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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 00:41


Le film :

Nora est célibataire. Sa meilleure amie fête ses cinq ans de mariage. Sa mère la tanne parce qu'elle n'est pas encore mariée. Elle a un job qui ne la passionne pas, des hommes passent dans sa vie sans jamais s'arrêter. La vie à deux, elle ne connaît pas. Elle s'enlise, s'angoisse. Jusqu'au jour où elle ose aller à une soirée organisée par un de ses collègues et rencontre Julien, le français.

Ce que j'en ai pensé :

Nora est jeune, belle et surtout engluée dans sa vie. Emprisonnée dans un stéréotype de société, d'idéal social : toute jeune femme se doit d'être mariée. Seulement, la vie, ce n'est pas un super marché, et trouver l'homme avec qui nous ferons un bout de chemin, ce n'est pas innée, cela ne se choisit pas comme nous choisirions une pièce de boeuf pour le barbecue du dimanche. Et pourtant, si une femme est seule, c'est forcément qu'elle est difficile.

Comme je comprends Nora. Parfois, être seule, c'est simplement ne pas avoir rencontré "l'homme" qu'il nous faut, et préférée ne pas être avec quelqu'un, faire semblant que, alors que nous savons que tout est pipeau. Etre aimé oui, mais pas à n'importe quel prix. Aimer oui, mais pas à tout prix.

Et c'est sans doute pour cela que Nora n'a jamais eu de relations suivies, ne sait pas ce que c'est la vie de couple, la vie à deux, les sorties à deux. Nora ne connaît que les parties de jambes en l'air, que les hommes qui profitent de ce désespoir qu'ils perçoivent, ce désespoir d'être aimé et d'aimer, et qui fait que le premier qui dit "tu es belle ..." sera celui qui la cueillera pour une nuit et pas pour la vie.

Nora ne comprend pas où cela cloche. Le mari de sa meilleure amie prétend que c'est parce qu'elle choisit mal les hommes. Mais je ne pense pas que ce soit une explication satisfaisante. Qui peut comprendre la solitude, s'il ne l'a pas vécu lui-même dans ses chairs ? Qui peut comprendre la solitude, s'il n'a pas été rongé par celle-ci, au point que même une tendresse fausse, passagère nous semble mieux qu'un rien du tout ?

Nora se perd dans l'alcool, les médicaments, l'angoisse. Elle erre dans sa propre vie, accomplit son job comme il se doit. Et cherche des solutions.

Puis il y a cette soirée chez son collègue, qu'elle n'apprécie que moyennement. Et la rencontre avec Julien. Pourquoi se comporte t elle différemment avec lui ? Pourquoi ne se laisse t elle pas conter fleurette, embrasser ? Et pourtant, elle ne se sent pas en danger avec lui. Il se comporte aussi différemment des autres hommes. Il la respecte.

L'attirance entre eux est indéniable. Ils vivent deux jours de bonheur, et puis, une rencontre avec un ami de Nora, et elle pète un cable. Elle se rend compte de ses lacunes en matière de couple, et cela la renvoie à trop de questions sur ce qu'elle vit ... elle ne supporte pas. Julien se montre compréhensif. Il part, revient, et lui annonce qu'il repart pour Paris. Il dit tout, sans mensonge. Il l'invite à le rejoindre, à partir, à vivre.

Nora n'est pas prête. Parce que quitter sa vie doit être son choix. Mais cette rencontre fait un déclic en elle. D'abord son job, elle ne fait plus semblant. Elle démissionne. Et décide de partir à Paris retrouver Julien. Sa meilleure amie, dont le mariage bat de l'aile, lui propose de l'accompagner. Elle a un plan pour ne pas payer le billet aller-retour. Elles doivent chacune déposer un paquet à Paris. Nora chez une vieille femme (jouée par Bernadette Lafont) et son amie chez un homme (elle aura une brève aventure avec ce dernier, et prendra conscience qu'elle tient à son mari).Ce que Nora entendra germera en elle. Au moment de rentrer à New York, Nora décide de rester, de chercher Julien dont elle a perdu le téléphone, de vivre sa vie, de découvrir la ville. Quand elle a trouvé ce qu'elle cherchait, c'est à dire elle-même, elle se décide à rentrer. C'est à ce moment qu'elle tombe sur Julien, par hasard dans le métro.

La vie ne fait que nous proposer des choses. Ou nous les saisissons, ou nous ne le faisons pas. Ce n'est pas une question de chance, ce n'est pas une question de je ne sais quoi. Non, c'est une question d'être capable de saisir ou pas, d'oser ou pas, de vivre ou pas.

Le jour où Nora décide de sa vie, décide d'aller à sa propre rencontre, décide d'oser vivre vraiment, Nora se rencontre. Et elle choisit, et ne laisse plus les autres choisir.
Quand Julien retourne en France, Nora n'est pas capable de choisir ce qu'elle veut. Quand elle le retrouve, elle est capable de décider ou pas, de ce qu'elle veut ou pas avec lui.

La vie, c'est cela finalement. Choisir ou subir.

Le film est loin des superproductions hollywoodiennes avec une pellicule et des acteurs aseptisés zéro défaut ... et puis le détail qui tue ... j'adore dans les films, la nana qui sort du lit après une nuit de sexe et qui a toujours sa petite culotte et le teint frais. Je suis jalouseeeeeeeeeeeee ! où est ma petite culotte le lendemain, où est le teint frais ? Non, trèves de plaisanteries, un film ancré dans notre vie d'aujourd'hui, avec juste ce qu'il faut de rêve pour montrer que la réalité, c'est quand même chouette, bien plus que les trucs guimauves et aseptisés.




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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 00:18


La Bande Annonce.


Le film :

Parce qu'il a rêvé de la guerre du Liban, vingt ans après, un ami de Ari le fait venir dans un bar pour lui raconter ce qu'il a vu. Vingt six chiens hurlent à la mort contre lui, sous ses fenêtres. Pourquoi 26 ? Parce que c'est le nombre exact de chiens qu'il a tué durant la guerre en 1982, dans les villages entourant Beyrouth. Ari prend conscience qu'il n'a gardé aucun souvenir de cet épisode tragique qu'il a lui-même vécu. Suite à cette rencontre, il a une hallucination, il se voit sortir de l'eau accompagné de deux autres soldats. Ari va voir un de ses amis psy afin que celui-ci l'aide à comprendre. Le meilleur conseil de ce dernier sera de retrouver les soldats avec qui il se trouvait au moment tragique du massacre de Sabra et Shatila. Ari part en quête de souvenirs qui sont autant de témoignages de cette guerre.


Ce que j'en ai pensé :

Est-ce un film sur le massacre de Sabra et Shatila ou un film sur la mémoire ? Les deux.

Ari Folman réalise ici une oeuvre autobiographique. Entré dans l'armée à 17 ans à peine, il en a 20 quand il vécut de l'intérieur, le massacre de Sabra et Shatila, dont il ressortira changé à jamais.



L'histoire de Sabra et Shatila.

 Le 6 juin 1982, sous le prétexte de la tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israëlien à Londres, l'armée Israëlienne alors sous la coupe de Ariel Sharon, envahit le sud du Liban, pour une opération nommée "Paix en Galilée". Le 18 juin, l'armée  cernait l'OLP (organisation de libération de la Palestine) située dans la partie occidentale de Beyrouth. Un cessez le feu sera signé mais le 11 septembre 1982, Sharon annonce que 2 000 terroristes sont restés à l'intérieur des camps de réfugiés de Sabra et Shatila.  Le 15 septembre, l'assassinat de Bachir Gemayel, chef de la milice phalangiste (
groupement politique et paramilitaire d'inspiration faciste) allié d'Israël et fraîchement élu à la présidence du Liban, accélère les choses. L'armée encercle et boucle les camps de Sabra et Shatila. Le 16 septembre, un seul ordre : ratisser et nettoyer les camps. Ce sera fait par les phalangistes, avec le soutien de l'armée israëlienne.
Au matin du 16 septembre, les obus tombent sur les camps pendant que les snipers israëliens tirent sur les gens qui sont dans les rues des camps. A midi, les forces libanaises pénètrent par le sud et le sud ouest de Chatila. A 17h, cent cinquante phalangistes entrent dans les camps.
Durant 40h, ils violeront, tueront, blesseront les civils palestiniens, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Ils saccageront et pilleront les deux camps et tout ceci avec l'aval et le soutien des forces israëliennes. On dénombrera entre 700  et 3 500 civils massacrés dans Sabra et Shatila. Aucune enquête ne sera ouverte sur cette tragédie humaine. Ariel Sharon ne sera inquiété qu'en 2002 ... vingt ans après le massacre ...

