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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 16:01

 

derriere-le-miroir

 

 

 

 

 

Le film :

 

Un professeur, marié, un enfant, doit cumuler, en plus des cours qu'il dispense, un emploi de réceptionniste téléphonique dans une entreprise de taxis. La fatigue, le stress, les mensonges à sa femme, à qui il dissimule son deuxième travail, ont raison de son état de santé. Il a beau donner le change, à un moment, la douleur physique est telle que cela le conduit à l'hôpital. Les médecins découvrent qu'il souffre d'une pathologie qui le mène vers une mort certaine. Ces derniers lui proposent une alternative, un nouveau médicament, la cortisone. Mais malgré les recommandations, les mises en garde, les consultations pour s'assurer de son état, Ed Avery devient dépendant au médicament et les doses de plus en plus fortes (puisqu'il ne respecte pas le traitement) se révèlent néfastes pour lui.

 

 

 

Ce que j'en ai pensé :

 

Film datant de 1956, le sujet reste toujours d'actualité, au moment où le scandale du Médiator explose en France. Le film peut se lire sur différents niveaux.

 

Le premier, qui est aussi le plus évident, est la mise en avant des cobayes humains à qui l'on propose de tester les nouveaux médicaments, qui pourraient leur sauver la vie, ou du moins la prolonger. La cortisone est un médicament dangereux quand il n'est pas utilisé comme le prescrit les médecins. Ed Avery n'a pas conscience de ce qu'une surdose de ce médicament peut entrainer chez lui, même si les médecins prennent soin de bien l'informer, même s'ils prennent soin de le rencontrer et de faire des bilans avec lui. Ed ment, cache, il parvient même à obtenir de la cortisone dans une pharmacie en se faisant passer pour un docteur. La cortisone, par les bienfaits apparant qu'elle lui procure (ses maux de dos sont soulagés), parce qu'il en abuse, finit par le tromper, par fausser son jugement.

Sa femme ne se doute de rien, elle reste impuissante face à son mari qu'elle voit changer, se durcir. Elle finit par mettre cela sur le compte de la maladie. Celle-ci devient désormais une excuse pour expliquer le comportement psychorigide d'Ed par rapport à leur fils, mais également par rapport à leur couple.

Doucement, Ed s'enferme dans un monde "parallèle", qui n'a plus de sens pour son entourage, qui ne comprend plus rien. Il devient paranoïaque, et ne voit que comme seule issue, la mort.

Ce film n'a rien de moralisateur, Nicholas Ray choisit de mettre en évidence les dangers de la dépendance aux médicaments. Il choisit aussi de mettre en avant une certaine vie américaine.

 

C'est la deuxième lecture que l'on peut faire du film. D'ailleurs, dans les bonus du dvd, on trouve une analyse de Jean Douchet sur "le mythe de la famille unie". Ce complément au film est très intéressant, il démonte le mécanisme du couple, à l'heure où l'on prétend que le mariage d'amour est un échec. Mais le mariage d'amour est-il réellement un échec. N'est-ce pas plutôt les mensonges, les tromperies des gens qui entraînent les échecs ?


La femme d'Ed est la parfaite ménagère américaine, mère au foyer, attentive au bien-être de son mari, comme de son fils. Elle s'oublie elle-même pour le bien de la famille. Ed, quant à lui, a l'image de l'homme telle qu'on la concevait à l'époque. Il ramène l'argent nécessaire au bon fonctionnement du couple. Sauf que la vie augmente, sauf que les besoins augmentent, et que son salaire de professeur ne suffit plus. Il choisit donc, en cachette, de prendre un second emploi, plutôt que d'en parler avec sa femme. Il refuse que sa femme travaille. Le mythe de l'homme pillier du couple, au moins financièrement à la vie dure. Aujourd'hui encore, il paraît inconcevable à certains hommes que leur femme puisse gagner plus d'argent qu'eux.

La femme d'Ed se voile la vérité sur ce dernier. Tout au plus, soupçonne-t-elle une liaison et quel soulagement lorsqu'elle découvre qu'il ne s'agit que d'un second emploi. Moyen pour elle de suggérer, bien timidement, qu'elle pourrait reprendre un travail.

La vie sociale créé des mythes sur le mariage, sur la maternité. C'est sans doute ces mythes qui ont la dent dure, qui provoquent les échecs, parce qu'au moment où l'on découvre les mensonges sociaux sur ces réalités (mariage, maternité, vie de couple, etc) bien souvent, on choisit de se mentir à soi-même, on finit ainsi par mentir à l'autre, à se créer une vie aussi fausse qu'idéalisée. On oublie d'affronter pour fuir dans le mensonge. On oublie de communiquer pour s'enliser, s'enfermer, jusqu'au jour où la vérité surgit, presque vicieuse, nous attrappe à la gorge, et nous saigne.

 

Mais rassurez-vous, ce film,  très sérieux, très subtil et très intéressant, est un grand classique du cinéma américain, qui comme le veut l'époque connaît une happy end. Un excellent thriller social, qui est toujours d'actualité pratiquement 55 ans plus tard.

