus d'être humilié, rabaissé, ignoré. Il finit par dénoncer sa propre femme au prefet, par une lettre anonyme.

Marie se révèle plus insouciante que dangereuse, plus volubile que calculatrice. Comme le souligne Lucie, plus on a d'argent, plus on en veut. Marie ne se contente pas d'avoir un confort, elle veut plus, elle veut une vie facile. Mais bien mal acquis ne profite jamais.

Lors de son procès, elle ne réalise pas non plus quel mal elle a commis. Marie ne voit pas en quoi cela est un crime de louer une chambre à des prostituées, elle ne voit pas en quoi c'est un crime de se faire payer pour rendre service à des femmes, parce que c'est ce qu'elle fait, elle rend service.

Marie-Louise Giraud sera la dernière femme exécutée en France. En 1981, sous le gouvernement Mitterrand, la peine de mort sera abolie grâce aux efforts et aux plaidoyers de Robert Badinter, alors garde des Sceaux.
Le sort des femmes changera aussi grâce au combat de Simone Veil, pour le droit à l'avortement.

Il faut savoir que lors de la première diffusion du film de Claude Chabrol, il y eut une attentat dans la salle de cinéma, perpétué par des catholiques n'acceptant pas la prière balsphématoire de Marie, au bord d'être guillotinnée. Ils ne supportèrent pas d'entendre "Je vous salue Marie, pleine de Merde, le fruit de vos entrailles est pourri".

Pourtant, dans ces mots reposent toute l'incompréhension de Marie face à sa condamnation.





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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 08:12

 



Le film :

Nous sommes à la fin des années 70 à Haïti. Dans un petit hôtel bordant l'océan, du côté de Port-au-Prince, des femmes ayant dépassé la quarantaine s'offrent les services d'hommes noirs pour assouvir leurs pulsions sexuelles. Ellen passe tout l'été dans ce lieu se nourissant du corps de Legba. Quand Brenda arrive, elle se sent en danger. Elle ignore que trois ans plutôt, Brenda a défloré Legba, et que ni l'un ni l'autre n'a oublié ce moment.



Ce que j'en ai pensé :

Sur fond de tourisme sexuel, Laurent Cantet nous fait une peinture de la femme mature à la recherche de la satisfaction sexuelle, loin du monde occidental qu'elle n'intéresse plus.

Le tourisme sexuel n'est pas une chose nouvelle. On savait que les exclavagistes se soulageaient avec leurs exclaves, que les nobles et bien nés le faisaient avec les soubrettes. Autre temps autre moeurs. Les gens en mal d'amour physique partent en vacances. L'Asie, les îles. Lieux de villégiature privilégiés.

J'avais évoqué ce thème dans le cadre de ma chronique sur
Plateforme de Michel Houellebecq ou encore La Mauvaise Vie de Frédéric Mitterrand.

Le tourisme sexuel en Haiti n'est plus un secret pour personne. Evoquer le tourisme sexuel féminin me semble nouveau. La sexualité féminine reste un tabou malgré mai 68, malgré tout ce que l'on prétend. Aujourd'hui encore, un homme à conquête est un Don Juan, une femme est une salope. La femme n'est pas l'égal de l'homme et sûrement pas dans sa manière d'assumer sa sexualité. Pourtant, timidement, certains artistes commencent à évoquer ce besoin des femmes : l'amour physique.

Ces femmes nord américaines viennent donc se donner du bon temps en Haiti. Elles se retrouvent dans le même hôtel où sur les plages, elles sont entourées d'hommes noirs, virils, musclés, attirants. Ils deviennent des objets sexuels pour des repas, des cadeaux ou de l'argent. Chacune voit ce qu'elle offre, donne en échange d'une nuit.

Ce qui attise ces femmes, c'est l'animalité qui se dégage de ces peaux, et puis, l'absence de quotidien, de prises de tête. Elles sont dans un cocoon, elles sont le point de mire de ces hommes. Elles choisissent, ils donnent ce qu'ils ont, leur sexe.

Le véritable sujet du film est : les femmes mûres.

Chacune va raconter son histoire.