Le film d'animation de Ari Folman retrace ce bout d'histoire sans complaisance. La mémoire retrouvée doucement.

Tout commence par le rêve troublant de son ami, qui le met face à sa réalité. De Sabra et Shatila, il a tout oublié. Il y était mais il a tout oublié. Cependant, cet élément extérieur vient réveiller en lui des peurs. A son tour, il a une vision de ce qu'il a vécu. Ari émerge de l'eau, face à Beyrouth. Il est avec deux soldats, ils sont nus. Ils se dirigent vers la berge, se vêtissent, et avancent dans la ville. Soudain Ari se trouve parmi des femmes vêtues de noir, aux visages déformés par la souffrance et les peurs. Ce rêve est le leitmotiv du film car il incarne la mémoire sélective, la mémoire vivante qui est en chacun de nous.

Ari a besoin de savoir, de retrouver vingt ans après les souvenirs de ce qu'il a vécu. Il se rend alors chez son ami psy. Selon ce dernier, Ari doit rencontrer les soldats qui étaient avec lui, reccueillir leurs souvenirs, voir si cela éveille des choses. Son ami le met aussi en garde contre la mémoire, qui est une chose vivante, qui peut s'approprier des souvenirs des autres, et s'intégrer dans ces derniers.
C'est à l'issue de sa première rencontre avec un des soldats de sa vision qu'Ari va commencer à se rappeler. Au fur et à mesure des témoignages qu'il reccueille, ses souvenirs ressurgissent. Ari retourne voir son ami, et lui explique qu'il n'arrive cependant pas à comprendre son rêve. Celui-ci suggère alors que l'eau représente ses peurs, ses sentiments enfouis. Il soulève la question de savoir s'il a vécu un autre massacre. Et Ari évoque ses parents qui ont tous les deux connus Auschwitz. Difficile de ne pas faire le rapprochement entre les juifs massacrés dans les camps nazis et ce que l'armée israëlienne a orchestré et laissé faire à Sabra et Shatila.



Il est intéressant que Ari Folman est présenté différents points de vue sur les événements. La manière dont ces jeunes ont vécu cette guerre.
Je retiens l'impression d'insouciance qu'ils avaient en partant à la guerre, l'inconscience sans doute. Et puis la découverte, l'apprentissage, l'horreur ... tuer des gens, voir tuer des personnes qui sont à côté de vous. Chacun a des souvenirs qui lui sont propres, parce qu'ils sont le reflet d'une personnalité, d'un ressenti, d'un vécu et aussi d'un oubli. Les souvenirs sont souvent des métaphores du vécu réel, quand le réel est trop insoutenable à exister en soi tel qu'il est.

A un moment du film, Ari dit qu'il n'a pas envie de savoir qui il était à ce moment là, il n'a pas envie de rencontrer le jeune homme qu'il était, il n'a pas envie de voir un jeune homme qu'il pourrait ne pas aimer. J'ai aimé la sagesse de son ami psy, qui calmement lui répond que si, il doit savoir, il en a besoin sinon pourquoi aurait-il eu cette vision. Il faut oser affronter qui nous avons été, pour savoir qui nous sommes. Il faut savoir aussi regarder nos actes en face pour comprendre pourquoi notre mémoire les a effacés.

Ari ira au bout de ses souvenirs, il affrontera la vérité, la réalité. Il était jeune. Vingt ans après, il prend conscience que si les phalangistes ont pu perpétrer les massacres de Sabra et Shatila, c'est parce que l'armée israëlienne, Sharon les a aidés, soutenus. Que lui-même, membre de cette armée a participé inconsciemment à ces massacres. Il en prend conscience en remettant les pièces du puzzle en place. Ari explique à son ami que les phalangistes perpétuaient leur tuerie même la nuit, y compris la nuit, surtout la nuit, parce que le ciel était sans cesse éclairé ... et si la nuit restait lumineuse, c'est parce que des soldats juchés sur les toits des immeubles entourant les camps lançaient dans le ciel des fusées éclairantes, et que lui-même faisait parti des soldats qui envoyaient ces fumigènes.

Ari Folman a su parfaitement faire de son film un documentaire autobiographique (puisque Ari, c'est lui, puisque les personnes interviewées existent réellement) à la fois sur la guerre et sur la complexité de la mémoire. S'il parvient à cela, c'est parce qu'il a su jouer avec la technologie et l'image. Plutôt que de jouer son rôle et de faire jouer ses amis, ils sont devenus des personnages animés, dessinés, singés. Seules les voix sont celles des personnes existantes (j'ai vu le film en hébreux). L'utilisation du film d'animation est subtil pour montrer que la mémoire fait ou refait son film, d'autant plus subtil qu'il y a des moments où le dessin est si réaliste que nous avons l'impression de voir des images filmées. Cela marque le décalage entre le vécu et le souvenir. Il faudra attendre la fin du film pour retomber dans la réalité. Il faudra attendre que Ari se souvienne entièrement de ce qu'il a vécu, le rôle qu'il a eu (lancer des fusées éclairantes au dessus des camps, ce qui a permis aux phalangistes d'accomplir leur génocide) à Sabra et Shatila pour que nous retrouvions une réalité humaine par le truchement des photos prises et publiées dans le monde entier, à la découverte du massacre des deux camps.

J'ajouterai que si le film se nomme Valse avec Bachir, c'est parce que la musique tient une grande place dans ce film, parce que la musique accompagne ses jeunes comme une force intérieure, parce que la musique tient toujours une grande place dans la vie d'un jeune, parce que l'on souvient toujours de la musique du moment, bien plus que de la date réelle. Quant à Bachir, il est celui par qui, cela est arrivé. C'est parce qu'il a été assassiné que les camps furent encerclés et bouclés, ce sont ses partisans qui ont proféré les massacres.

C'est un film profondément humain, à la fois étonnant et fascinant, grâce à sa réalisation à la manière d'un documentaire.

A la fin du film, quand Ari se rend compte de ce qu'il a fait, j'ai pensé qu'il avait reproduit ce que nombre de personnes ont fait durant la Seconde Guerre Mondiale. Il n'a pas compris, pas voulu comprendre, pas réalisé le drame humain qui se déroulait sous ses yeux, comme tous ceux qui étaient avec lui. Parce qu'il y a des règles, parce qu'il y a des ordres, parce qu'on ne nous demande pas de penser mais d'exécuter. J'ai pensé aussi que Israël reproduit avec les palestiniens ce que les nazis leur ont fait. Il (l'état) se venge sur les palestiniens. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que, qui mieux que eux, eux plus que quiconque, devraient comprendre dans leur chair, dans leur âme qu'on ne peut pas tuer impunément les gens parce qu'ils sont différents de nous.
Je suis surprise de voir que les travers de l'état d'Israël soient pointés par ses enfants. Les choses sont dites. Oui Israël est aussi responsable des massacres de Sabra et Shatila, et oui, il a laissé faire, et oui, il a même donné son aval, il a même appuyé et aidé les phalangistes.

N'hésitez pas à lire aussi ma chronique sur
Les Citronniers de Eran Rikis.

A lire,
Le génocide de Sabra et Shatila.

Et puis, surtout aller voir 
Valse avec Bachir.



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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 00:50



Le film :

George Hogg est un jeune journaliste britanique, fraîchement débarqué d'Europe, pour couvrir l'invasion de la Chine par les Japonais, au milieu des années 1930. Le monde entier sait que les envahisseurs mettent à sang et à feu le pays, et en particulier la ville de Nankin. Aucun journaliste ni photographe ne peut se rendre là-bas. Cependant,  Hogg, grâce à un pacte avec un jeune infirmier, réussit à se rendre à Nankin. Arrivé dans une ville dévastée, Hogg arpente les quartiers, confronté à l'horreur humaine. Il assiste impuissant au massacre de centaines de chinois et malgré le choc, il photographie pour que le monde sache. Hogg est découvert et condamné à mort. Au moment où sa tête va tomber sous la lame d'un sabre, un partisan anti-nippon, Jack, lui sauve la vie. Blessé, il sera soigné par Lee, la belle américaine dévouée à la population chinoise. Jack ne pouvant garder Hogg avec lui, l'envoie sur les conseils de Lee, à Huang Shi. Le jeune britanique découvre un orphelinat abandonné où vit une soixantaine de jeunes garçons. Doucement, il réussit à leur redonner le goût de la vie. Mais l'armée japonaise se rapproche. Hogg décide alors de suivre la route de la soie de Marco Polo afin de mettre les enfants en sécurité.

