17 mai 2008
6
17
/05
/mai
/2008
05:50
Le livre :
Nous sommes en avril 1932 et Anaïs a rencontré Henry Miller en Octobre 1931. June, la femme de ce dernier, est repartie aux USA et Anaïs a commencé sa psychanalyse avec Allendy. Alors qu'elle avait d'abord été séduite par la beauté féline et le caractère étrangement sensuel de June, Anaïs finit par tomber dans les filets de Miller. Leur liaison passionnée offre à Anaïs la découverte de sa propre sensualité, la pousse à s'apprendre un peu plus. Mais malgré l'amour qu'elle porte à Henry Miller, Anaïs n'est pas dupe sur sa relation avec lui, elle sait que June la supplantera toujours dans le coeur de Miller que celle-ci sera toujours la plus forte.
Ce que j'en ai pensé :
Toujours dans la lignée des écrits de Nin, cette suite des Cahiers Secrets ne faillit pas quant au talent de la jeune femme, et me conforte dans l'idée que le mot "sulfureux" ne convient pas à cette chère Anaïs.
A. Nin reste une jeune femme qui se cherche, lucide sur ce qu'elle est, sur les petits mensonges qui jalonnent sa vie, et sa propre existence. La trentaine qui s'assume, qui a besoin de vivre, d'essayer, de découvrir, elle n'élude rien sur elle-même, sur ce qu'elle est, sur ses actes, et à chaque fois qu'elle prend conscience de ses paradoxes, elle le note. Comme il est difficile de tendre à ce que l'on est, tout en voulant ménager les siens.
A. Nin n'est pas seulement l'auteur de Vénus Erotica (ici), c'est aussi la femme qui écrivit sur Lawrence, l'auteur de L'amant de Lady Chatterley ( ici et ici) et qui noircit durant des années sur ses petits cahiers qu'elle aimait à montrer à Hugo, son mari, ou à Miller, son amant.
Chacun de ses cahiers (à lire aussi Inceste) constitue une réflexion sur ses découvertes et les conclusions qu'elle sait en tirer. De sa soif de vivre, d'aimer, de son incapacité à n'aimer qu'un seul homme alors qu'il existe tant de sorte, de manière d'aimer un homme, de ses questionnements sur son désir féminin, son désir de June, les cahiers secrets d'Anaïs se lisent comme un roman, le roman de la vie de Mlle Nin.
Anaïs est une femme atypique, unique et pourtant universelle. Une sulfureuse, sûrement pas, une femme vivante qui tend à devenir ce qu'elle est, qui accepte de se tromper, de souffrir, d'aimer, de risquer, tout en sachant bien que, d'une certaine manière, l'hypocrisie ne peut se défaire de la vie, que même si elle voue une admiration à Miller, elle ne quittera pas son mari, de la même manière que Henry retournera toujours à June. Une effrayante lucidité quant au rôle de l'hypocrisie humaine, car il faut bien ménager et ses arrières et les êtres qui nous sont chers.
A ceux qui ne comprendraient pas comment une femme peut avoir des relations sexuelles avec son mari alors qu'elle ne l'aime plus et qu'elle a un amant, lisez Anaïs !
A ceux qui ne comprendraient pas que parfois la lucidité prend le pas sur le désir, les envies, et devient source de peurs incontrôlables, lisez Anaïs !
A ceux qui veulent en savoir un peu plus sur les femmes aimantes, lisez Anaïs !
Il y a mille et une raisons de lire Anaïs Nin. Mille et une, et sans doute plus encore.
Et si cela vous effraye, lisez ces livres comme des romans, car la vie d'Anaïs, c'est un roman, le roman d'une femme qui aime la vie, qui aime les hommes, qui aime l'amour.
Citations :
-Allendy me dit :"Donnez-vous entièrement à une seule personne. Soyez dépendante. Reposez-vous sur elle. N'ayez pas peur de souffrir.
Je crois que je l'ai fait avec Henry. Et pourtant je continue à me sentir seule et divisée.