Ellen a 55 ans, professeur dans une université réputée, elle n'a pas de vie sexuelle au quotidien. Elle n'existe plus en temps que femme sexuelle dans le monde, car elle est trop vieille. Ellen est cynique, aigrie. Elle est possessive, jalouse et désespérée. Elle a beau prendre des airs, se montrer méchante à travers son sarcasme douteux, elle n'en est pas moins une femme qui souffre de la solitude des sens.

Brenda a 48 ans. Elle est seule, divorcée. Elle est venue la première fois à Port-au-Prince, trois ans auparavant. C'est à ce moment là qu'elle a rencontré Legba. Il avait 15 ans, il était seul. Le garçon avait été "adopté' par le couple qu'elle formait avec son mari. Un après midi où Legba et elle étaient allés se baigner, elle a commencé à le caresser, et s'est "jetée" sur lui. Elle avoue qu'avec lui, elle a eu son premier orgasme sexuel ... elle avait 45 ans.

Sue est canadienne. Elle aussi a dépassé la quarantaine. Elle explique qu'à Montréal, les hommes sont méfiants. On peut discuter avec eux, coucher aussi. Mais ils prennent peur. Le moindre bien être leur fait imaginer qu'ils vont avoir la corde au cou, alors qu'il ne s'agit souvent que de partager un besoin mutuel sans s'impliquer plus en avant. Sue s'offre donc du temps au soleil, et du sexe auprès d'un homme qu'elle paye, à qui elle fait des cadeaux, avec qui rien n'est compliqué. Elle vit l'instant, et le reste n'importe pas. C'est sans doute celle qui souffre le moins de sa solitude sexuelle, peut-être parce qu'elle a accepté que les choses étaient ainsi et que le plaisir qu'elle prend durant ces vacances suffisent à la rendre heureuse.

Sue est le lien entre Ellen qui appartient au paysage de l'île et Brenda la nouvelle. Ces dernières se disputent les faveur de Legba, un jeune haîtien beau, musclé, superbe. Lui n'a pas oublié Brenda, bien que le temps a passé, bien que les femmes se sont succédées. Ellen le croit acquis à elle, elle se trompe. Commence alors le drame de, non pas la séduction, mais de la jalousie. Si Brenda ne joue pas sur le terrain d'Ellen, c'est elle qui gagne Legba. Elle est sincère et nature. Elle vit dans le souvenir d'un émoi physique, de la beauté d'un jeune homme. Elle vit le sexe et le plaisir proccuré comme un cadeau de la vie et non un dû.

Brenda est plus forte qu'Ellen, et pourtant, elle est plus fragile. Ces deux femmes n'ont pas le même sens de la vie. La première vit, la second joue à vivre. Au début du film, une vieille femme évoque le jeu des masques, que certains sont attirants mais cachent le pire, parmi les véritables masques attirants, mais que quoi qu'il arrive, tout le monde porte un masque.

Ellen joue les fières, les grandes, les méprisantes, alors qu'elle se meurent intérieurement de ne pas être une femme aimée et adulée. Brenda est fragile d'apparence, et pourtant, elle choisit la vie envers et contre tout.

Le retour de Brenda sur l'île d'Haïti n'était qu'une étape. Elle le dit, pourquoi rester là, alors qu'il y a d'autres îles, d'autres hommes.

Un film sur la détresse féminine.

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28 février 2009 6 28 /02 /février /2009 06:46



Le film :

Nous sommes dans les années 50, April et Franck Wheeler sont mariés, deux enfants et vivent dans un superbe pavillon de banlieue. Mais April n'est pas heureuse, elle se sent enfermée dans le rôle de la bonne mère de famille, pendant que Franck joue son rôle de mari à la perfection, un job qu'il déteste, il couche avec une des sécrétaires de sa boite. Chacun s'ennuie dans cette vie qui ne ressemble en rien à ce dont ils avaient rêvé ... ne surtout pas devenir un petit couple de banlieue, bien propré, stéréotypé. Alors, April propose à Franck de quitter cette vie pour se rendre à Paris. Elle travaillerait pendant que lui chercherait ce qu'il a vraiment envie de faire. Franck se montre enthousiaste mais très vite, la routine le rattrappe, il ne voit pas le drame qui se noue.