Ce que j'en ai pensé :

Certaines images de ce film sont très violentes et ne sont pas sans rappeler ce que feront, quelques années plus tard, en Europe, les Allemands. On se souvient forcément quand temps de guerre, les attaquants n'aiment pas que l'on voit, que l'on sache ce qu'ils font. Ils préfèrent dire que le monde ne doit pas savoir, car le monde ne comprendrait pas, alors que nous savons surtout que si le monde savait, il ne pourrait l'accepter. Quoique tout est relatif dans notre société, nous savons qu'il y a des massacres sur terre, que de hommes tuent d'autres hommes au nom d'une religion, d'un territoire, etc. et le monde laisse faire parce que cela ne nous regarde pas, surtout s'il n'y a aucun intérêt économique dans le dit pays ...


Petit rappel historique pour situer le climat politique du film.

Le dernier empereur P'ou Yi abdique en 1911, il est alors âgé de 5 ans. Il vivra de longues années emmuré dans la Cité Interdite à Pékin. (cf
Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci). Un an plus tard, la République de Chine voit le jour et à sa tête Sun Yat-Sen. Mais celui-ci n'ayant pas la carrure pour s'imposer à la tête du pays, il est évincé par Yuan Shikai, le chef de guerre, qui transfert le gouvernement à Pékin (il était à Canton), signe un traité avec la Russie et endettera la Chine de 25 millions de Livres Sterling en investissant à l'étranger.
En 1916, la Chine accepte le protectorat nippon devant les insistances des occidentaux pour que Yuan Shikai rétablisse la République.  Quand il meurt subitement, le Japon annexe Shandong, la Mongolie et la Mandchourie. Le pouvoir central s'effondre, et les Warlords règnent sur leur fief. Ce fut un véritable retour en arrière de 2500 ans et durant cinq années, la Chine sera livrée à des pillages incessants ainsi qu'à la désolation.
En 1921, Sun Yat-Sen de retour de son exil nippon, devient une nouvelle fois président de la République de Chine. Il trouve dans la Russie un nouvel allié. Parallèlement, naît le Parti Communiste Chinois dont le but est d'adapter à la réalité chinoise, la théorie léniniste du prolétariat ouvrier.
En 1926, Chiang Kai-Shek prend la direction du Guomindang et asseoit son pouvoir.
En 1927, il instaure à Nankin un régime à parti unique dont il prend la tête, république autoritaire qui s'éteindra en 1937 quand le Japon envahira la Chine. C'est à ce moment là que les nationalistes et les communistes se séparent définitivement.
Chiang Kai-Shek veut surtout rétablir l'ordre public. Les officiers soviétiques l'aident à soumettre les Warlords. Pendant ce temps, le Japon a nommé P'ou Yi à la tête de l'état vassal qu'il a créé 'Le Mandchukuo.
En 1931, Mâo Zedong crée la République Soviétique Chinoise. Assiégé durant trois ans, il entamera sa Longue Marche. Le Japon profite de la guerre civile chinoise pour continuer sa conquête. Cela finit par réconcilier les frères ennemis. En 1937, les japonais détruisent Nankin.

Le film commence à partir de cet acte des japonnais. Nankin. Que se passe-t-il dans cette ville que le Japon cache au monde entier ? Pourquoi aucun journaliste, aucun photographe n'est autorisé à s'y rendre ?

Le sujet du film n'est pas la guerre, le sujet du film n'est pas non plus la monstruosité des nippons. Non, cela n'est que le décor du film, le climat politique de celui-ci.

Le sujet du film, c'est l'histoire d'un jeune homme occidental voulant dire au monde entier ce qui se passe à Nankin et qui, malgré lui, se trouve embarqué dans une toute autre aventure. Envoyé à Huang Shi, parce qu'il y sera utile selon Lee, Hogg découvre un orphelinat de jeunes garçons totalement abandonné. Un seul adulte avec eux, une vieille chinoise qui leur fait les repas avec le peu qu'elle trouve ou qu'on lui donne.

Hogg n'est pas du tout content d'avoir été envoyé là, de plus les enfants sont très durs avec lui. Peu à peu, il réussit à les apprivoiser, en fait ses enfants, les aident, se donnent pour eux. Il devient leur père.

Mais la guerre se rapproche d'eux. Hogg décide alors qu'il leur faut se mettre à l'abri. Il entreprend un périple de centaines de kilomètres, vers l'ouest, sur la route de la soie de Marco Polo, dans le désert de Gobi. Il faut sauver les enfants. Le voyage va durer plusieurs mois, ils affronteront la neige, le froid et les patrouilles japonaises.

Alors que Hogg, Lee, et les enfants sont pratiquement au bout de leur voyage, ils essuient une tornade dans le désert de Gobi. C'est à ce moment que Hogg se trouve blessé à la main et n'y prête attention (j'avoue, c'était gros comme une maison qu'il avait choppé le tétanos, vu que plutôt dans le film, Lee avait insisté sur cette maladie et ses conséquences ... alors le gros plan sur la blessure m'a fait tilt). Pratiquement arrivé à destination, ils sont accueillis à bras ouvert par le maire de la ville qui leur offre un ancien temple pour se loger. C'est une fois installé que Hogg tombe malade, du tétanos bien sûr. Le vaccin n'aura pas le temps d'arriver jusqu'à lui.

Cette histoire est une histoire vraie. George Hogg a réellement existé.
(Voir ICI). Certains éléments de l'histoire ont été adaptés pour les besoins du film. D'ailleurs, heureusement que le réalisateur a misé sur l'histoire. Les personnages manquent d'épaisseur. Jonathan Rhys-Meyes est loin d'investir son personnage de Hogg. Il n'y a bien que dans les scènes avec les enfants où il tienne son rôle. On le croirait sorti tout droit d'une publicité pour une dentifrice ultra-bright. Son jeu est rigide et l'on a du mal à croire à la spontanéité de l'acteur, Rhys-Meyes a bien du mal à nous faire oublier qu'il joue  ...
Pour Radha Mitchell (Lee) et Chow Yun-fat (Jack), (acteur connu pour son rôle dans "La Cité Interdite", "Anna et le roi", "Tigre et dragon"), ainsi que Michelle Yeoh,  malgré leur 'travail' ils ne parviennent pas à donner de l'épaisseur à leur personnage.
Le scenario était donc tourné vers l'histoire plutôt que sur l'histoire ET les personnages, et le réalisateur a misé sur un jeune premier mignon, mais pas très au point d'un jeu.


Un film à voir cependant, qui vous "obligera" malgré vous, à y voir des parallèles avec la Seconde Guerre Mondiale et le comportement des allemands. La Chine a vu sa "liberté" retrouvée quand le Japon admis sa défaite lors des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Mais la Chine ne fut pas en paix pour autant. Plongée dans une nouvelle guerre civile, elle devint finalement communiste sous l'ére Mâo ... et le reste aujourd'hui encore.



Informations sur l'histoire de Chine trouvées dans Il était une fois la Chine, 4 500 ans d'histoire, de
José Frèches.
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 00:03


Le film :

Edith Gassion, fille d'une chanteuse lyrique et d'un acrobate, grandit d'abord dans le quartier de Belleville à Paris, puis tour à tour, chez sa grand-mère maternelle, kabyle puis chez sa grand-mère paternelle, tenancière d'un bordel en Normandie, juqu'au jour où son père, démobilisé, vient la chercher pour qu'elle l'accompagne dans ses tournées. De retour à Paris, celui-ci gagne leur vie en étant contorsionniste de rue. Très vite, Edith s'émancipe, et accompagnée de sa grande amie des "400 coups", Simone, elle chante dans les rues, fréquente le milieu, jusqu'au jour où elle est repérée par Louis Leplée qui décide de la mettre sur le devant de la scène. Edith Gassion devient alors "La Môme Piaf".

Ce que j'en ai pensé :

Je me méfie toujours des énormes succès commerciaux, d'autant plus que celui-ci n'a pas connu qu'un succès grand public, il a connu un succès total. Marion Cotillard a, pour ce rôle, rappelons le, rafflé tous les prix qu'une actrice puisse recevoir, du césar à l'oscar. Une véritable consécration.

Si j'apprécie la chanteuse Piaf, les différentes choses que j'avais entendu ou lu sur son comportement à autrui m'ont fait aborder le film avec un regard un peu distancié. Je n'ai donc point été surprise de ce que j'y ai vu, je dirais même, rien de nouveau sous le soleil pour moi. Je savais que cette femme avait un caractère très particulier, et qu'elle avait toujours été entourée d'hommes, qu'elle pouvait virer un de ses collaborateurs, juste parce que celui-ci se serait permis de dire ou faire une chose qui n'était pas de son goût dans l'instant.

Je regardais donc ce film d'environ deux heures, sans véritable passion, je voulais simplement voir.