 

 

 

 

 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 08:20

 

lonesome jim

 

 

 

Le film :


Jim a 27 ans, c'est le benjamin d'une famille américaine. Il se décide à rentrer en Indiana, chez ses parents, après avoir échoué à New-York. Il rêvait de devenir un auteur reconnu, et n'a fait que promener des chiens. Son retour dans sa petite ville natale, où père et mère ont monté une entreprise familiale, où le frère de Jim et son oncle travaillent, il le vit comme un échec, pense avoir râté sa vie, mais se dit qu'il a fait "moins pire" que son frère Tim, moins "trop parfait" que ses parents. Seulement, l'exposition de ses états d'âme va avoir des répercutions. Son frère tente de se suicider, bien conscient de ses échecs. La vie de Jim va alors prendre une tournure inattendue.



Ce que j'en ai pensé :


Jim est sans doute un fils comme beaucoup d'autres. Il est persuadé qu'il fera mieux que ses parents. Il est persuadé de tout savoir sur eux, sur leur couple, sur ce qui les anime. C'est avec ces idées pré-conçues qu'il rentre à la maison, la queue entre les jambes, mais toujours sûr qu'il vaut mieux que sa famille. Pourtant, c'est dans un état dépressif qu'il rentre.

Il oublie aussi que dans les problèmes, c'est aussi vers eux qu'il se tourne, puisque ces derniers l'aiment, tel qu'il est. Ses parents ont sans doute conscience que leur cadet se croit au dessus d'eux, mais qu'importe, c'est leur fils.


C'est plus difficile pour Tim, d'avoir ce frère qui a osé partir pour New York, même s'il revient sans avoir réalisé son rêve. Tim n'est pas dupe de sa propre vie, mais il affronte. Jim rejette sans cesse la faute sur les autres.


Il rend ses parents responsables de sa vie, alors que eux n'ont fait que lui donné des bases, le reste c'est à lui de le faire, ou de laisser la vie décider, mais ses parents ne peuvent être responsables des décisions, de la philosophie de vie. Jim fait preuve de beaucoup d'imaturité, il a oublié de grandir et se comporte toujours comme un adolescent qui saurait tout sur tout.


Il faudra l'accident volontaire de son frère, et la rencontre avec la jolie infirmière, Anita, pour que Jim remette certaines choses à leur place. Anita a déjà eu une vie avant lui, c'est une femme qui est une maman, une femme active, qui n'a pas besoin de lui pour vivre, mais qui, si Jim partageait sa vie, la rendrait sûrement plus belle. Elle ose lui dire ce que personne dans sa famille n'ose lui dire. Elle le met face à ses responsabilités, face à ce qu'il fait. Il ose dire qu'il aime relever les défis, elle lui prouve qu'il est plutôt du genre à leur tourner le dos et à fuir. Partir à New-York n'était pas un défi, c'était une gageure, ce qui n'est pas la même chose.


Au final, ce film sans prétention, avec des acteurs plus ou moins connu (Casey Affleck, Liv Tyler), se révèle pinçant, ironique, drôle, et terriblement proche de la réalité. Et si vous avez peur de vous retrouvez face à un drame, détrompez-vous, c'est une comédie, on rit, on rit bien plus que l'on ne pleure, et pour cause, on ne pleure pas.

 

 

 

PS : Si Maître Pô passe par ici, non non, je n'ai pas tout raconté, il y a beaucoup de choses que j'ai éludé, la maman, l'oncle, et certaines choses qui rendent le film drôle. J'ai seulement choisi de parler de la personnalité de Jim ... et même si le film tourne autour de Jim, Jim n'est pas le film

 

 

 

 

 

 

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 06:55
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Le film :

George a vécu durant 16 ans avec Jim. Professeur d'anglais dans une université de Los Angeles, son univers personnel s'effondre lorsque le cousin de Jim lui téléphone afin lui annoncer la mort accidentelle de ce dernier.
Huit mois ont passé. George, malgré le soutien de son indéfectible amie, Charley, ne parvient pas à surmonter sa solitude, l'immense solitude laissée par l'absence de Jim.
24h dans sa vie, 24h a organisé sa fin de vie.


Ce que j'en ai pensé :

Ce film est audacieux, il a fallu beaucoup d'audace à Tom Ford pour s'engager dans un tel film. Si j'ai trouvé le début du film maladroit dans sa manière d'être filmé, j'ai très vite été engloutie par le film, par l'idée qu'il avait réussi à pénétrer, à nous faire pénétrer dans l'intériorité humaine, avec des images sobres, émouvantes, esthètes.

Ce premier film est une réussite, aussi bien dans le choix des acteurs, admirable Colin Firth qui nous fait complètement oublié son rôle dans Bridget Jones, pour nous offrir ici, un George Falconer, criant de vérité, de douleur et pourtant de vie ; superbe Julianne Moore, qui malgré ses brèves apparitions, illuminent le film.
Une réussite aussi sur la bande son, des violons qui amplifient l'émotion des images, la sensibilité et surtout la vie, ses drames, mais aussi cette incroyable besoin de trouver le moyen de rebondir quand on pense que tout est devenu impossible.


Colin Firth incarne ici un amant perdu sans son amour de 16 ans. Nous sommes en 1962, Jim est mort depuis huit mois. George n'a pu assisté à la cérémonie, les parents de son compagnon ne le souhaitant pas. L'impossibilité de montrer, d'exprimer son chagrin, sa douleur, sauf auprès de Charley.