Ce que j'en ai pensé :

Un couple se constitue de deux personnes bien distinctes. Le couple devrait être quelque chose entre le compromis et l'équilibre entre ces deux personnalités.

Nul ne sait vraiment ce qui attire deux personnes l'une vers l'autre. Le physique diront certains, les points communs, diront d'autres. Mais il n'y a en fait aucune recette, aucune réponse. Deux vies qui finissent par faire un bout de chemin ensemble parce que cela était écrit quelque part, et c'est tout.

C'est comme ça que April et Franck se sont rencontrés lors d'une soirée. Le premier regard, l'attirance pour ce qui se dégage de l'autre, la désinvolture du jeune homme, les grandes envies de la jeune femme. Ils échangent, s'inventent une vie future, un avenir idéalisé qui serait différent des modèles qui les entourent.

April est sûre d'elle, elle sait qu'elle veut devenir actrice. Franck se laisse porter par la vie. Il pense que les choses vont de soi. Il rêve de Paris où il est allé durant la guerre. Elle rêve en l'écoutant raconter ses histoires.
Et l'amour s'en mêle. April boit les paroles de Franck, l'insouciance de ce dernier lui fait mettre de côté ses rêves. Ils se marient, elle tombe enceinte. A eux le pavillon en banlieue chic, à lui le travail dans une grosse compagnie, à elle le rôle de femme au foyer.

Ils sont devenus exactement ce qu'ils ne voulaient pas devenir. Lequel en a le plus conscience ? Lequel en souffre réellement ?



Franck incarne une sorte d'insouciance, de satisfaction facile de la vie. Il ne se pose pas de questions, les choses sont ainsi, il prend ce qu'il vient. Il a conscience d'avoir une vie routinière, bien établie, sans surprise, conditionnée par les diners entre amis-voisins, les déjeuners entre "potes" de travail, la maison, le travail. Il respecte la hierarchie sociale de la vie. C'est ainsi, cela doit être ainsi.
Il a rêvé de Paris, de retourner à Paris, sans doute parce qu'il y a vécu des moments de très grandes insouciances. Mais Paris n'est qu'un rêve et non une réalité à vivre.

Alors qu'April, malgré les cours de théâtre qu'elle a pris, s'est montrée une piètre interprête, Franck tente de la réconforter. Elle se met en colère devant la gentillesse de ce dernier, finit par lui demander de se taire et de lui ficher la paix. La colère éclate chez Franck. Il s'efforce d'être un mari gentil et compréhensible. Il joue à plaire, à être le meilleur mari.

Voilà finalement la vie de Franck, il joue à être, à défaut de savoir être.



April sait ce qu'elle veut. Etre actrice. Mais la vie la faite femme puis mère. Mais elle n'a pas oublié son rêve, et elle essaye. Elle comprend qu'elle a échoué, qu'elle ne sera jamais une bonne actrice. Mais est ce vraiment cela qui la met en rage ? Non. Au delà de la déception, c'est surtout le fait d'avoir attendu si longtemps pour comprendre qu'elle faisait fausse route. Elle en veut à Franck de lui avoir donné cette vie insipide. Elle s'en veut à elle-même de s'être laissée engluer dans cela.

C'est ce constat, celui sur sa carrière d'actrice avortée qui va la mettre face à la réalité de sa vie, à la vérité sur son couple. Elle cherche dès lors une solution. Comment faire que leur vie change ? Où est la solution ? Elle cherche, se rappelle leur rencontre, leurs rêves, et Paris. Elle réfléchit, se renseigne. Ce sera Paris, la solution pour elle, c'est Paris. A Paris, les choses seront différentes. C'est elle qui travaillera pendant que lui restera à la maison, s'occupera des enfants, cherchera sa voie. Paris, parce que c'est le lieu rêvé, c'est le lieu fantasmé, c'est aussi le lieu idéalisé.

Alors qu'April cherche comment sortir son couple de cette routine remplie d'un vide désespérant, Franck s'envoie en l'air avec une petite secrétaire de son boulot. Il a trente ans, il s'offre une aventure extra conjugale.
Quand il rentre chez lui, sa gentille famille l'attend, un gateau d'anniversaire sur la table, des "je t'aime papa" ... et lui a les larmes aux yeux. Pourquoi ces larmes ? Parce qu'il a trompé le paisible bonheur familial en s'octroyant une partie de plaisir volée ? Parce qu'il a conscience que sa vraie vie est ici, dans ce giron parfait et rassurant ?