Olivier Dahan nous a épargné le clichet d'une Edith née au pied d'un réverbère à Belleville. Par contre, il a su montré les relations qu'elle a eu à ses différents parents. Une mère et une grand-mère maternelle pour le peu négligentes, une grand-mère paternelle un peu particulière (je ne sais s'il est exact qu'elle fut tenancière de bordel), mais qui la couva d'amour avec ses "filles". Edith avait une santé fragile et dans le film, grâce à Titine, une des filles de joie, elle trouve non seulement une maman, mais une femme qui lui donne une raison d'y croire, en l'emenant prier Sainte Thérèse de Lisieux.



La vie d'Edith n'est faite que de rencontres. Les femmes d'abord avec Titine, qui lui offre la croyance en Sainte Thérèse, avec Simone, dite Momonne, sa grande copine soularde des jours pas faciles, avec Marguerite Monnot, rencontrée grâce à Louis Leplée, qui l'accompagnera et lui composera nombre de musique, et Marlène Dietrich (qui sera son amie jusqu'à la mort).
Les hommes surtout. Olivier Dahan a mis l'accent, dans son film, sur ceux qui ont compté dans la vie de la môme Piaf. Son père d'abord, qui découvrit en même temps qu'elle, son incroyable voix, Louis Leplée, qui lui permit de se faire un nom "La Môme Piaf", Raymond Asso qui, à force de travail, l'obligea à articuler, à donner le meilleur d'elle-même, à vivre ses chansons, Cocteau, qui lui offrit une pièce de théâtre, Contet ( qui devint son pygmalion), Marcel Cerdan (qui fut son grand amour), Jacques (qui fut son mari et qui chantait aussi), et Théo (son dernier mari).

Oui, Piaf a eu des hommes dans sa vie, et beaucoup plus ... il y eut d'abord P'tit Louis avec qui elle eut une fille, Marcelle, décédé à 2 ans, d'une ménigite foudroyante, dont on découvre l'existence, seulement à la fin du film, quand Piaf s'éteint ; Louis Leplée, Raymond Asso (qui l'aimait et qui la suivit jusqu'au bout), Paul Meurisse (Cocteau leur écrit une pièce Le bel Indifférent, et George Lacombe les fit tourner dans Montmartre sur scène, Henri Contet (son pygmalion et compositeur), Montant (avec qui elle eut une histoire, et qu'elle aida à devenir ce que nous savons), Marcel Cerdan, Aznavour (son homme a tout faire, qu'elle aida à monter sur scène, mais dont elle ne prit pas la carrière en main), Eddie Constantine, Jacques Pills, Georges Moustaki, Charles Dumont, et Théo Lamboukas (son dernier mari et amour).

Mais est-ce ce qui est important dans la vie de Piaf, ses amis, ses amours, ses amants. Je pense que oui. Car hormis quelques inconditionnels dans son entourage, les gens ne faisaient souvent que passer dans sa vie. Son caractère tyrannique, cette sorte de suffisance et de mépris la rendait quasi invivable. Partie de rien, elle est arrivée très haut. Quand le film s'est fini, j'ai pensé deux choses. La première, c'est que cette femme aurait eu une vie plus douce et plus belle, si elle avait un peu mieux respecté les autres, si elle s'était montrée plus aimable, plus aimante. J'ai pensé qu'elle aurait pu tout avoir, y compris le bonheur. Mais non, elle sortait du peuple, et on la prenait comme elle était, ou c'était la porte. A la fois vulgaire, grossière, sans gène sous couvert qu'elle était Piaf ou bien parce que Saint Thérèse la protégeait, elle s'est tout permis, surtout le droit d'être odieuse. Pas question de s'abaisser, de se remettre en question.
La deuxième chose que j'ai pensé, c'est que Marion Cotillard n'a pas eu là un rôle facile, et que cela a dû être dur de jouer une telle femme, qu'elle mérite les prix qu'elle a reçu. Elle a su investir ce rôle.

Maintenant, si je ne peux nier que c'est un très bon film, je ne l'ai pas aimé, humainement parlant, car je n'ai pas aimé cette femme, qui traitait son entourage comme de la merde, parce qu'il n'y a pas d'autres mots. Je pense qu'il n'y a sans doute que deux personnes avec qui elle a dû être différente, c'est Cerdan et Théo, parce qu'elle les a aimé d'amour.

C'est triste une vie comme la sienne. Mais Piaf n'était pas à plaindre, car finalement, elle montre que sa vie n'est que le reflet de sa personnalité, brutale.

Sa vie fût aussi à l'image de son corps fragile, qu'elle poussa à son maximum, qu'elle nia. Suite à un accident de voiture, elle devint dépendante à la morphine, à cela, il faut rajouter un alcoolisme notoire. Quand après une énième cure de désintoxication, elle arrête définitivement de boire, il est trop tard, on est en 1956, elle décèdera 7 ans plus tard, usée par ses excès en tout genre, usée par cette volonté à se croire plus forte que son corps fragile, usée par elle-même.

On ne sait pas toujours pourquoi, mais il nous reste des films que l'on voit, une scène en particulier, quelque chose qui nous touche plus que le reste. Pour ma part, ce fut le moment où Piaf se rend chez une médium, la cinquième visite de la semaine. Cette femme lui explique qu'elle ne peut pas lui en dire plus que ce qu'elle lui a déjà dit, elle demande alors, pourquoi elle veut entendre encore les mêmes choses, et Piaf de répondre Parce que j'ai besoin de me souvenir pourquoi je dois continuer à vivre. Cette phrase, la façon dont Cotillard l'a dite, la façon dont elle l'a jouée ... un cri du coeur, une vérité absolue ... parce qu'à un moment dans sa vie, quand c'est dur, trop dur, on a besoin de puiser au fond de nous les raisons qui nous poussent à continuer à vivre, à trouver le goût de continuer.

Olivier Dahan nous laisse entendre, que malgré cette chanson "Non je ne regrette rien", dont elle disait que c'était elle, ces mots, Piaf a quand même eu des regrets sur la fin, le regret de ses nombreux excès, le regret de cette petite Marcelle, morte trop tôt, trop vite, le regret de Marcel, mort trop tôt lui aussi.

Alors, Piaf comme un tyran génial, une femme invivable mais fascinante ? Avec le recul, j'ai repensé à la sortie du film, et je me suis faite la réflexion, ceux qui l'ont connu n'ont pas décrié le film de Dahan, personne n'a crié au scandale devant ce que Dahan a montré de Piaf ... sans doute parce qu'il a montré Edith Gassion telle qu'elle était, quelqu'un qui a bouffé la vie par les deux bouts, peu importe les dommages, peu importe les souffrances ... il fallait vivre, et ce à tout prix, à n'importe quel prix.

Je sais, en ayant discuté autour de moi, que certains ont été déçus de découvrir qu'elle était ainsi. Pour moi, cela n'enlève rien à son talent, j'aime ses chansons, mais je n'aurais pas aimé la rencontrer, je crois que je l'aurais détestée, en fait.





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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 05:04

Le film :

Paul est prof de maths et marié à Mary. Il fume beaucoup, et ce, malgré son attente de transplantation cardiaque. Christina, ancienne junkie, est mariée à Michaël, avec qui elle a deux petites filles. Jack est un ancien gangster qui s'est tourné vers la foi et en a fait sa raison d'être, mais son passé le poursuit et lui fait perdre son nouveau job. Cela le rend furieux contre Dieu, il se remet à boire, brûle un feu, fauche Michaël et les deux fillettes et s'enfuit. Christina, malgré le choc, accepte de donner les organes de Michaël. Paul va donc vivre grâce au coeur de celui-ci.
Jack se rend à la police. Paul recherche la personne à qui il doit la vie. Trois destins liés à jamais.

Ce que j'en ai pensé :

Est-ce un film difficile ? Incontestablement oui. Dans tous les sens.

Cinématographiquement, il faut suivre attentivement le début, car le réalisateur joue avec son spectateur. Il se permet de l'embrouiller dans des séquences décousues qui semblent n'avoir ni queue ni tête. Tantôt avec Jack, tantôt avec Paul, tantôt avec Christina. Imaginez que nous soyons au jour J, mais que nous ne le sachions pas, et que nous naviguions sans cesse de J à J-15 à J-2 à J à J-6 à J-15 à J etc ... et à force de naviguez, nous reconstituons peu à peu le destin des personnages, nous saisissons le drame de ses trois vies.

La mort est le sujet central, la mort est ce qui lie les êtres, parce que la mort est la seule chose dont nous ayons la certitude.

Nous entendons en voix off, Paul qui évoque ce que représente la mort, et cette perte de 21 grammes. Il semblerait que lorsque nous décédons, notre corps se déleste de 21 grammes. Mais que sont ces 21 grammes ? Que perdons nous au moment de notre dernier voyage ? Notre âme qui s'envole ? Nos souvenirs qui s'échappent ? Que sont ces 21 grammes ?