Le film, qui montre 24h de la vie de George Falconer, 24h décisives, puisqu'il a décidé de rejoindre Jim, ne tombe jamais dans le larmoyant, dans l'émotion facile. Il fait appel au vécu du spectateur, à ses expériences de vie, mais aussi à cet amour, ce grand amour qui, une fois disparu, peut laisser seul, désemparé, sans vie.

24h durant lesquels, le passé, la rencontre avec Jim, les instants de bonheur rappellent sans cesse George vers la vie, et non vers la mort. 24h de vie, plutôt que de fin de vie. Car malgré la fin brutale et inattendue de Jim, George a des souvenirs de vie avec lui, de vie heureuse, de vie de bonheur.

Il m'a semblé que le film tendait à montrer cela, que même dans le malheur, même dans le pire, le bon a toujours sa place, qu'il faut savoir ne pas oublier ce bon, que le drame humain ne doit pas, par un concours de circonstance déchirant, enlever le bon, le beau qui a existé, car cela, celle la vie peut nous le prendre, ou plutôt seule notre propre mort peut nous voler nos souvenirs heureux.


Un film d'une grande sensibilité.









Ecouter un extrait de la bande son de Abel Korzeniowski.


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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 09:02

harvey milk affiche

Le film :

Harvey Milk arrive à San Francisco avec son ami Scott. Ils achètent un magasin de photographie dans le quartier "Le Castro". Très vite, Milk fonde l'association "Castro Valley Association of Local Merchants", et devient le meneur du mouvement Gay. Le film retrace les huits dernières années de sa vie, son combat pour le droit des homosexuels.


Ce que j'en ai pensé :


Le film commence avec des images d'archives en noir et blanc montrant des arrestations d'hommes en costumes dans des bars gays. Une réalité aux Etats-Unis. Etre gay est un réel tabou, d'autant que nombre d'hommes (ou de femmes) choisissent de vivre une double vie, cachant leur sexualité, par crainte des représailles.
Nous découvrons Harvey Milk dans le métro, il drague un jeune homme hippie, qui deviendra son grand amour. Alors que Milk travaille à Wall Street, vit en costume trois pièces, cachant son homosexualité, Scott lui propose d'aller vivre ailleurs, intensément en toute liberté d'être. Milk est séduit, lâche tout. Ils partent ensemble sur la côte ouest.


Harvey-Milk

Commence alors pour Milk, un engagement politique, un destin collectif. 1972. Arrivé à San Francisco dans le quartier du Castro, Harvey va s'engager rapidement dans la lutte pour les droits civiques, les droits homosexuels, le droit à être. Un véritable philantrope.

Très vite, la communauté gay du Castro va s'organiser autour de Milk, qui dès 1973 va se présenter au conseil municipal de la ville de San Francisco. Une première car, il fait ouvertement campagne en ne cachant pas son homosexualité. Premier échec. D'autres suivront mais chaque fois, il gagne un peu plus de soutien, de voix.

Dès 1976, malgré un nouvel échec aux élections pour Milk, le maire de San Francisco, George Moscone, conscient du pouvoir de Milk et du nombre de personnes qu'il regroupe derrière lui, propose à ce dernier un poste au Comité d'Appel de permis de ville ; poste que ce dernier ne gardera que cinq semaines, démissionnant pour pouvoir se présenter aux élections des députés.

Il faudra attendre 1977, avec le changement de scrutin pour qu'Harvey Milk devienne le premier homme politique ouvertement homosexuel à être élu, dans une Amérique très puritaine.

Gus Van Sant a choisi de montrer les dernières années de la vie de Milk, ce destin collectif, ce sourire charmeur accroché invariablement aux lèvres, cette énergie incroyable, communicatrice, cette séduction. Van Sant Nous montre un Milk conscient d'un possible assassinat, enregistrant des cassettes, nous replongeant dans ces années de lutte pour le droit homosexuel, le droit à la différence.

Le combat d'Harvey Milk, une fois élu, au delà de représenter la communauté gay, de défendre les droits de celle-ci, sera de combattre la loi numéro 6, qui autoriserait le licenciement d'un enseignant ouvertement gay.

SaveOurRights

Sean Penn incarne un Harvey Milk aussi vrai que nature, un sourire indécrochable aux lèvres, une séduction transpirante. Il insuffle au film une énergie incroyable, rôle qui lui vaudra l'oscar du meilleur acteur, tout en laissant de la place pour d'autres acteurs dans ce film, comme James Branco, Diego Luna ou encore Emile Hirsch. Quand on transpose les acteurs et leur double réel, ce qui surprend, c'est la ressemblance physique. Certains sont morts, d'autres vivent encore. Pour la petite histoire, seul Sean Penn aura subit une légère transformation du visage, en ayant une prothèse nasale, pour ressembler au plus prêt à Harvey Milk.