April se décide à faire part de son projet à Franck. Elle lui expose ses idées, lui demande ce qu'il en pense. Il semble heureux, enthousiaste. Il est d'accord, jubile à l'idée de faire ce qu'autour de lui on ne fait pas, lâcher tout pour recommencer ailleurs. Mais très vite, l'excitation de Franck vacille. Dès qu'ils vont commencer à annoncer leur départ pour l'Europe, les réactions autour de lui, les événements autour de lui vont le faire douter.

Le premier vacillement : quand leur voisin va lui dire qu'il sera entretenu par sa femme (nous sommes dans les années 50, l'idée que ce soit la femme qui rapporte l'argent qui fera vivre la famille est une abbération quand, dans ces familles, la femme se doit à son mari, ses enfants et sa maison).

Le deuxième vacillement : quand le fils d'une de leur voisine, atteint d'une grosse dépression, les met face à leur propre expression "fuir le vide désespérant de leur vie". Fuir ... mais la fuite n'est jamais la solution. Changer de lieu ne changera pas le problème. Ils recommenceront une autre routine, ailleurs certes, différente certes, mais une routine quand même.

Le troisième vacillement : alors qu'il a rédigé un rapport à la va-vite pour le marketing de vente de computer, Franck va se voir proposer une promotion avec un emploi plus important, plus valorisant. Il choisit de ne pas dire qu'il part en Europe, recommencer une vie là-bas.

Le quatrième vacillement : April tombe enceinte. Pour Franck, il est impossible d'avoir cet enfant en Europe, comme il est impossible d'envisager l'avortement.

C'est ce quatrième vaccillement de Franck qui va entamer son couple, qui va faire qu'April prend conscience qu'ils ne regardent pas / plus la vie d'un même regard.

April comprend que Franck n'a pas été honnête avec elle, qu'il l'a laissé s'enthousiasmer pour ce projet alors que lui n'avait pas envie de partir. Il a été ravi sur le moment. Il aurait aimé partir à Paris, un été, une année, mais pas refaire sa vie là-bas. Franck n'a pas compris l'importance que cela a, pour April, il n'a pas voulu voir. Pour lui, c'est facile, il part le matin, rentre le soir. Il voit d'autres gens, fait d'autres choses, a une petite aventure, en toute impunité. April, elle, n'a que son rôle de mère et d'épouse. Quoiqu'il arrive si leur vie continue de la sorte, elle n'aura aucun moyen d'avoir une évolution de carrière, de découvrir, de faire des choses différentes, que ce qu'elle fait depuis qu'elle est épouse et mère.

L'attitude de Franck à l'égard d'April, son sentiment d'être incomprise, trahie, trompée (pas par l'aventure de Franck) font qu'elle s'enlise un peu plus dans la dépression. Franck a décidé. Il n'y aura pas de Paris, car il y aura sa promotion, le nouveau bébé. La vie doit continuer, car leur vie est parfaite. April se sent dépossedée. Elle n'existe donc plus que par son couple, elle n'a plus son mot à dire.

Alors que leurs amis se réjouissent de leur renoncement à partir, April se contente de faire bonne figure. Elle choisit le silence. C'est alors qu'un concours de circonstance fait qu'elle se retrouve seule avec son voisin. Celui-ci l'aime depuis longtemps, elle représente sa rose rare. April est désespérée, elle lui confie ses tourments, ses angoisses, et lui dit froidement "je ne peux pas partir et je ne peux plus rester". Lui ne saisit pas le sens de ces paroles. Pourtant, dès cet instant, tout sera joué, elle a pris sa décision. Elle s'oublie en dansant sensuellement avec cet ami, il ose l'embrasser et finissent par faire l'amour dans la voiture.

Le lendemain, elle est redevenue pareil à avant, à avant l'idée de Paris. Franck la croit redevenue raisonnable. Il s'en réjouit, la complimente. La machine est en route. Il n'y aura plus de retour en arrière de possible.