Ce qui est intéressant dans ce film, ce sont ces trois personnages.

Paul (Sean Penn). La quarantaine désabusée. Malade du coeur, il continue à fumer en cachette pour pouvoir bénéficier d'une greffe du coeur, mais on sent bien qu'il n'est guère convaincu par tout ça. A ses côté, sa femme Mary (Charlotte Gainsbourg) dont il a été séparé et qui est revenue. Elle s'occupe de lui, et veut un enfant, à tout prix, n'importe quel prix. Elle ne veut que sa semence, s'il décède, ce n'est pas grave, elle aura l'enfant. Paul ne veut pas d'enfant avec elle, mais il accepte de lui donner son sperme. En fait, il vit avec elle parce qu'elle est revenue. Il ne l'aime plus, ne l'aime pas. Il ne s'intéresse pas à elle. Il n'a plus de but dans sa vie. Aussi quand il reçoit ce coeur qui lui permet de vivre de nouveau normalement, il se créer un but, savoir qui est mort pour que lui vive. C'est ainsi qu'il découvre Christina (Naomi Watts), la femme et la maman éplorée, et Jack(Benicio Del Toro), le meurtrier involontaire. Il veut connaitre la vie de l'homme dont il a le coeur. Petit à petit, il découvre surtout Christina, s'attache à cette femme brisée, et commence à l'aimer. Paul lui avoue qui il est, parce qu'il veut être honnête, il la respecte, lui tend la main, veut soulager sa souffrance. Christina, d'abord choquée de savoir qui il est le rejette, puis reprend contact avec lui. Ils s'apprennent et s'aiment. Paul veut aider Christina à dépasser sa colère contre Jack.

Jack n'a pas eu la vie simple. Gangster, il a purgé sa peine, cherche un emploi, s'est retourné vers Dieu. Mais son amour de Dieu lui fait oublier l'amour des siens. L'éducation qu'il donne à ses enfants en pâtit, car elle n'est pas juste, basée sur la Bible, un côté passéïste difficile à comprendre et pour sa femme et pour ses enfants. Jack est surtout un homme perdu, qui cherche à retrouver une dignité. Quand il fauche Michaël et les fillettes, il s'enfuit dans un accès de panique. Alors que sa femme le supplie de ne pas se rendre à la police, alors qu'elle va laver le 4X4 pour cacher le délit, lui choisit d'être un homme, et d'assumer ses actes. Il se rend à la police, est jugé, et va purger sa peine. Quand il s'en sort, Paul et Christina vivent ensemble. Paul a découvert qu'il devra subir une nouvelle transplantation. Christina n'a pas encore surmonté son chagrin et se drogue de nouveau. Paul a compris qu'elle ne pourra dépasser cela que lorsqu'elle se pensera venger. Jack a quitté sa femme et vit dans un motel. Le couple le retrouve et Paul veut le tuer, mais se trouve incapable de tuer de sang froid. Il laisse un Jack effondré, et retourne voir Christina, disant que le problème est réglé. Mais Jack ne se sent pas quitte, il surgit dans leur chambre d'hotel. Christina déverse alors sa rage contre lui, le frappe avec ce qu'elle trouve. Paul se meurt de son coeur malade, saisit l'arme et se tire une balle dans ce même coeur. Christina reprend pied, supplie Jack de l'aider. A l'hopital, Paul est en situation critique, Christina veut lui donner son sang et découvre qu'elle attend un bébé de lui.

Ce film sombre se termine donc sur une note d'optimisme. Jack retrouve sa famille en paix avec lui-même. Christina a évacué sa colère, et a une vie dans son ventre à prendre en compte.

Rien n'est vain, tout a une raison d'être. Quoique l'on puisse en penser, quelque soit les moments de profonde détresse qu'il nous arrive de traverser. La vie continue, la vie nous donne des raisons de continuer. A nous de savoir être en paix et en accord avec nous même, à nous de savoir ce qui est important. A nous aussi de savoir se donner une raison d'être, un but, d'avancer. C'est aussi ce que montre ce film, que chacun vit parce qu'il a quelque chose à quoi se raccrocher pour continuer.

C'est un film difficile à raconter, difficile à expliquer. C'est un film sur la mort qui nous explique la vie, les travers de la vie, les blessures de vie ... mais la vie quand même, l'espoir de la vie, la continuité de la vie.


Une mention  spéciale à Sean Penn, Naomi Watts et Benicio Del Toro. Sean Penn, en tant que président du 61° festival de Cannes vient de remettre le prix d'interprétation masculine à Benicio Del Toro pour son rôle de Che Guevarra dans le film Che.




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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 05:19

Le film :

Le roi Henry VIII d'Angleterre est marié depuis de nombreuses années avec Catherine d'Aragon qui n'a pu lui donner que des filles. Dans sa cour, on fait des plans pour lui choisir une favorite, qui permettra à ses protecteurs d'obtenir des faveurs, du pouvoir et de l'influence auprès du roi. Aussi, l'oncle de Mary et Anne Boleyn rend visite au père de celles-ci et à sa soeur, Lady Howard, afin que ces derniers sacrifient une de leur fille pour installer leur famille à leur cour dans une position enviable.
Le roi est donc invité sur les terres des Boleyn afin que Anne lui soit présentée. Mais la jeune fille, audacieuse et téméraire, commet une erreur et déplaît à Henry VIII. C'est alors qu'il aperçoit Mary, jeune mariée, et la trouve à son goût. C'est décidé, Anne sera envoyée en France auprés de Marie d'Angleterre, soeur de Henry, et épouse de Louis XII. Tandis que Mary deviendra maitresse du roi, malgré son statut de jeune épouse.
Mais très vite, la réputation de Anne, fort appréciée outre mer pour son humour et sa beauté, revient aux oreilles de Henry qui exige son retour, et décide de la séduire.
Il délaisse Mary, enceinte de ses bons soins, pour une Anne qui refuse de n'être qu'une maitresse. Le pape refusant d'annuler son mariage avec Catherine d'Aragon, il créé sa propre église dont il devient le chef, l'église Anglicanne, répudie son épouse et se marie avec Anne ...
Mais les choses ne se poursuivent pas comme dans un conte de fée.

Ce que j'en ai pensé :

Une fresque historique qui n'est flatteuse pour personne, ni pour les hommes, ni pour les femmes.

Un film tiré d'un roman de Philippe Gregory et qui "modifie" la réalité, car la réalité est autre.

 Anne Boleyn a bien une soeur, Mary qui fut bien maîtresse de Henry VIII. Elle fut élevée aux Pays-Bas, puis envoyée en France pour accompagner Mary d'angleterre, épouse de Louis XII, qui mourra en 1515, date à laquelle François I° monta sur le trône de France. Celui-ci fut très vite attiré par la jeune Boleyn, et en fit sa maîtresse. Henry VIII dont la beauté de Anne était vantée par sa soeur, eut vent de ce qui se passait et obtint de François I° qu'Anne fut mise au service de Catherine d'Aragon, son épouse. Il la couvre alors de cadeau, la faisant même Marquise de Pembroke. Pourtant celle-ci se refuse à lui, une place de favorite ne l'intéresse pas, elle veut être reine, ou rien. On connaît la suite, il répudia son épouse, se maria avec Anne. Elle lui donna une fille, Elisabeth, puis un garçon qui décéda, et fit une fausse couche d'un autre héritier. Henry VIII ne le supportant pas, se tourna vers Jane Seymour. Très vite, Anne fut accusée de sorcellerie, d'avoir envouté Henry, d'avoir voulu l'empoisonné, d'avoir voulu tuer Catherine d'Aragon, d'avoir commis l'adultère, et d'avoir commis l'inceste avec son frère George. Condamnée, elle fut exécutée le 19 mai 1536 ... elle avait 29 ans. Onze jours plus tard, Henry VIII épousa Jane Seymour.
Quand Henry VIII vint à mourir, ce fut le fils qu'il eût avec Jane Seymour qui fut appelé sur le trône, mais il décéda prématurément à 15 ans, Mary Ire qu'il eut avec Catherine d'Aragon prit sa place, et quand elle mourut, ce fut Elisabeth, la fille de Anne Boleyn qui devint reine d'Angleterre. Ironie du sort, n'est-il pas ?

Le film arrange donc 'un peu' la vérité historique, et met en avant les travers de la société de l'époque. La soif de réussite et de pouvoir, les femmes que l'on traite comme de la marchandise d'échange, les calculs et manipulations en tout genre. Ce n'était pas méconnu que le pouvoir attire les pires machinations et calculs. Ce n'était pas non plus un secret que les femmes étaient 'vendues' pour servir la grandeur des familles.

