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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 14:26





Le livre :

Sylvie se sent mal dans sa famille. Elle a la douloureuse sensation que son père et sa mère vivent en vase clos, et qu'elle ne fait que perturber leur entente fusionnelle. Elle est mal dans sa vie parisienne où elle ne parvient pas à trouver sa place.
Thomas est à Berlin, sa mère est partie avec un soldat américain. Il vit à l'ouest avec son père. Thomas participe activement à défendre ses idéologies. Régulièrement, il rend visite à sa grand-mère, à Berlin est.

Le père de Sylvie contacte le père de Thomas, qu'il a rencontré durant la guerre, lorsqu'il se trouvait en Allemagne. Il propose d'envoyer la jeune fille en vacances d'été dans ce Berlin coupé en deux.

Sylvie va découvrir un monde complètement différent de ce que l'Occident veut montrer, elle découvre une réalité, et finit par découvrir sa réalité.




Ce que j'en ai pensé :

Ce livre appartient à la collection "L'histoire comme un roman" des édition Gulf Stream. L'auteur nous épargne les lourdeurs et les longueurs en nous exposant une situation particulière avec des mots simples et accessibles. Deux mondes se confrontent à Berlin, entre l'ouest et l'est, entre le monde capitaliste et le monde communiste.
L'ouest comme l'est diabolise sont adversaires et ne parvient qu'à une seule chose, désinformer la population.

Il est intéressant de voir ce que Sylvie apprend sur Berlin à travers son livre d'histoire, les renseignements qu'elle reccueille avant de prendre le train, via la ville au combien tristement célèbre pour son mur. Un condensé de faits historiques, sans a priori. Pourtant, loin du livre d'histoire, il y a ce que l'on raconte, ce qui se dit sur Berlin et son mur, sur les habitants des deux côtés.
Et puis, il y a la découverte de la ville, et la réalité qui n'a plus grand chose à voir avec ce que l'on raconte à l'ouest.

Syvlie est confronté à une réalité qui n'a plus rien à voir avec les pseudos informations données à l'ouest. Elle découvre la vie de Berlin, le mur, les habitants, elle découvre l'organisation des berlinois, elle apprend une autre vie.

Sylvie apprend aussi les rapports humains, avec Thomas et le père de ce dernier, elle découvre aussi la réalité de sa propre histoire, en entendant l'histoire de ses parents.


Un livre très bien fait, sans fioriture inutile. Un bon préambule pour les collégiens qui vont travailler sur cette période, à l'heure où l'on nous abreuve du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, comme une victoire du capitalisme sur le communisme, à l'heure où d'autres murs ont vu le jour, où les injustices et les fossés sociaux se creusent.



Citations :

- Il est vrai qu'une bonne partie du corps enseignant a adhéré à l'idéologie national-socialiste, avec plus ou moins de conviction. Et que presque trente ans après la chute du régime, malgré la "dénazification", il en reste toujours quelque chose.

- Elle redoute toujours le pire et s'émerveille qu'il n'arrive pas à chaque fois. Le pire est arrivé le jour où son amour a été arrêté et qu'elle est restée seule avec leur tout petit. Il est arrivé avec le triomphe d'Hitler. Il arrive aujourd'hui au Biafra, et ailleurs, partout où le capitalisme entraîne la guerre. Le pire nous guette toujours, dit-elle.

- Quelqu'un raconte l'histoire de ce bébé dont deux femmes prétendent être la mère. "Qu'on le coupe en deux et qu'on donne la moitié à chacune", dit le roi Salomon. L'une des deux accepte, l'autre refuse, préférant perdre son enfant pourvu qu'il vive. "Voilà la vraie mère, dit Salomon, qu'on lui donne l'enfant, l'autre s'est dénoncée elle-même !" Berlin n'appartient ni aux Américains ni aux Russes qui ont les uns et les autres accepté que la ville soit coupée en deux ...

- Nous passons devant la gare. C'est là que je suis arrivée le premier soir, il y a dix mille ans ! C'est à peine si je la reconnais. Le clocher effondré a perdu un peu de sa magie. Il m'apparaît aujourd'hui comme une cicatrice trop voyante, trop complaisante à s'exhiber ainsi au milieu des constructions nouvelles. A ses pieds, des clochards, mutilés, sales, se chamaillent dans un coin. Des filles, des gamines trop maquillées, rient trop fort, des petites prostituées de mon âges, complètement camées, me dit Thomas.

- Nous sommes passés plusieurs fois près du Mur, à pied, à vélo ... Des gamins jouent dans l'herbe, juste à côté. C'est un lieu de promenade, de curiosité. Il paraît qu'il mesure cent soixante kilomètres de long ! Par endroits ce n'est qu'un rouleau de barbelés derrière lequel on devine un couloir de terre nue où partrouillent régulièrement chiens et soldats. Et puis un second mur au sommet arrondi, et derrière ... l'Allemagne de l'Est ! Les touristes montent sur des espèces de miradors pour observer les gens de l'autre côté comme au zoo ! Il y a aussi des grands panneaux publicitaire ou d'information, plus hauts que le Mur, pour que les gens de l'Est les voient.
  
- Oui, mais enfin on peut passer !
- Juste pour vingt-quatre heures, sauf visa exceptionnel !
- Même quand tes enfants ou ta femme sont à l'Est ?
- Non, si tu es marié avec quelqu'un de l'Est, tu peux faire une demande pour t'y installer définitivement, mais les salaires sont beaucoup plus bas, et la police surveille tout ... Il y a des avantages. La médecine et l'éducation sont gratuites, il y a des crèches partout et des écoles, des associations pour s'occuper des enfants. Les femmes ont accès à tous les métiers. Elles sont médecins, ingénieurs, chercheuses, conductrices de travaux. Elles ne sont pas obligées de rester avec leur mari pour élever leurs enfants. Elles sont libres, bien plus libres qu'ici. Mais il y a aussi beaucoup d'inconvénients. La vie n'est pas chère, mais tu dois attendre des années pour avoir une voiture, la même pour tout le monde, la fameuse Trabane, tu ne peux pas voyages en dehors des pays de l'Est ... Et surtout, tu ne peux pas critiquer le régime ! Tout le monde surveille tout le monde.

- Oui, je pourrais, mais je ne pourrais plus jamais passer à l'Ouest, je ne pourrais pas continuer mes études, je serais obligé de travailler tout de suite, un boulot genre peintre en bâtiment, tu vois ... J'aurais aussi intérêt à oublier le français et à apprendre le russe ... ça fait réfléchir !





Une Journée à Berlin Est, souvenirs de Maître Pô.

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commentaires

:
<br /> Je ne lis qu'un livre par an, et c'était pas çui-là ;-Þ<br /> Du coup, j'ai failli rater le lien vers mon article... merci Cat ;-)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> un seul livre par an ... je ne compte pas combien j'en lis, sans doute pas assez, mais plus d'un c'est sûr ;)<br /> <br /> de rien ;)<br /> <br /> bisous<br /> <br /> <br />