- Une des choses qu'il (Allendy) a remarquées, c'est que je m'habillais plus simplement. Je ressens moins le besoin de porter des tenues originales. Je pourrais presque m'habiller en "prêt-à-porter" maintenant. Le vêtement, dans mon cas, était une façon d'exprimer extérieurement un manque d'assurance profond. Incertaine de ma beauté, je dessinais des vêtements excentriques pour me distinguer des autres femmes.
- J'ai éprouvé une sorte d'amertume en pensant à l'obstination de June, à son esprit d'initiative, à sa tyrannie. J'ai pensé : ce ne sont pas des femmes fortes qui rendent les hommes faibles, ce sont les hommes faibles qui rendent les femmes trop fortes. Je me tenais devant Henry avec la soumission d'une femme latine, prête à me laisser dominer. Il m'a laissé le dominer. Il a toujours craint de me décevoir. Il a exagéré mes espérances. Il n'a cessé de se demander combien de temps je l'aimerais et jusqu'à quel point je l'aimais. Il a permis à l'esprit d'interférer dans notre bonheur.
- Il est mauvais de s'accrocher à un amour, c'est seulement le signe d'un manque de confiance en soi.
- Il (Henry) a dit : " Je me suis rendu compte qu'un séjour en Espagne de quelques mois n'était pas une solution. Et je sais que, si nous le faisions, tu ne retournerais plus à Hugo, je ne te laisserais pas revenir." J'ai répondu :"Et il ne peut être question pour moi d'autre chose que de simples vacances à cause de Hugo." Nous nous sommes regardés, conscients du prix que chacun de nous payait pour sa faiblesse ; lui pour être esclave de la passion, et moi esclave de la pitié.
Les Cahiers Secrets concernant Henry et June, s'achève sur ces mots :
Hier soir, j'ai pleuré. J'ai pleuré parce que le cheminement qui a fait de moi une femme a été douloureux. J'ai pleuré parce que je n'étais plus une enfant, avec la confiance aveugle d'une enfant. J'ai pleuré parce que mes yeux se sont ouverts à la réalité - à l'égoïsme de Henry, à l'amour du pouvoir de June, à mon insatiable besoin de créer qui nécessite que je m'occupe des autres et ne peut pas se suffire à lui-même. J'ai pleuré parce que je ne pouvais plus croire, et j'aime croire. Je peux encore aimer avec passion, sans croire. Ce qui veut dire que j'aime humainement. J'ai pleuré parce que, à partir de maintenant, je pleurerai moins. J'ai pleuré parce que j'ai perdu ma douleur et que je ne me suis pas encore habituée à son absence.
Ainsi, Henry vient cet après-midi et demain, je sors avec June.
Ce que j'en ai pensé :
Toujours dans la lignée des écrits de Nin, cette suite des Cahiers Secrets ne faillit pas quant au talent de la jeune femme, et me conforte dans l'idée que le mot "sulfureux" ne convient pas à cette chère Anaïs.
A. Nin reste une jeune femme qui se cherche, lucide sur ce qu'elle est, sur les petits mensonges qui jalonnent sa vie, et sa propre existence. La trentaine qui s'assume, qui a besoin de vivre, d'essayer, de découvrir, elle n'élude rien sur elle-même, sur ce qu'elle est, sur ses actes, et à chaque fois qu'elle prend conscience de ses paradoxes, elle le note. Comme il est difficile de tendre à ce que l'on est, tout en voulant ménager les siens.
A. Nin n'est pas seulement l'auteur de Vénus Erotica (ici), c'est aussi la femme qui écrivit sur Lawrence, l'auteur de L'amant de Lady Chatterley ( ici et ici) et qui noircit durant des années sur ses petits cahiers qu'elle aimait à montrer à Hugo, son mari, ou à Miller, son amant.
Chacun de ses cahiers (à lire aussi Inceste) constitue une réflexion sur ses découvertes et les conclusions qu'elle sait en tirer. De sa soif de vivre, d'aimer, de son incapacité à n'aimer qu'un seul homme alors qu'il existe tant de sorte, de manière d'aimer un homme, de ses questionnements sur son désir féminin, son désir de June, les cahiers secrets d'Anaïs se lisent comme un roman, le roman de la vie de Mlle Nin.