La soif de pouvoir pur, celle du père Boleyn, grande famille désargentée, liée au Howard par la mère. Lady Howard a épousé Boleyn par amour et aurait aimé la même chose pour ses enfants. Cela ne fut. Anne fut sacrifiée pour la cause familiale, elle prit cela pour une faveur et un défi. Mary, dont on sacrifiera le mariage, et qui se plia bon gré mal gré à la cause familiale, impuissante et affublée d'un mari faiblard et sans courage. Anne fit de la conquête de Henry VIII un défi personnel, d'abord pour reprendre le roi à sa soeur, qui, selon elle, ne méritait pas cette faveur, mais en allant plus loin. Elle s'impose, elle ne se laisse pas avoir. Anne refuse de se soumettre, elle soumet, exige sa volonté. Devant la résistance de Anne à se laisser séduire, Henry VIII comme tout homme devient fou, il ne sait plus comment faire, que faire pour la faire plier. Elle obtint en parti ce qu'elle voulut. Henry VIII répudia Catherine d'Aragon, l'épousa. Mais ne parvenant pas à lui donner un héritier mâle, Anne pensa au pire, demander à son frère George de lui faire un enfant, mais dans le lit, l'un comme l'autre ne purent se résoudre au crime d'inceste, dont ils furent pourtant accusés.

Anne est-elle celle qu'il faut montrer du doigt ? Faut-il réellement parler de vengeance ? Je ne suis pas sûre. Anne fut choisi par les hommes de la famille Boleyn et Howard pour rendre le prestige et la grandeur de celle-ci. Au départ sacrifier par ces derniers, elle en fit son cheval de bataille. En avait-elle contre sa soeur ? Pas sûre non plus. Je pense que n'importe quelle femme qui fut à la place de Mary eut subie le même sort décidé par Anne pour cette dernière.
Anne ne fut emportée que par son caractère passionné, entier, jusqu'au boutiste.

Mary fait bien pâle figure, sage, soumise, douce, elle est l'opposée de son aînée Boleyn. Quant à George, le frère, c'est un soumis, doux et admiratif de Anne, mais pas dénué de conscience.
Cependant on peut comprendre que la fougue de Henry VIII, homme à femmes par excellence, fut séduit par l'audacieuse Anne Boleyn, mais on peut également comprendre que son besoin de stabiliser le conduisit vers Mary Boleyn.

Entre des courtisans arrivistes, des femmes ambitieuses, le Henry VIII de Justin Chadwick m'a laissé rêveuse en ce sens, que je l'ai trouvé bien faible, uniquement mené par ce qu'il a entre les jambes. Incapable de prendre une décision par lui-même, se perdant entre ce qu'il entend, ce qu'on lui soumet et ses propres envies.
Si je porte des conclusions sur son cheminement dans le film, je vois un Henry qui se serait contenter de maîtresses et aurait fini sa vie auprès de Catherine d'Aragon, tant bien même qu'elle ne lui eut jamais donné de fils. Mais les exigeances d'Anne pour qu'il puisse la posséder le rendir fou. Sans doute ne se remit il pas d'avoir été obligé de se séparer de Catherine d'Aragon pour cette femme qui lui fit tourner la tête sans qu'elle ne lui offrit ce qu'il désirait, un fils. Le sort qu'il réserva à ses autres épouses n'eût rien de glorieux. Sous divers prétextes, vérifiés ou non, il s'en sépara ou les fit décapiter.

La seule a trouvé une vie paisible au final fût Mary Boleyn. Elle se maria avec un écuyer, ils vécurent à la campagne, avec la fille qu'elle eût de Henry, avec Elysabeth, la fille de Anne et Henry, et les enfants qu'elle eut avec son époux.
Les époux Boleyn se séparèrent, Lady Howard ne supportant pas que deux de ses enfants fut décapités sur ordre du roi, et donc au départ, sacrifiés par leur père et leur oncle. A chacun son fardeau dit le proverbe.

Un bon film cependant, où l'on ne s'ennuit pas, une belle musique et de bons plans cinématographiques.
Une autre manière de voir l'histoire d'Angleterre.
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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 04:01

Le film :

Salma a 45 ans et habite la plantation de citronniers que son père lui a légué. Son mari est mort, ses enfants sont loin. Elle coule des jours paisibles dans ce coin de Cisjordanie, placé sur la "ligne verte". Mais un jour, de nouveaux voisins viennent s'installer au bout de sa plantation. Pas n'importe quels voisins, mais le ministre de la Défense Israëlienne. Celui-ci, après une estimation des services secrets, décide que la plantation devient une menace pour sa sécurité et celle de Mira, son épouse. Il exige donc de Salma, qu'elle fasse arracher ses citronniers. Celle-ci décide de se battre contre cette décision injuste à son sens.


Ce que j'en ai pensé :

J'ai vu ce film en VO, soit moitié en arabe, moitié en hébreux, sous-titré bien sûr. En discutant avec un ami arabe, je lui fis part de mon étonnement quant à la similitude de ces deux langues au niveau des sonorités ; et lui de me répondre, que, effectivement, pour nous occidentaux, il s'agit d'un même dialecte, car notre oreille n'en perçoit pas les différences.

Une première chose absolument indispensable concernant ce film, il ne s'agit nullement de parler de religion ici, mais bien de deux populations, deux idéologies qui se font face. Une sorte de fable sociale et humaine entre deux peuples, entre deux femmes, entre les femmes et les hommes.

A l'heure où Israël célèbre les 60 ans de sa création, ce film vient rappeler certains faits qui se passent là-bas. Pour ma part, j'avoue avoir toujours été choquée que pour les israëliens, une vie des leurs semble valoir au moins quatre vies palestiniennes, alors que pour moi, une vie reste une vie, et aucune vie n'est et ne peut être supérieur à une autre.

Ce film est indéniablement un partie pris, celui de Salma, la palestinienne de Cisjordanie qui ne désire qu'une chose, continuer à cultiver ses citronniers, dans le calme et la sérénité de sa vie de veuve seule.

Salma ne demande rien. Son père l'a élevée seul, simplement secondé de son ouvrier à la plantation, ce dernier étant resté fidèle à Salma, sans jamais la juger. Quand celle-ci fut en âge, elle se maria, eut des enfants, et devint veuve. Elle vit seule, ses enfants la laissant dans sa solitude, acceptant ce que la vie lui a donné. Alors quand arrivent ces voisins quelques peu encombrant, même si elle regarde par curiosité, Salma continue de mener sa vie simplement. Point de haine de sa part, point de religion. Juste le regard d'une femme qui voit d'un seul coup sa vie, sa plantation surveillée comme si elle était dangereuse. Salma voit le mirador, l'enclos dont se trouve cerclés ses citronniers, auxquels elle ne peut plus avoir accès.
Mais Salma refuse cela, ce sont ses citronniers, ils ne représentent aucun danger, elle-même n'est pas un danger pour ses voisins. Elle décide alors de porter plainte contre ses voisins. C'est avec l'aide d'un avocat, qui sera son amant, qu'elle se battra.

On y voit un ministre dont la femme est belle et intelligente qui se croit au-dessus de tout. même si cela n'est que suggéré, on comprend vite qu'il la trompe avec sa garde du corps, cette dernière se permettant envers Mira une attitude déplacée.
On y voit un avocat sincère mais faiblard malgré tout dans ses émotions et ses envies.

Les israëliens sont-ils paranos, pensent-ils que tous les palestiniens veulent leur peau ? Y'a-t-il un moment où ils ne vont pas arrêtés de se sentir persécutés ? Y a-t-il un moment où ils vont comprendre que leur attitude vis-à-vis de leurs voisins arabes, et surtout les palestiniens n'est que le pâle reflet de ce qu'ils ont vécu dans la Shoah ?

Et à moi de penser que, ce sont les Israëliens qui ont créé ce climat de tension insupportable au Proche orient. Car il y a toujours une part de responsabilité de part et d'autre dans ce qui arrive de pire. Les Israëliens sont aujourd'hui des colonisateurs, à une époque où seule les dictatures colonnisent encore (la Chine par rapport au Tibet, ou encore l'Arménie etc.). En volant les territoires palestiniens (je parle des colonnies, pas de la création de l'Etat d'Israël), ils devaient bien imaginer que les palestiniens n'allaient pas se laisser flouer. Ce film dénonce la politique d'Israël, sur l'appropriation des territoires, mais également sur la paranoïa. Les Oliviers sont arrachés parce qu'ils représentent des dangers pour la sécurité de l'état.