Outre l'incroyable énergie du film, l'envie de se battre pour ses idées, contre les injustices, pour le droit à la différence, pour préserver les libertés individuelles, qui sont autant de libertés collectives, c'est le rapport aux autres qui s'inscrit forcément dans une séduction, qu'il soit l'ami ou l'ennemi. Il y a toujours un regard sur l'autre comme s'il était une conquête potentielle.

milk1

Harvey Milk fut convaincu que les gays trouveraient enfin une place réelle dans la société le jour où chacun d'eux pourrait avouer ses préférences sexuelles. Nous connaissons cela sous le nom de "coming out", sortir du placard.
Mes nombres d'homosexuels n'étaient pas pour annoncer cela à leurs amis ou leurs proches, les conséquences pouvant être terribles.


Une des dernières phrases de Milk, dans les cassettes qu'il enregistrera avant d'être assassiné, au côté du maire de San Francisco, George Moscone, le 27 novembre 1978, restera la plus célèbre

" Si une balle devait traverser mon cerveau, laissez la briser aussi toutes les portes de placard" (référence au "coming out")


Harvey milk, version original.


Harvey Milk, version française.


Pour en savoir plus sur ... La loi numéro 6 ! Save our Children. Pour ces gens, il était moins dangereux que des pédophiles enseignent à leurs enfants que des homosexuels ... cherchez l'erreur ???


A lire aussi, la critique du film du télérama de mars 2009.



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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 15:51

My name is joe (1998)


Le film :

Joe habite Glasgow en Ecosse. Chômeur, alcoolique qui n'a pas touché une goutte d'alcool depuis presqu'une année, entraîne une équipe de football locale, composée de personnalités atypiques. En réalité, chacun a ses petits problèmes plus ou moins sérieux, mais tous connaissent le malheur de la pauvreté lié à la classe ouvrière des années Thatcher. Joe ne s'en laisse pourtant pas conter. Il aide son prochain, parce qu'il n'oublie pas que s'il s'en est sorti, c'est parce que quelqu'un l'a aidé. Aussi, il fait tout pour aider une jeune famille à sortir de l'enfer de la drogue, de la prostitution malgré la mafia locale. C'est ainsi qu'il rencontre Sarah, l'assistante sociale du quartier.


Ce que j'en ai pensé :

Un film très humain sur les choix que l'on doit faire dans la vie, entre se sacrifier pour les autres, ou à un moment choisir de ne pas perdre celle que l'on aime. Aider les autres, c'est bien, mais il faut aussi savoir s'aider soi, penser à soi, sinon comment peut-on réellement aider ces autres qui en ont tant besoin ?
Se pose aussi la question de prendre en charge les solutions plutot que de mettre certaines personnes face à la nécessité de faire leurs propres choix, de trouver elles-mêmes les solutions, d'être acteur de sa vie, plutôt que passif.

Le choix de la facilité dans un milieu où le chômage fait rage, où la traque des chômeurs qui feraient quelques emplois au noir pour améliorer leur vie, afin de leur faire perdre leur maigre allocation.

La facilité est l'ennemi de l'homme, choisir la facilité n'est jamais le bon choix. Se battre pour garder sa dignité, son amour propre, pouvoir se regarder en face, ne pas vivre dans les regrets, et le moins possible dans le remord. Tendre vers ce que l'on est, plutôt que laisser à un autre, le pouvoir de nous dicter ce qu'il a envie que nous soyons. C'est difficile, mais ce sont des choix qui seront toujours meilleur que de choisir la facilité.

Cela aurait pû être un film dramatique sur une époque dramatique qui existe encore et toujours, et plus seulement à Glasgow, Ecosse, mais c'est davantage un film sur la vie, sur l'humain, sur le choix de l'être humain.


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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 08:27





Le film :

Une succession de skecths nous entraîne dans l'univers caché du sexe, sur nos interrogations inavouées, et tout celà, de manière burlesque, désacralisée.


Ce que j'en ai pensé :

Ce film est l'adaptation cinématographique faite par Woody Allen, du très sérieux best seller du docteur Rebeun portant le même titre.
Woody Allen livre à ses spectateurs durant 1h27, sept sketchs plus ou moins décalés, à l'humour décapant, et sur différents niveaux degrés de compréhensions.

Le comique de situation se fait sur plusieurs niveaux : par exemple, le décalage entre le titre du sketch et ce que nous découvrons dans celui-ci, les situations stéréotypées que l'on a sur certaines époques ou certains milieux sociaux.

Comment ne pas rire du fou du roi qui pense qu'il suffit d'une potion magique pour faire mettre une femme dans son lit (référence aux romans de chevalerie, notamment Tristan et Iseult) ou bien de ce jeune marié bobo qui ne sait pas comment s'y prendre pour donner du plaisir à sa jeune épouse et qui doit demander des conseils à un ami. Nous sentons la gène d'interroger l'autre sur une intimité, et cela provoque le fou rire, car le décalage entre le genre sûr de lui que se donne le personnage de Fabrizio et son inexpérience sexuelle prête à rire.

Le principal n'est pas ce qui est montré dans les sketchs, ni ce qui est dit, le principal c'est de voir que le sexe n'est pas aussi sérieux que l'image que les adultes en donne, qu'il n'est pas aussi grave que cela non plus. Il s'agit d'une étape à franchir, une étape qui n'est plus le fruit d'une simple évolution personnelle, mais celui d'une évolution personnelle et à deux. Traité de cette manière décapante, Woody Allen réussit à désacraliser un sujet très sérieux, bien trop sérieux pour la réalité des faits, car le sexe n'est ni une histoire de fleurs bleues, ni une histoire de pornographisme, mais simplement une histoire charnelle et parfois (ouf) de sentiments plus profonds, plus intimes entre deux personnes.