April ne peut plus vivre cette vie là. Elle prend sans doute la décision la plus dure de sa vie, mais la seule qui lui paraisse possible pour sortir de cet étau.

Certains acceptent comme une fatalité. D'autres non. Certains ne peuvent pas jouer la comédie du bonheur, c'est au-delà de leur force.

Franck jouait à être mais ne voulait pas être, parce qu'il ne s'était jamais demandé ce qu'il était.
April voulait devenir ce qu'elle était, mais la vie, son couple l'en a empêché.

April a été séduite par les rêves de Franck. Elle voulait vivre, il voulait juste rêver.

Un film efficace sur le couple et les individus qui le composent. Une Kate Winslet incarnant son rôle d'April à merveille. C'est elle le personnage du film. Léonardo DiCaprio en mari dépassé par les envies d'ailleurs de sa femme tient son rôle parfaitement.

J'ai vu ce film en V.O. L'extrait est en V.F. dommage que la voix française de DiCaprio manque autant de maturité, alors qu'il a maintenant 35 ans. Sa voix est beaucoup plus sexy et saisissante que sa voix française.

 













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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 06:58


Le film :

Mary est une femme d'une quarantaine d'année très occupée dans son travail. Elle vit seule dans une très belle demeure. Son jardinier ne peut plus venir entretenir ses extérieurs, aussi demande-t-elle à Tim s'il accepterait de venir une fois par semaine. Celui-ci a 25 ans, c'est une très beau jeune homme. Il est déficient mental. Très vite, entre Mary et Tim s'installe une relation de confiance, d'amitié. Les parents de Tim font confiance à Mary, et n'hésitent pas lui demander son aide ou son avis. Très vite, la soeur du jeune homme prend ombrage de cette femme et met en doute les bonnes intentions de Mary quant à son frère.

Ce que j'en ai pensé :

Nous sommes en plein dans la fin des années 70, et code vestimentaire oblige, Mel Gibson est affublé de short hyper court et hyper moulant qui ne laissent insensible ni Mary ni nous, il faut bien l'avouer. Il n'y a pas de meilleur moyen que de montrer combien la beauté du corps n'a rien à voir avec l'esprit. Tim, incarné par Mel Gibson, est superbe, sans défaut physique, et pourtant il est attardé. Attention, si Tim n'assimile pas les choses comme nous (lecture, écriture etc), il n'en demeure pas moins un homme avec un ressenti et des sentiments.

Tout semble marcher en binôme dans ce film, soit par opposition, soit par complémentarité.

Parlons d'abord de Mary. Elle a la quarantaine, célibataire, sans enfant, une vie aisée, un bon travail, deux maisons, orpheline. Elle est seule. Dès qu'elle a vu Tim, elle a été intriguée par sa beauté. Quand elle a su de la bouche de celui-ci qu'il "lui manquait une case", elle n'y a pas attaché plus d'importance que nécessaire, n'a pas traité Tim différemment, ne l'a pas considéré comme un enfant. Elle s'est intéressée à un moyen de l'aider sans pour autant vouloir le changer. Mary rencontre un professeur travaillant avec les handicapés mentaux, pour connaitre les limites de Tim, pour ne pas tomber dans un "quand on veut on peut". Elle ne veut pas blesser Tim, elle est consciente qu'il ne sera jamais comme tout le monde, elle veut juste lui apporter des choses différentes. Aussi, elle lui apprend à lire, à écrire, mais toujours des choses à la portée du jeune homme. Elle lui donne des choses que la famille de Melville n'a pu lui donner. Mary ne joue pas les bienfaitrices, elle ne veut pas être meilleur que les parents de Tim, il n'y a pas de rivalité entre elle et la famille du jeune homme, mais une entraide, une complémentarité.
Les parents de Tim ont conscience que Mary a ouvert un autre univers à Tim, et plutôt que de s'en offusquer ils décident de s'ouvrir à Mary sur certaines décisions concernant Tim. Souvent un regard extérieur à une situation permet de mieux évaluer les choses, il apporte une ouverture à laquelle nous n'aurions pas pensé.