A la fin du film, Salma a perdu son procès en appel à la Cour Suprême de Jérusalem. Le verdict fut que, Salma devrait tailler ses citronniers à hauteur de 30 cm du sol, en faire des bonzaïs, et l'état israëlien à lui verser un dédommagement. Salma se sent insultée et bafouée et pourtant, un verdict sans précédent puisque les arbres ne furent pas arrachés. L'ironie de ce jugement se fait dans la parabole finale. Le village se situant sur la ligne verte, la plantation de Salma et la propriété du ministre furent séparées, après le taillage des citronniers par ce mur de la honte ...


Le rôle de la femme est très important dans ce film. L'homme étant réduit à un causeur de problème sans fin et à un don juan de pacotille.
Les femmes (Salma et Mira) s'observent, cherchent à comprendre, cherchent à dialoguer. D'ailleurs, Mira, contre l'avis de son mari de ministre se rendra au verdict du procès, et choisira de divorcer suite à cela. Une folie de trop de la part de son mari.

J'ai beaucoup aimé ce film, pour sa simplicité de montrer les choses. Bien qu'il soit évident qu'il y avait un parti pris envers Salma, il s'agit surtout de montrer l'incohérence de la politique israëlienne aujourd'hui, qui, enfermée dans une idéologie passéïste n'arrive pas / plus à avancer, voyant des ennemis partout, voyant le mal partout, et oubliant de vivre une vie de partage et de cohabitation en bonne intelligence, mais est-ce réellement possible avec des voisins arabes et peut-être haineux ...

Ne faisons pas l'amalgame entre ce qui est arrivé durant la Seconde Guerre mondiale et ce qui arrive aujourd'hui. Ne faisons pas l'amalgame entre juifs et israëliens, entre israëlites et israëliens. Car israëlien est une nationalité, pas une religion. En Israël, il y a des israëliens musulmans.

Un film à voir absolument, pour un regard différent, une nouvelle constatation de la bêtise humaine.


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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 14:15

Le film :

Banlieue pauvre de Pékin, Madame Wang se démène pour gagner quelques sous pour faire vivre son ménage. Son mari joue au Mahjong et perd l'argent du loyer. Un jour où un de ses compagnons de jeux propose à celui-ci de payer sa dette, en lui prêtant sa femme, Monsieur Wang le blesse et se retrouve en prison. Sa femme à charge d'une petite fille de trois ans, que ses parents ont abandonné doit trouver un moyen de survivre. Elle retourne dans son village d'enfance, devient la maitresse de son ancien amant. Alors que la victime de son mari vient lui réclamer l'argent (qu'elle n'a pas) pour payer la facture de l'hopital, elle se met à pleurer (pour de faux) afin qu'il la laisse. Son amant, dans la pièce d'à côté, la trouve géniale, et lui propose de s'associer avec lui, ( il tient un magasin de pompes funèbres ) pour qu'elle devienne pleureuse professionnelle lors des enterrements. Alors, elle commence une carrière incroyable, motivée uniquement par l'argent, qui est censé faire libérer son mari.

Ce que j'en ai pensé :

Une vision de la Chine comme nous n'avons pas l'habitude de la voir, loin des clichés des journaux télévisés. Un bout de femme qui se bat au quotidien pour manger, pour son couple, malgré cet homme qu'elle aime et qui vit à ses crochets, qui ne fait auxun effort pour subvenir à leurs besoins. Même quand il se retrouve en prison, elle décide de devenir pleureuse professionnelle, sans conviction, pour l'argent, seulement pour l'argent, cet argent qui lui permettra de le faire sortir.

Une femme attachante malgré sa maladresse. D'abord avec la petite fille. Le jour où elle rentre après avoir tenté de gagner quelques sous en vendant des dvd à la sauvette, et qu'elle trouve la porte de la maison des parents de la petite fille close, elle garde celle-ci avec elle, jusqu'à ce qu'elle puisse la mettre en sécurité. A la fin du film, elle viendra la récupérer, comme si elle était devenue sa mère, comme si cette petite fille était devenue son point d'attache à la vie.

Sa maladresse aussi dans son métier. Comme il s'agit d'un business, elle n'y met guère de conviction. Pourtant, elle apprend les chants et les gestes des pleureuses, le but étant d'obtenir un maximum de contrat. Les gens payent pour un temps réglementé et un chant, et lors de la cérémonie, Madame Wang touche aussi des pourboires. On voit bien qu'elle se démène pour obtenir des contrats.
Il ne faut pas se méprendre, Madame Wang aime son mari, même si elle prend un amant pendant qu'il est en prison. Ce qu'elle fait, l'argent, c'est pour lui, pour le sortir de là, elle ira jusqu'à coucher avec le patron de la prison pour faire accélérer la libération ... en vain.

Le film s'achève avec le décès du mari lors d'une évasion. Elle apprend la nouvelle alors qu'elle se rend à l'enterrement d'un riche chinois. Elle fera là sa meilleur performance car ses larmes ne sont pas fausses, car les mots qu'elles chantent sont pleines d'émotions. L'argent qu'elle va obtenir lui permettra de retourner chercher la petite fille et de commencer une nouvelle vie.

Nous sommes loin de film de Ang Lee
Lust Caution, loin de la pelicule cinématographique parfaite qui fait rêver. Avec les Larmes de Madame Wang nous touchons au concret, à une certaine réalité.
Madame Wang est une femme touchante, sans doute un peu naïve mais elle espère, ne se laisse pas abattre.



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11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 00:24
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Le film :

Un couple se rend chez un avocat pour divorcer. Lui-même piétine dans sa vie de couple. Parallèlement, un couple aisé se désaime sous les yeux de leur cuisinière. Un enquêteur de police paye des femmes pour tromper son ennui quand sa propre femme est en vacances avec leur fils, sans pour autant les toucher.
Un meurtre. Est-ce l'épouse ou la cuisinière ?
L'avocat  et le commissaire cherche à savoir qui est coupable. L'un comme l'autre remettant leur vie de couple en cause pour une des deux suspectées.


Ce que j'en ai pensé :

Le film commence comme un documentaire. Une voix off évoque Lacan, le désir comme un manque à combler. La relation de couple dans tout son mensonge. La recherche d'une moitié parfaite qui ferait de nous un tout comblé. Un idéal promis et un désenchantement de la réalité. Puis, en parallèle, la preuve par l'image. La preuve par la réalité.

Le couple du départ : chacun son point de vue sur sa rencontre à l'autre.
Lui a su, dès qu'il a posé les yeux sur elle, qu'elle était celle qui lui fallait. Comme il ne voulait pas la perdre, car "seules les connasses s'accrochent et restent, les filles bien se tirent au bout d'un mois", il choisit de la demander en mariage, au bout de quelques jours, pour la garder.
Elle, elle l'a trouvé sympa, il la regardait comme on ne l'avait pas regardé depuis longtemps, il était attentif, etc ... elle a pensé qu'elle s'habituerait à son physique, alors elle a dit oui, parce qu'à son âge (la trentaine) les mecs qui s'intéressent à elle, c'est juste pour le cul. Le temps a passé, et certains jours, même si elle n'est pas malheureuse, elle se demande ce qu'elle fout là, avec lui. Elle s'enterre vivante.

Ce couple introduit l'idée même du film, il permet aux personnages qui feront le film de présenter leur histoire personnelle.

D'abord l'avocat. Son couple est boiteux, sa femme
instable, immature s'accroche à lui. Pour lui, tout est mort, il a beau essayé, tout est mort. Enterré vivant.

L'enquêteur parle d'une femme, de la rencontre avec celle-ci. Il a des habitudes, payant des femmes pour lui tenir compagnie, ne les touche pas mais, leur demande de vivre avec lui, un instant d'un quotidien familial.

Enfin, un trio. Un couple aisé qui n'a plus rien à se dire. Elle magnifique, hyper catho. Lui, prisonnier de son couple sans enfant. Et la cuisinière dont il s'occupe durant un quart d'heure quand l'envie le prend, dans une mise en scène vénitienne.

L'avocat, l'enquêteur, la cuisinière, le couple. Ils sont liés car un dimanche matin, le mari est retrouvé mort dans la chambre d'enfant avec un couteau dans le dos. Qui l'a tué ? L'épouse ? La cuisinière ?

Coupable ? Oui coupable. Mais qui est coupable ?

La société. Coupable d'imposer une limite d'âge aux femmes pour être casée. Coupable !

La femme trentenaire célibataire. Coupable d'être seule, de faire honte à la famille (le rôle des parents de la cuisinière est remarquable, ils vont jusqu'à passer une annonce pour la marier à tout prix, les voisins jasent, à 34 ans toujours célibataire). Coupable !

La femme sans enfant. Coupable de ne pouvoir enfanter. Coupable d'aimer un homme qui ne la désire plus. Coupable !