A noter le sketch cultissime qui clôture le film "qu'est-ce qui advient durant une éjaculation ?".




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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 07:57



Le film :


Daigo fait parti d'un orchestre symphonique jusqu'au jour où celui-ci est dissout. Ce dernier, conscient de ne pas être un grand violoncelliste, malgré son talent, décide de retourner vivre avec sa femme dans le village qui l'a vu naître. Sa mère, décédée, lui a laissé une maison, ancien snack. Daigo doit retrouver un emploi, mais que faire, lui qui a donné sa vie à la musique. Encouragé, soutenu par sa femme, il épluche les petites annonces, et finit par se présenter dans une petite entreprise. Daigo se trouve confronté à la mort, au métier de préparer les morts pour leur dernier voyage. Il finit par accepter l'emploi, taisant la réalité à sa femme, Mika.




Ce que j'en ai pensé :


Avant la diffusion d'un film, le cinéma des "carmes" propose les bandes annonces de sa sélection en cours et à venir. C'est souvent ainsi que je choisis les films que je vois.
C'est en attendant la diffusion d'"Etreintes Brisées" d'Almodovar, que j'ai découvert "Departures". Je ne regrette pas d'avoir fait le pas vers ce film qui m'a simplement enchantée, et ce à plus d'un titre.

Le sujet reste extrêmement tabou : préparer les morts avant leur dernier grand voyage. Sujet traité avec humour et délicatesse.

Daigo n'a qu'une passion dans sa vie, le violoncelle. Il en joue depuis l'âge de quatre ans. Son père y tenait, ce même père qui l'a abandonné, lui et sa mère, alors qu'il n'avait que 5 ans. 30 ans ont passé. La passion est toujours là. La musique comme soupape, la musique comme moyen de communiquer autrement.
Daigo, marié à Mika, n'a pas pu enterrer sa mère, car il était en tournée. Daigo qui retourne aux sources, à la source, dans la maison qui l'a vu grandir, pour tourner une page, en écrire une nouvelle, aussi surprenante qu'inattendu, vend son violoncelle de pro, acheté à crédit. Mais la passion reste là, et dans le grenier de la maison de son enfance, il retrouve le violoncelle qui l'a vu grandir. Il y retrouve les premières notes jouées, les morceaux tant aimés.
Daigo, élevé par sa mère, élevé aussi par un village, a trouvé une épouse aimante, qui le soutient, sur lequel il peut se reposer. Mais certaines choses restent taboues, les idées reçues ont la vie dure.
Daigo ne sait faire que de la musique, véritable léïtmotiv dans ce film, il lui faut faire des concessions. Il va vivre un véritable parcours initiatique, entre lui vivant, la "norme" pensante de la société japonaise et la mort, la préparation du mort.
Daigo ne devient pas croque-mort. Il va devenir grâce à son "patron", un homme qui prépare avec respect le mort dans son dernier voyage. Le violoncelliste apprend à laver le défunt / la défunte dans le respect de celui-ci, mais aussi dans le respect de la famille qui assiste à la métamorphose du mort en l'image qu'il était de son vivant.
Petit à petit Daigo apprend les gestes, l'art de son métier. Il apprend à la laver, à habiller, mais aussi à maquiller le visage du défunt d'après une photo que la famille a choisi.
La délicatesse, le respect de Daigo et de son "patron" envers le mort et la famille de ce dernier forcent à leur tour le respect de ceux qui assistent à cette étape cruciale envers les actants de celle-ci.

Daigo est confronté à sa propre idée reçue sur le métier de "préparateur de mort", ensuite il est confronté aux regards des autres qui jugent ce métier indigne et impropre. Il devra ensuite affronter le regard de sa femme.

Si Daigo prend un baptème un peu rude dans son nouvel emploi, rapidement, il devient admirateur puis acteur de son métier. Il en comprend l'importance pour la famille, et le respect pour le mort. Il s'investit, il comprend que ce métier lui convient, parce que Daigo a ses propres démons, ses propres peurs et ses propres deuils à faire. Il expie tout cela grâce à ce métier qui l'oblige à affronter une réalité brutale et définitive.

Daigo est hanté par sa mère morte, sans qu'il ne l'eût accompagnée ; il est aussi hanté par ce père, fuyard de sa famille. Hanté par un passé dont il n'a pas fait son deuil et dont il n'arrive pas à tourner la page. Si le retour au village représente un avantage financier (plus de loyer à payer, une vie moins chère, un retour à des besoins plus naturelles hors de la société de consommation), en revanche, elle est la porte ouverte sur un passé dont il n'a pas fait le deuil.

Plus qu'un métier, cette activité devient une ouverture sur lui-même, sur sa vie et sur les autres pour Daigo. Peu à peu, il dépasse son propre dégout, puis le dégoût des autres. Confronté au dégoût de sa femme, qui ne peut pas comprendre qu'il aime son métier, il choisit de la laisser repartir dans sa famille. De nouveau seul, la musique redevient la conseillère, la confidente, l'espoir et le partage. Le temps passe, passe, passe et Mika revient, porteuse d'une belle nouvelle, elle porte la vie. Un nouvel argument, de son point de vue, pour demander à Daigo d'abandonner son métier, ce métier qu'il a choisi par nécessité et qu'il a appris à aimer par humanité.