Tim ne se pose pas de questions. Il aime ses parents, sa soeur, Mary. Il place tout le monde sur le même niveau. Il est bien élevé, conscient de ses limites, il se réjouit de ses découverts, il est heureux car il vit dans un univers stable.

Tout va basculer à la mort de sa maman. Son père demande à Mary de venir chercher Tim afin qu'il n'assiste pas à l'enterrement. A cet instant, la soeur du jeune homme émet à l'encontre de Mary des allusions particulièrement déplacées sur ce qui se passe entre Tim et Mary. Elle insinue que Mary profite de son frère attardé pour le mettre dans son lit, assouvir ses envies de vieille fille, ce que tout le monde raconte en ville d'ailleurs. Mais à cet instant, entre les deux amis, il n'y a rien. Mary ne profiterait jamais de Tim. Sa présence lui suffit, elle est ancrée dans l'idée qu'à son âge, plus d'amour, plus de mariage, plus rien. Alors, l'amour qu'elle porte à Tim, même platonique lui suffit, sa présence lui suffit.
Monsieur Melville comprend que c'est auprès de Mary qu'il doit trouver un soutien après le décès de sa femme. Il accepte son invitation à séjourner quelques temps dans sa maison de la plage, pendant qu'elle se trouvera en ville. Mary et Monsieur Melville se rapprochent, comme deux amis, et rien d'autre. Mais Tim ne voit pas les choses ainsi. Il pense que Mary ne l'aime plus car elle donne de l'affection à son père. Il ne comprend pas que le soutien de Mary pour son père n'a pas à voir avec les gestes de tendresses qu'elle a à son égard.

C'est à ce moment que Mary comprend que Tim l'aime, avec les mêmes sentiments qu'elle lui porte. Elle en est bouleversée, et va demander conseille à son ami, le professeur. Il lui conseille de l'épouser, puisqu'ils ont les mêmes sentiments. Mary accepte, ainsi que Monsieur Melville. Pour ce dernier, c'est aussi l'assurance que son fils ne sera pas seul, et surtout qu'il sera avec quelqu'un qui prendra soin de lui, quand lui mourra. Pour Mary et Tim, c'est un mariage d'amour. Mais pour la soeur de Tim, il s'agit là de la perversion d'une vieille fille.

Quant à son tour, Monsieur Melville vient à décéder, on assiste à une confrontation entre le frère et la soeur. Tim explique son point de vue à sa soeur, et les choses s'aplanissent. On peut dire que tout rentre dans l'ordre, les querelles s'oublient, pour le bonheur de Tim.

La fin est un peu ... facile. Je n'ai pas lu le livre, donc j'ignore si les choses sont plus approfondies, au niveau des relations, ou si tout est plus ou moins suggérer comme dans le film. Il n'en demeure pas moins que l'amour ne souffre pas des différences, quand il est pur. En tout cas, c'est le message que délivre ce film.



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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 05:04


Le film :

Nous sommes dans la petite ville de Delf, au XVII°sc. Johannes Vermeer habite avec femme et enfants chez sa belle-mère. La famille vit grâce aux tableaux que fait le peintre sur commande pour un mécène hollandais. Sa femme a bien du mal à comprendre l'art de son mari. Depuis qu'un jour de fureur, elle a tailladé une des toiles de Vermer, elle ne pénètre plus dans l'atelier de celui-ci.
Enceinte à nouveau, elle doit engager une nouvelle bonne. Ainsi, arrive dans leur vie, la jolie Griet. Très vite, une des filles de Vermeer prend en grippe Griet et veille à attirer sur celle-ci les foudres de sa mère.
Le peintre se rend vite compte que la bonne s'intéresse à sa peinture, mais en plus, la comprend. Il l'initie à l'art de fabriquer les couleurs, et finit par lui demander de poser pour lui. Naîtra La Jeune Fille à la perle, tableau qui rejoindra la collection privée du mécène de Vermeer, et vaudra à Griet son renvoi.

Ce que j'en ai pensé :

Un Colin Firth (vous savez, monsieur Bridget Jones) campant un Vermeer taciturne, silencieux, tourné vers son art, assez peu présent finalement dans le film, où Scarlett Johansson a le rôle phare.