Le mari qui n'a plus d'amour. Coupable de lâcheté. Coupable de rester car il n'ose pas partir. Coupable d'adultère. coupable !

La femme qui s'accroche à son couple comme à une bouée. Coupable !

Nous sommes tous coupables parce que nous savons qu'on nous a menti sur l'amour et que nous ne faisons pas en sorte que les choses changent.
Nous sommes coupables d'imposer des diktats, coupable de nos mensonges, coupables de notre propre malheur.

Quand nous sommes petits, les hommes seront des séducteurs et les femmes se marieront. Elles croiront à la fidélité de leur mari. Le sexe sera génial et procurera beaucoup de plaisir.
Chacun à sa moitié sur terre. Tout le monde à une âme soeur.

C'est faux. Il n'existe pas d'idéal, la réalité ne connaît pas la perfectude (néologisme). La réalité connaît les défauts, les travers, les manies auxquels nous nous s'habituons au début, puisque nous aimons, que nous croyons aimer, que nous faisons semblant d'aimer, et que nous finissons par détester, hair ... ou auxquels nous nous résignons.

Mais ce qui est sûr, c'est que si la perfectude n'existe pas, les rencontres existent, celles qui résonnent en nous, qui réveillent des parcelles de nous endormies.
La réalité, ce n'est pas dans les histoires d'âmes soeurs, la réalité c'est dans les rencontres que nous la vivons.

Coupable, c'est un film sur nous tous, sur nos mensonges, sur nos cachettes de couple. Nos arrangement avec nous même pour rester dans la conformité de la société.

Le célibat est une chose difficile à vivre pour une femme. Le nombre de personne qui, lorsque nous ne les avons pas vu depuis longtemps, n'ont qu'une seule question au bord des lèvres : Alors, tu as un fiancé ?
Et quand nous disons oui, vous ne pouvez imaginer le rayonnement intérieur, limite s'ils ont devant eux un miracle !
Et à la nouvelle année, que souhaitent les gens aux célibataires : santé, argent ... et un fiancé !

C'est pas normal d'être seul, non pas normal, et encore plus pour une femme ! Une femme célibataire c'est une honte sociale, au point que passé un certain âge, les familles et l'entourage seraient prêt à accepter n'importe qui du moment que ce célibat n'existe plus, comme s'ils seraient lavés de toute honte quand enfin, à la question "et ta fille, elle a quelqu'un", ils répondraient enfin ce oui salvateur.

Et que dire de ces gens qui restent en couple pour les autres, pour les apparence, au détriment d'eux-mêmes.

La pression que met la sociétésur les femmes, sur les hommes, sur le couple, c'est ça la véritable honte humaine. D'autant plus honteuse que nous savons tous qu'un couple n'est pas la huitième merveille humaine, n'est pas le jardin des Hespérides tant promis, qu'un couple c'est beaucoup d'efforts, c'est beaucoup d'écoute, c'est beaucoup de nous, de soi, de l'autre.

A signaler que L'amant de Lady de Chatterley apparaît comme une leitmotiv dans ce film ... car tous les personnages vont le tenir dans leur main, le lire ... Lady de Chatterley ou la victoire de l'amour sur la société.

Un film fort sur notre société, qui raconte le malheur humain sur le prétexte d'un meurtre.

Une très belle bande son de Jean Louis Murat.


Pour la petite info, j'ai eu le droit à une séance privée. J'étais seule dans la salle, l'heure sans doute, le thème probablement (les gens n'aiment pas se prendre en pleine face leurs propres mensonges humains)  et puis y'a quand même en ce moment un film qui bat tous les records !



A lire L'amant de Lady de Chatterley, première partie. Et la seconde partie.


Bande annonce du film.



 

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7 mars 2008 5 07 /03 /mars /2008 00:09
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Le film :

François Seurel est le fils des instituteurs d'un village de Sologne, dans la région Centre. Un jour arrive Augustin Meaulne, âgée de 3 ans de plus que François. Très vite, le jeune garçon se prend de fascination pour Augustin, ce jeune homme épris de liberté.

Ce que j'en ai pensé :

Tout le monde ou presque, même s'il ne l'a pas lu, connaît le livre romanesque de Henri Alain Fournier. En regardant le film, je me suis rendue compte que je n'avais conservé que le début de l'histoire, j'ai complètement occulté ce qui suivit la fugue incroyable d'Augustin, au point de me demander si j'avais lu ce livre jusqu'au bout.

Dès le départ, j'ai été surprise par le choix des acteurs. Je ne remets pas en cause le jeu des acteurs, bien que parfois, nous sentons que le jeune Jean-Baptiste Maunier est encore dans le sur-jeu. Il y a un soucis d'authenticité, dès le départ. Si Jean-Baptiste Maunier est parfait dans le rôle de François, jeune, il n'arrive pas à incarner un François plus âgée. Les vêtements et la moustache ne suffiront pas à le vieillir. Il aurait été judicieux de prendre un autre acteur pour jouer François plus vieux. J'ai eu le même problème pour le rôle d'Augustin Meaulnes. Nicolas Duvauchelle est trop vieux pour jouer Augustin jeune, mais est complètement dans le rôle d'un Meaulnes plus âgé.
C'est avec plaisir qu'on retrouve un Jean-Pierre Marielle et une Clémence Poesy (découverte dans un des volets de Harry Potter).

Deux couples de personnages : François / Augustin - Yvonne / Franz.
Les deux premiers sont amis, les seconds sont frères et soeurs.

François et Augustin se lient d'amitié parce que le premier est fasciné par le second, parce que le second le prend sous son aile, aime sa discrétion. Presqu'une relation fraternelle.

Le jour où François doit aller chercher ses grands-parents à la gare, Augustin fugue avec la cariole, se perd dans la nuit, la pluie, et finit par attérir dans un château dit "Les Sablonnières". Il s'y prépare le mariage de Franz et Valentine. Augustin tombe sous le charme d'Yvonne. Le drame se noue, Valentine ne vient pas au mariage, Augustin promet à Franz de la retrouver et de lui ramener. Il part, laissant Yvonne qui promet de l'attendre. Seulement en plein jour, Meaulnes ne retrouve le château, et durant une bonne partie de l'année, avec François ils vont battre la campagne à sa recherche. Augustin décide de partir à Paris, selon lui, le seul moyen de retrouver les De Gallet. Il apprend alors que Yvonne s'est mariée et décide d'abandonner ses recherches.
François n'est pas de cet avis, mais chacun poursuit sa vie de son côté. Augustin fricotte avec Valentine, ignorant que c'est celle de Franz, François devient instituteur et découvre le château des Sablonnières, le château de la fugue. Il y trouve Yvonne et son grand-père, puis ramène Augustin à Yvonne. Entre temps, ce dernier a appris que Valentine était la femme qu'il cherchait.
Les destins de François / Augustin / Yvonne / Franz sont invariablement liés. François apparaît comme le gardien des destins d'Augustin et d'Yvonne, alors qu'Augustin est celui de Valentine et Franz.


L'histoire, c'est plus qu'une histoire d'amour, c'est une histoire de vie, d'amitié et de sacrifice. Augustin, parce qu'un jour il a fait un serment à Franz, aura sacrifié sa vie sans pour autant ne pas la vivre. Il se marie à Yvonne, lui fait un enfant, mais le bonheur est de courte durée, car dès le lendemain du mariage, il part chercher Valentine pour le bonheur de Franz. En laissant sa femme, il ignore qu'il va se retrouver à l'armée, et qu'il n'en sortira que pour découvrir que sa femme est morte après avoir accouché d'une adorable petite fille. Le destin semble s'accharner sur lui car peu de temps après, il est mobilisé avec François et meurt dans les bras de son ami, tué par l'ennemi.

Seul François ne semble pas avoir de vie amoureuse. Semble parce qu'en fait, il aime Yvonne et lui aussi, se sacrifie pour l'amitié qu'il porte à Augustin. Il restera un ami fidèle et dévoué, s'occupant d'Yvonne quand Augustin est absent, devenant le tuteur de Jeanne jusqu'au retour de son père. Toujours il reste à sa place, n'abuse pas de la situation, reste loyal et honnête avec lui et avec ceux qu'il aime.

Augustin est un rêveur, un homme d'honneur aussi.
Tous les personnages semblent ne pas posséder en eux la haine. Ils veulent le bonheur des uns et des autres. Pas de jalousie, de méchanceté gratuite. Un seul but, vivre en harmonie, selon les lois du coeur.

Citations :

    "On peut très vite devenir l'ami d'une personne inconnue"

    "Il y a des gens qui se croient assez important pour être attendu indéfiniment"

    "Je cherche la clef de ces évasions vers les pays désirés, et s'est peut-être la mort après tout"

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