La vie permettra à Mika de découvrir le véritable métier de son mari, l'art de l'accompagnement. Elle comprendra alors, et acceptera.

Le dernier fil conducteur du film est le père. Jamais là, mais toujours présent. Certaines absences sont tellement plus vivantes que certains présents.

Un très beau film sur la vie, et la mort ; sur l'amour et sur les idées reçues. Le violoncelle y tient une grande place.


Departures, le site du film
.


J'ai vu le film en japonais, sous-titré en français.





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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 07:33



Le film :

Joe Strumble, un grand reporter vient de mourir. Nous le retrouvons sur le bateau dirigé par la grande faucheuse, en compagnie d'autres défunts. Il fait alors connaissance de Jane Cook, la secrétaire de Peter Lyman, fils d'un lord. Cette dernière lui raconte comment après avoir soupçonné Lyman, elle s'est retrouvée empoisonnée l'après-midi, et morte. Joe Strumble est sûr de détenir là un scoop, le dernier scoop de sa carrière.
Parallèlement, Sondra Pransky se trouve en vacances à Londres chez des amis de la haute société anglaise. Elle vient de coucher avec un people dont elle voulait obtenir une interview. Accompagnant son amie, et le jeune frère de celle-ci, elle rencontre le magicien Splendini, qui l'invite à participer à un de ses tours. Au moment où elle se retrouve dans la boite pour disparaître, Strumble se matérialise et lui raconte le scoop qu'il pense détenir.
A partir de cet instant, Sondra, flanquée de Splendini, sous couvert d'un pseudonyme, rentre en contact avec Peter Lyman. Ce dernier, fort séduisant, la conquiert, et la jeune femme a bien du mal, malgré les indices qu'elle reccueille, à croire qu'il s'agisse du tueur aux tarots.




Ce que j'en ai pensé :


Un enquête policière menée de manière légère, où l'humour, les sentiments ne manquent pas. Nous retrouvons également le côté loufoque de Meurtre mystérieux à Manhattan.

Woody Allen donne un nouveau rôle à Scarlett Jonhansson (Match Point), où celle-ci peut exploiter ses talents de séductrice, mais aussi humoristique. Le duo Jonhansson / Allen fonctionne à merveille. Le pauvre Hugh Jackman (alias Wolvering) ne fait pas le poids devant ce couple père / fille de circonstance. Associés pour découvrir si Peter Lyman est le tueur aux tarots, ils ne manquent ni d'humour ni de piquant.

Scarlett Jonhansson incarne une jeune étudiante à la limite écervelée. Elle se laisse séduire sans se poser de questions, profite de la vie. Quand Strumble apparaît devant elle, lors du tour de magie, Sondra est complètement déstabilisée par ce qui lui arrive. Mais très vite, elle reprend pied, et se sent investie de la mission confiée par l'ancien journaliste. C'est comme une aubaine pour elle, étudiante en journalisme, d'avoir un tel scoop.
Entre en jeu Splendini. Sondra retourne sur les lieux où le magicien donne son spectacle. Elle lui explique ce qui est arrivé lors du tour, et lui demande de l'aider à résoudre cette énigme.

Nous ne savons pas trop pourquoi il accepte. Peut-être pour mettre un peu de piment dans sa vie, peut-être parce que la jeune Sondra le fait fondre et qu'il ne peut rien lui refuser. Toujours est-il qu'il la seconde dans son enquête et se prend au jeu.
Splendini devient alors plus qu'un partenaire, il devient un père. C'est le seul moyen qu'ils ont trouvé pour affronter Peter Lyman.

Alors qu'elle a couché avec lui, elle découvre que la mère de Peter était brune aux cheveux courts, et infidèle. Son fils ne semble guère avoir de compassion pour sa mère. Les victimes du tueur aux tarots sont toutes brunes aux cheveux courts, et prostituées.
Strumble voyant Sondra fléchir et tomber peu à peu amoureuse de Lyman, se décide à apparaître à Splendini, pour qu'il encourage la jeune fille à poursuivre l'enquête. Celui-ci y parvient au début, grâce aux autres indices que lui donne Strumble, comme le code de la pièce à musique dans le sous-sol de Lyman.

Mais malgré les indices reccueillis, Sondra ne peut croire que Lyman est le meurtrier qu'ils recherchent. Cependant, ils finissent par se rendre dans un grand journal pour expliquer leur "scoop". Et découvre qu'un homme a été arrêté et identifier comme le tueur. Sondra, heureuse de la nouvelle, ne veut plus que vivre son amour avec Lyman. C'est sans compter Strumble qui veille au grain, insistant auprès de Splendini.

Sondra apparaît comme une jeune femme fantasque et naïve qui rêve au prince charmant, qu'elle pense trouver en Lyman.
Splendini mène, grâce à la jeune femme, une existence faite de surprise, et un peu plus pétillante que ce qu'il connaissait.
Lyman a tout du parfait jeune homme que toutes les jeunes femmes voudraient épouser. Jeune, beau, riche, bronzé. Une véritable carricature sur patte.