Anaïs est une femme atypique, unique et pourtant universelle. Une sulfureuse, sûrement pas, une femme vivante qui tend à devenir ce qu'elle est, qui accepte de se tromper, de souffrir, d'aimer, de risquer, tout en sachant bien que, d'une certaine manière, l'hypocrisie ne peut se défaire de la vie, que même si elle voue une admiration à Miller, elle ne quittera pas son mari, de la même manière que Henry retournera toujours à June. Une effrayante lucidité quant au rôle de l'hypocrisie humaine, car il faut bien ménager et ses arrières et les êtres qui nous sont chers.
A ceux qui ne comprendraient pas comment une femme peut avoir des relations sexuelles avec son mari alors qu'elle ne l'aime plus et qu'elle a un amant, lisez Anaïs !
A ceux qui ne comprendraient pas que parfois la lucidité prend le pas sur le désir, les envies, et devient source de peurs incontrôlables, lisez Anaïs !
A ceux qui veulent en savoir un peu plus sur les femmes aimantes, lisez Anaïs !
Il y a mille et une raisons de lire Anaïs Nin. Mille et une, et sans doute plus encore.
Et si cela vous effraye, lisez ces livres comme des romans, car la vie d'Anaïs, c'est un roman, le roman d'une femme qui aime la vie, qui aime les hommes, qui aime l'amour.
Citations :
-Allendy me dit :"Donnez-vous entièrement à une seule personne. Soyez dépendante. Reposez-vous sur elle. N'ayez pas peur de souffrir.
Je crois que je l'ai fait avec Henry. Et pourtant je continue à me sentir seule et divisée.
- Une des choses qu'il (Allendy) a remarquées, c'est que je m'habillais plus simplement. Je ressens moins le besoin de porter des tenues originales. Je pourrais presque m'habiller en "prêt-à-porter" maintenant. Le vêtement, dans mon cas, était une façon d'exprimer extérieurement un manque d'assurance profond. Incertaine de ma beauté, je dessinais des vêtements excentriques pour me distinguer des autres femmes.
- J'ai éprouvé une sorte d'amertume en pensant à l'obstination de June, à son esprit d'initiative, à sa tyrannie. J'ai pensé : ce ne sont pas des femmes fortes qui rendent les hommes faibles, ce sont les hommes faibles qui rendent les femmes trop fortes. Je me tenais devant Henry avec la soumission d'une femme latine, prête à me laisser dominer. Il m'a laissé le dominer. Il a toujours craint de me décevoir. Il a exagéré mes espérances. Il n'a cessé de se demander combien de temps je l'aimerais et jusqu'à quel point je l'aimais. Il a permis à l'esprit d'interférer dans notre bonheur.
- Il est mauvais de s'accrocher à un amour, c'est seulement le signe d'un manque de confiance en soi.
- Il (Henry) a dit : " Je me suis rendu compte qu'un séjour en Espagne de quelques mois n'était pas une solution. Et je sais que, si nous le faisions, tu ne retournerais plus à Hugo, je ne te laisserais pas revenir." J'ai répondu :"Et il ne peut être question pour moi d'autre chose que de simples vacances à cause de Hugo." Nous nous sommes regardés, conscients du prix que chacun de nous payait pour sa faiblesse ; lui pour être esclave de la passion, et moi esclave de la pitié.
Les Cahiers Secrets concernant Henry et June, s'achève sur ces mots :
Hier soir, j'ai pleuré. J'ai pleuré parce que le cheminement qui a fait de moi une femme a été douloureux. J'ai pleuré parce que je n'étais plus une enfant, avec la confiance aveugle d'une enfant. J'ai pleuré parce que mes yeux se sont ouverts à la réalité - à l'égoïsme de Henry, à l'amour du pouvoir de June, à mon insatiable besoin de créer qui nécessite que je m'occupe des autres et ne peut pas se suffire à lui-même. J'ai pleuré parce que je ne pouvais plus croire, et j'aime croire. Je peux encore aimer avec passion, sans croire. Ce qui veut dire que j'aime humainement. J'ai pleuré parce que, à partir de maintenant, je pleurerai moins. J'ai pleuré parce que j'ai perdu ma douleur et que je ne me suis pas encore habituée à son absence.
Ainsi, Henry vient cet après-midi et demain, je sors avec June.