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11 mars 2008 2 11 /03 /mars /2008 00:24
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Le film :

Un couple se rend chez un avocat pour divorcer. Lui-même piétine dans sa vie de couple. Parallèlement, un couple aisé se désaime sous les yeux de leur cuisinière. Un enquêteur de police paye des femmes pour tromper son ennui quand sa propre femme est en vacances avec leur fils, sans pour autant les toucher.
Un meurtre. Est-ce l'épouse ou la cuisinière ?
L'avocat  et le commissaire cherche à savoir qui est coupable. L'un comme l'autre remettant leur vie de couple en cause pour une des deux suspectées.


Ce que j'en ai pensé :

Le film commence comme un documentaire. Une voix off évoque Lacan, le désir comme un manque à combler. La relation de couple dans tout son mensonge. La recherche d'une moitié parfaite qui ferait de nous un tout comblé. Un idéal promis et un désenchantement de la réalité. Puis, en parallèle, la preuve par l'image. La preuve par la réalité.

Le couple du départ : chacun son point de vue sur sa rencontre à l'autre.
Lui a su, dès qu'il a posé les yeux sur elle, qu'elle était celle qui lui fallait. Comme il ne voulait pas la perdre, car "seules les connasses s'accrochent et restent, les filles bien se tirent au bout d'un mois", il choisit de la demander en mariage, au bout de quelques jours, pour la garder.
Elle, elle l'a trouvé sympa, il la regardait comme on ne l'avait pas regardé depuis longtemps, il était attentif, etc ... elle a pensé qu'elle s'habituerait à son physique, alors elle a dit oui, parce qu'à son âge (la trentaine) les mecs qui s'intéressent à elle, c'est juste pour le cul. Le temps a passé, et certains jours, même si elle n'est pas malheureuse, elle se demande ce qu'elle fout là, avec lui. Elle s'enterre vivante.

Ce couple introduit l'idée même du film, il permet aux personnages qui feront le film de présenter leur histoire personnelle.

D'abord l'avocat. Son couple est boiteux, sa femme
instable, immature s'accroche à lui. Pour lui, tout est mort, il a beau essayé, tout est mort. Enterré vivant.

L'enquêteur parle d'une femme, de la rencontre avec celle-ci. Il a des habitudes, payant des femmes pour lui tenir compagnie, ne les touche pas mais, leur demande de vivre avec lui, un instant d'un quotidien familial.

Enfin, un trio. Un couple aisé qui n'a plus rien à se dire. Elle magnifique, hyper catho. Lui, prisonnier de son couple sans enfant. Et la cuisinière dont il s'occupe durant un quart d'heure quand l'envie le prend, dans une mise en scène vénitienne.

L'avocat, l'enquêteur, la cuisinière, le couple. Ils sont liés car un dimanche matin, le mari est retrouvé mort dans la chambre d'enfant avec un couteau dans le dos. Qui l'a tué ? L'épouse ? La cuisinière ?

Coupable ? Oui coupable. Mais qui est coupable ?

La société. Coupable d'imposer une limite d'âge aux femmes pour être casée. Coupable !

La femme trentenaire célibataire. Coupable d'être seule, de faire honte à la famille (le rôle des parents de la cuisinière est remarquable, ils vont jusqu'à passer une annonce pour la marier à tout prix, les voisins jasent, à 34 ans toujours célibataire). Coupable !

La femme sans enfant. Coupable de ne pouvoir enfanter. Coupable d'aimer un homme qui ne la désire plus. Coupable !

Le mari qui n'a plus d'amour. Coupable de lâcheté. Coupable de rester car il n'ose pas partir. Coupable d'adultère. coupable !

La femme qui s'accroche à son couple comme à une bouée. Coupable !

Nous sommes tous coupables parce que nous savons qu'on nous a menti sur l'amour et que nous ne faisons pas en sorte que les choses changent.
Nous sommes coupables d'imposer des diktats, coupable de nos mensonges, coupables de notre propre malheur.

Quand nous sommes petits, les hommes seront des séducteurs et les femmes se marieront. Elles croiront à la fidélité de leur mari. Le sexe sera génial et procurera beaucoup de plaisir.
Chacun à sa moitié sur terre. Tout le monde à une âme soeur.

C'est faux. Il n'existe pas d'idéal, la réalité ne connaît pas la perfectude (néologisme). La réalité connaît les défauts, les travers, les manies auxquels nous nous s'habituons au début, puisque nous aimons, que nous croyons aimer, que nous faisons semblant d'aimer, et que nous finissons par détester, hair ... ou auxquels nous nous résignons.

Mais ce qui est sûr, c'est que si la perfectude n'existe pas, les rencontres existent, celles qui résonnent en nous, qui réveillent des parcelles de nous endormies.
La réalité, ce n'est pas dans les histoires d'âmes soeurs, la réalité c'est dans les rencontres que nous la vivons.

Coupable, c'est un film sur nous tous, sur nos mensonges, sur nos cachettes de couple. Nos arrangement avec nous même pour rester dans la conformité de la société.

Le célibat est une chose difficile à vivre pour une femme. Le nombre de personne qui, lorsque nous ne les avons pas vu depuis longtemps, n'ont qu'une seule question au bord des lèvres : Alors, tu as un fiancé ?
Et quand nous disons oui, vous ne pouvez imaginer le rayonnement intérieur, limite s'ils ont devant eux un miracle !
Et à la nouvelle année, que souhaitent les gens aux célibataires : santé, argent ... et un fiancé !