Allen a ajouté à son triller, une dose d'humour de son cru, et surtout une sévére critique du journalisme à sensation. Le journaliste ne veut plus seulement reporter des faits à ses lecteurs ou téléspectateur, il veut du sensationnel, il veut l'exclusivité, il veut le "scoop".
C'est à cause du journalisme, de la presse, des détails très précis qui sont révélés sur le tueur aux tarots, que certains peuvent commettre des crimes, en les faisant passer pour les meurtres d'un autre.
Où se trouve la limite dans ce que l'on peut dire, et ne pas dire dans la presse, entre informer le lecteur, le surinformer, et le manipuler ?

Un film pétillant où l'on ne peut s'ennuyer, avec un trio d'acteurs qui fonctionne, où l'humour à sa place, sans tomber dans le pathos larmoyant, où le romantisme risible.

Un film à voir pour passer un bon moment assurément !









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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 06:30




Le film :

Harry Caine est aveugle depuis l'accident qu'il eût quatorze ans plutôt, où Lena, la femme de sa vie, trouva la mort. Depuis ce jour, il refuse d'être Mattéo Blanco, pour n'être que son pseudonyme d'artiste Harry Caine.
Ne pouvant plus réaliser de film, il écrit de nombreux scénaris, secondé par Diego, fils de son ami et manager Judit Garcia.
Un certain RayX se présente au domicile de Harry, prétextant avoir un scénario à lui faire écrire pour le film qu'il voudrait réaliser. Ce dernier est en alerte, il pense avoir reconnu Ernesto Junior Martel. Au même moment, il découvre que Ernesto Martel père est mort.
Ressurgit alors le passé de Harry, toute son histoire avec Léna, le pourquoi de sa vie d'aujourd'hui, le pourquoi de son choix d'oublier qu'il fut, un jour, Mattéo Blanco.
Il faudra qu'il se retrouve seul avec Diego, que celui-ci interroge Harry, pour que ce dernier se mette à parler de cette histoire, de son histoire.


Ce que j'en ai pensé :



Que c'est sans doute le plus abordable des Almodovar, le plus ancré dans une réalité qui pourrait être la notre. Avec un univers coloré, dramatique, il sait pourtant toujours nous rendre la part d'humour qui est nécessaire à la vie, et ce dès la première scène. Harry Caine, aveugle, se fait faire une pseudo lecture par une jeune femme blonde et finit par la "culbuter" sur son canapé, survient alors Judit, qui le met en garde contre ces rencontres furtives, qu'il est dangereux de lever des femmes dans les supermarchés, et à Harry de lui répondre, qu'elle l'a aidé à traverser la rue, avec un sous-entendu évident.

Pedro Almodovar nous montre ici que la vie peut être une succession de drames, d'épreuves qui nous conduisent à faire des choix, mais qu'il y a aussi une part de fatalité, que tous les malheurs qui nous assaillent ne sont pas que le fruit de l'homme, ou que le fruit de la fatalité.

Lena est une superbe jeune femme brune (Penelope Cruz est bluffante dans son rôle), secrétaire d'un homme riche, Ernesto Martel. Alors que son père se meurt d'un cancer de l'estomac, elle se décide à reprendre une activité parallèle de call girl, et son premier client est Ernesto Martel. Elle découvre alors, qu'il la piste depuis longtemps. Le besoin d'argent, l'amour possessif d'Ernesto la fond plier. Elle devient la maitresse de l'homme d'affaire. Leur vie est une succession de mondanité, où les apparences, les menteries sont légions.

Le rêve secret de Lena, c'est d'être actrice. Elle prend des cours et décide de se présenter à un casting. Le film sera réalisé par Harry Caine / Matteo Blanco. Quand celui-ci la voit, c'est le coup de foudre, irréversible. Ernesto est jaloux, possessif, il décide de confier à son fils, Ernesto Junior, le soin de tout filmer de ce qui se passe sur le tournage. Il découvre alors la complicité, l'amour qui s'installe entre le réalisateur et son actrice.
Peu à peu, Lena prend de l'assurance et décide de quitter Ernesto. Ce dernier ne le supporte pas, et dans un moment de confrontation, alors qu'ils sont en haut du grand escalier, il la pousse.
La rupture est consommée entre les deux, Lena fuit avec Matteo, Ernesto se venge en recréant le film de ce dernier, ne gardant que les scènes les plus mauvaises, faisant de cette vidéo, une chose mauvaise.

Lena et Matteo sont partis vivre dans une île, loin de la ville, d'Ernesto. Une vie simple, pour se protéger, s'aimer et vivre. Mais la vie en décide autrement, et une nuit, ils ont un accident. Lena meurt, Matteo perd la vue, et ne plus être que Harry Caine. Matteo est mort avec Lena.


Lena n'est pas un personnage complexe. Bien au contraire. Elle est très simple. Elle ne se pose pas de questions, agit d'instinct. Lena cède à Ernesto parce qu'elle a besoin d'argent pour aider ses parents. Quand elle rencontre Matteo et qu'elle en tombe amoureuse, elle fait les choses aussi "proprement" qu'elle le peut vis-à-vis d'Ernesto, quitter quelqu'un n'est jamais simple.