Vermeer ne semble vivre que pour son art. Il a son atelier, fait de brèves apparitions. Il se soumet à sa femme, à sa belle-mère, qui, se charge de lui trouver des commandes de tableaux pour les faire vivre. Le peintre apparaît comme un homme effacé.
Lorsque Griet entre dans la maison, il ne se rend compte de sa présence, que lorsque cette dernière lave les vitres de l'atelier, donnant ainsi une lumière différente à la pièce. C'est aussi à cause de la lumière captée par son visage que le peintre va s'intéresser à elle. D'abord, il lui expliquera les couleurs, certaines techniques de peinture, il lui montrera les perspectives, il lui apprendra à créer les couleurs, et finira par lui demander de poser pour elle, à la demande de son mécène pour un tableau qui rejoindra la collection privée de ce dernier.
Griet a un amoureux, Pieter, le fils d'un boucher de Delf. Dans le peuple, tout le monde désapprouve que la jeune femme puisse poser pour le maitre, car la dernière jeune femme qui posa pour lui, se trouva engrosser par le mécène.
Griet ne se laisse pas faire. Elle est secrètement amoureuse de Johannes Vermeer, celui-ci a aussi des inclinaisons envers la jeune femme, mais rien n'arrive entre eux, que des gestes et cette peinture. Cette peinture qui selon la jeune femme, est le reflet de son âme vu par Vermeer.

La femme de Vermeer est profondément jalouse, et sa fille, Cornélia, sent que son père et Griet ont des sentiments. Elle fait tout pour que la bonne soit chassée, en vain. Car la belle-mère a besoin que le tableau soit terminé pour renflouer les finances de la famille. Elle sera complice du peintre et de la jeune servante, derrière le dos de sa fille. Mais Cornélia veille et dénonce sa grand-mère lorsqu'elle découvre que celle-ci a prêté à Griet les boucles en perle de sa mère pour la peinture.
La femme de Vermeer entre dans une forte colère, exige de voir le tableau et comprend que son mari a trouvé dans Griet quelque chose qu'elle ne possède pas. Elle tente de détruire la peinture, mais doit se contenter de renvoyer la jeune femme. Celle-ci partira sans que Vermeer ou sa belle-mère n'aient un geste envers elle. Ce n'est que plus tard, que la cuisinière des Vermeer viendra lui porter les boucles en perle.

Que penser de ce film ? Historiquement, il participe à une légende autour d'un tableau de Vermeer, légende ayant fait l'objet d'un livre de Tracy Chevalier.

Ce qui est réellement intéressant dans ce film, c'est la relation entre le peintre et la jeune Griet autour de l'art. Si la jeune femme se dévoue à son maitre, lui se montre exigeant et sans compassion. Elle doit l'assister dans son travail, sans que ce dernier n'accepte qu'elle puisse avoir autre chose à faire, et que cet autre chose soit ce pourquoi elle a été engagée. Peu importe à Vermeer, à elle de se débrouiller. Une nouvelle fois, nous nous retrouvons dans la même stéréotype de l'artiste à qui l'on doit tout sacrifier et qui, une fois obtenue ce qu'il désirait, se contrefiche de qui l'a aidé.

C'est un film sans prétention, qui n'existe finalement qu'autour du tableau. On enlève le tableau, le film n'est plus.
Par contre, cela m'a donné envie de lire le livre dont est tiré le film, afin de voir si le livre est plus profond.




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7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 05:02


Le site officiel du film.


Le film :

Bob arrive à Tokyo pour tourner une publicité. Il se retrouve dans un hôtel immense, avec à ses basques tout un staff, visant à lui faciliter la vie durant son séjour. Bob est à un moment de sa vie où sa vie de couple le laisse indifférent, sa femme est plus occupée par la décoration de leur maison que par leur relation, où sa carrière d'artiste n'est pas ce qu'il voudrait qu'elle soit. Dans ce même hôtel se trouve Charlotte, mariée à un photographe. Elle vient de finir ses études de philosophie et se demande dans quelle direction elle doit engager sa vie. Son mari n'est pas très attentif, ne regarde plus les choses comme elle, à moins que ce ne soit elle qui ne regarde plus dans le même sens que lui. Bob et Charlotte se trouvent, et finissent par passer du temps ensemble.