C'est pas normal d'être seul, non pas normal, et encore plus pour une femme ! Une femme célibataire c'est une honte sociale, au point que passé un certain âge, les familles et l'entourage seraient prêt à accepter n'importe qui du moment que ce célibat n'existe plus, comme s'ils seraient lavés de toute honte quand enfin, à la question "et ta fille, elle a quelqu'un", ils répondraient enfin ce oui salvateur.

Et que dire de ces gens qui restent en couple pour les autres, pour les apparence, au détriment d'eux-mêmes.

La pression que met la sociétésur les femmes, sur les hommes, sur le couple, c'est ça la véritable honte humaine. D'autant plus honteuse que nous savons tous qu'un couple n'est pas la huitième merveille humaine, n'est pas le jardin des Hespérides tant promis, qu'un couple c'est beaucoup d'efforts, c'est beaucoup d'écoute, c'est beaucoup de nous, de soi, de l'autre.

A signaler que L'amant de Lady de Chatterley apparaît comme une leitmotiv dans ce film ... car tous les personnages vont le tenir dans leur main, le lire ... Lady de Chatterley ou la victoire de l'amour sur la société.

Un film fort sur notre société, qui raconte le malheur humain sur le prétexte d'un meurtre.

Une très belle bande son de Jean Louis Murat.


Pour la petite info, j'ai eu le droit à une séance privée. J'étais seule dans la salle, l'heure sans doute, le thème probablement (les gens n'aiment pas se prendre en pleine face leurs propres mensonges humains)  et puis y'a quand même en ce moment un film qui bat tous les records !



A lire L'amant de Lady de Chatterley, première partie. Et la seconde partie.


Bande annonce du film.



 

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commentaires

S
Je note parce que le thème me plaît bien, j'aime les questionnement sur l'éternité d'un truc ou d'un autre (selon l'imagerie populaire, évidemment hé, hé)Bonne journée ma Cat
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C
et comme j'en discutais avec mon amie Véro,de croire à l'éternité de l'amour est un mensonge, une douce utopie pour se voiler la faceparce que l'éternité n'existe pas, à cause de la mort (quand on pense à l'avenir), mais aussi à cause du passé, parce qu'on a vécu avant ... un certains nombre d'années, parce que l'on arrive rarement vierge de vécu dans une relation ...bisous ma dragonne
H
Qu'est-ce que tu écris bien, chère CAT! On sent l'identification personnelle (bon, j'espère que tu n'as trucidé personne!). Oui, coupables de perpétuer des mythes, des idéaux d'un autre temps, irréalisables, de reproduire tant bien que mal des structures qui sont souvent vouées à l'échec, mais qui permettent de se rassurer: je rentre dans le moule, je suis comme tout le monde, je suis normale, je fais partie du même monde...Je ne suis pas seule.Dur d'affronter les préjugés à la vie dure, de casser le modèle proposé, sans être mis au ban... Pourtant, il y a du plaisir à être marginal, aussi, différent, singulier, ce que les héros du film n'ont pas assumé... Ce que je tente d'assumer jour après jour! Merci! BIZ :0010:
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C
la différence dans notre société, qu'elle se voit ou non, n'est jamais facile à assumer. j'ai choisi de l'assumer pour mieux vivre. et je n'ai jamais aussi bien vécu.si, à la fin, deux des personnages assument ... même trois en fait.bisous
F
Cat tu ne fais pas dans le détail toi hihi j'ai vu lle film en te lisantBisous, Flo
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C
non parce que la vie ne fait pas dans le détail ;)je crains que ce film n'est pas le succès qu'il mérite, car pas assez ... comment dire ... enfin dans le vent ;) ...bisous ma flo
A
Je plaide "coupable" lol... Et puis il ne faut pas oublier la difficulté aussi, dans les cas précités, qu'il est toujours plus difficile de faire évoluer ensemble deux personnes (ou dont le destin est plus ou moins lié), que progresser une seule... Car tout passe de toutes façons dans ces cas là par une remise en cause de soi-même permanente (de nous mêmes), et la capacité à éventuellement accepter pour le bonheur de l'autre (des deux) une nécessaire évolution ou la découverte de choses nouvelles et/inconnues ensemble... En fait la grande question est : veut-on aimer l'autre pour ce quil est en évoluant ensemble pour réinventer les choses en mieux à deux, ou l'aimer pour ce qu'on voudrait qu'il soit en restant égoistement ou inconsiemment soi-même parce que c'est rassurant, ou plus bandant ? Beaucoup sont coupables de ne pas se poser déjà la bonne question, puis de ne pas faire l'effort de se remettre en cause, de mal communiquer, encore faut-il en plus, encore, pouvoir se faire entendre... Baisers philosophiques.
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C
se mettre en couple pour de mauvaises raisons, rester pour de mauvaises raisons ...même si je sais que rien est aussi simple.J'ignore si c'est plus facile tout seul ... je découvre vraiment la notion de couple avec toi ... et je prends conscience de combien la communication et le dialogue sont des atouts nécessaires à la construction, et que cela n'est pas un long fleuve tranquille ... je crois que à deux c'est différent ...  et qu'il n'y a pas de plus faicle ... etc ...baisers
J
Cette pression que tu décris à pour conséquence de « jeter » les femmes seules dans les bras de n’importe qui. Elles ne sont plus que des « objets » à qui il faut trouver une place… et peu importe si cette place est un enfer…
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C
je pense que c'est aussi vrai pour les hommes, tu sais ...