Ce que j'en ai pensé :

Chacun de nous, dans sa vie, à un moment où à un autre s'est trouvé une fois à la place de Bob ou Charlotte, je dis une fois, mais c'est plutôt au moins une fois dans sa vie. Pour différentes raisons. La plus simple, la conscience de sa propre vie. Cela suffit à se trouver Lost in Translation. Chercher à donner un goût à sa vie, un sens, une direction. Retrouver le goût d'avancer lorsque nous avons l'impression de tourner en rond, tout au plus de faire du surplace.

Bob regarde sa vie avec un certain sarcasme. Il est à un point où il joue à être, en a conscience, et ne sait sans doute plus ce que être veut dire.
Charlotte n'en peut plus de ce mari fantôme qui la laisse seule dans cette ville démesurée. Elle s'occupe en visitant la ville, les temples boudistes, en sortant avec des amis rencontrés aux USA.
Si Bob sait que sa vie telle qu'elle est n'est pas ce à quoi il aspire, Charlotte s'interroge sur ce qu'elle veut, sur ses choix, ceux à venir, et ceux qu'elle a fait. Il n'y a pas ce questionnement chez Bob, il subit. Il ne remet pas en question ses choix, ni passé, ni à venir, car c'est un peu comme s'il n'y avait pas d'avenir à construire, mais juste un avenir à subir.

Ils se rencontrent, s'approchent, se découvrent, font chacun un pas l'un vers l'autre. Ils passent du temps ensemble. Charlotte entraine Bob dans ses questionnements, mais aussi dans ses découvertes. Celui-ci semble alors revivre, même si c'est dans un monde où il n'a pas forcément sa place, il profite, vit.

La relation entre Charlotte et Bob est assez ambigüe. La séduction est là, le trouble aussi. Surtout dans l'attitude de Charlotte, puisque c'est elle qui se cherche, elle est dans la séduction, le besoin de se rassurer sur son charme, sans vouloir pour autant que ce jeu aboutisse dans une relation concrête. Bob le sait, il a comme une petite fille face à lui qui essaye de voir si son charme agit sur papa pour obtenir ce qu'elle veut. A aucun moment Bob ne profite de la situation. Après tout pourquoi se perdre encore plus dans leur vie en engageant une relation qui serait forcément morte avant de naître. Alors malgré tout cela, malgré le jeu de la séduction s'établit entre eux le respect, le total respect de l'autre et de son désespoir, ce respect qui fait que, même si leur rencontre n'est qu'éphémère, même s'ils ne se reverront probablement jamais, leur rencontre est une rencontre qui va indéniablement bouleverser leur vie. Bob, à travers Charlotte, va retrouver le goût de la vie. Charlotte, grâce à la présence de Bob, son écoute, va donner du goût à sa vie, celui de la confiance en soi.

L'importance du lieu a propablement sa place dans ce film. La démesure, la déstabilisation dûe au choc des cultures, tout tend à prendre conscience de sa vie, à se remettre en question, à se poser des questions. Tokyo, et l'effroyable décallage horaire auquel les protagonistes ne parviennent à s'habituer. Tokyo qui permet des expériences délirantes, dans un univers délirant.

Lost in Translation, deux personnes perdues dans leur vie respective qui se trouvent, se donnent le goût de la vie, et se séparent.

Lost in Translation, cela aurait pu être un film déprimant, sur deux personnes qui dépriment. Lost in Translation, c'est un film vivant, drôle, grave aussi, sur deux personnes qui se savent vivantes mais qui ne savent plus comment se le faire savoir.

Ce film m'a donné envie de revoir Virgin Suicide, de Sofia Coppola, car j'y ai retrouvé son univers particulier, qui montre un moment de vie en profondeur sans tomber dans la surabondance, la superficialité, mais toujours dans la justesse.

Un Bill Murray dans un rôle sur mesure, et une Scarlett Jonhanson nature. A chaque fois, je la vois dans des rôles très différents, et à chaque fois je suis bluffée. Je ne la trouve pas jolie, je lui trouve les traits épais, et pourtant, je trouve qu'elle dégage un charme, une douceur, un petit truc en plus qui la rend belle.






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