Matteo n'est pas non plus un personnage complexe. C'est avant tout un homme vivant, aimant la vie, les femmes. Ce qui va le rendre complexe, c'est la mort de Lena, et le désir ne plus être Matteo, l'homme qu'aimait Lena, l'homme qui aimait Lena. Lena morte, Matteo est mort avec elle. Matteo ne répond plus alors qu'au nom de Harry Caine, son pseudonyme d'écrivain. Lena le hante, sa mort le hante. Et pourtant, il fait tout pour enfouir cela au fond de lui. C'est d'abord l'arrivée impromptue d'Ernesto Martel fils qui va faire remonter en lui ce qui est arrivé 14 ans plus tard, au moment même où Ernesto père meurt à son tour. Si les souvenirs ressurgissent, Harry ne veut rien savoir, le passé est le passé.

Il lui faudra un accident de Diego alors que Judit est à l'étranger, pour qu'Harry révèle la vérité sur son histoire avec Lena. Mais là encore, il ne possède pas toutes les clés. C'est judit qui possède la clé de l'histoire.


Au final, une belle fresque sur l'amour, la fatalité, les dérives amoureuses, la possession, la jalousir, l'obsession. Un Pedro Almodovar qui sublime Penelope Cruz, lui donnant à loisir, le pouvoir de montrer son talent d'actrice. Des clins d'oeil à ses films précédents par des objets, des situations. Un film dans le fim, une pratique courante chez Almodovar, rappelez vous "La Mauvaise Education", entre autre.
Toutes les éléments clés de l'univers d'Almodovar sont bien au rendez-vous. A-t-il décidé de rendre son oeuvre plus abordable pour un plus large public, ou a-t-il eu envie de quelque chose de plus simple à l'image de ses personnages, de la vie de ses personnages.

Une belle histoire d'amour brisée, ou la vie reste, envers et contre tous, la plus forte.





Le site de Etreintes Brisées, Pedro Almodovar.






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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 07:22




Le film :

RDA. Berlin est.1978. Christiane Kerner est interrogée, chez elle, par la Stasi. Son mari vient de passer à l'ouest. Après deux mois d'asthénie, elle retourne auprès de ses enfants, s'inscrit et s'investit dans le parti, et la vie sociale de sa ville.
Les années passent. 1989. Alex, son fils cadet, remet certaines choses en cause de la RDA. Ariane, son ainée, a eu une petite fille. Les préparatifs du 40° anniversaire de la RDA vont bon train.
Alors que Christiane se rend aux festivités, elle assiste impuissante à une manifestation sévèrement réprimée, dans laquelle se trouve son fils. Sous le choc, elle fait un infartus.
Durant les huit mois que durera son coma, Alex se rend chaque jour à l'hôpital auprès de sa mère pour lui parler. Parallèlement, la RDA s'occidentalise, et les enfants Kerner avec. Alex retrouve Lara, rencontrée lors de la manifestation, juste avant la chute du mur. Ils tombent amoureux.
Quand Christiane sort du coma, Alex décide de ne rien dire à sa mère, sur la réunification. Il craint que ce choc ne provoque un deuxième infartus, qui lui serait fatal.
A partir de ce moment là, il recrée dans la chambre de sa mère, l'univers de la RDA, allant jusqu'à fabriquer de faux journaux télévisés avec son ami.



Ce que j'en ai pensé :

Au mois d'octobre de cette année, nous célèbrons le 20° anniversaire de la chute du mur de Berlin. Déjà 20 ans serais-je tentée de dire ... je me souviens vaguement de cet événement, je me souviens, en fait, que je n'avais que vaguement conscience de ce que cela représentait. Je n'avais pas compris que ce qui se passait en URSS, se passait aussi de l'autre côté du mur, je n'avais pas compris qu'à l'est, les gens n'avaient pas la liberté de penser, de dire, de s'exprimer comme en occident.

Good Bye Lenin ! n'a rien de larmoyant, malgré le début, et malgré la fin. A travers le personnage d'Alex, son regard, le spectateur voit se déconstruire une vie, se construire une autre manière de vivre. Il assiste aussi à une manière d'idéaliser la vie qu'ils ont eu, pour en faire la vie que le protagoniste aurait aimé que lui offre la RDA. Il le dit justement dans le film, que les faux journaux télévisés qu'il offre à sa mère, sont à l'image de ce qu'il aurait rêvé pour la RDA, de la RDA.
C'est ainsi que nous nous retrouvons confronté à un monde qui n'existe plus, un monde devenu réalité, et un troisième monde inventé.

Le monde de la RDA reste un monde assez obscur pour moi. Je m'interroge sur la manière d'enseigner l'histoire au lycée. Je m'interroge également sur la façon dont j'appréhendais cela quand j'avais 18 ans. N'avais-je pas d'autres chats à fouetter qu'à me demander si à l'est, ils étaient surveillés comme en prison ? Remarquez c'est à peu près à cet âge que j'ai découvert ce qu'était l'homosexualité. Il aura fallu que j'arrive à 23 ans pour découvrir ce qu'était concrêtement une banlieue ... et bien d'autres choses d'ailleurs.

Je me garderais donc bien de jeter la pierre à mon / mes professeurs d'histoire du lycée, car il se peut que ce soit moi qui sois passée au travers des cours ... mais en même temps, vu mes notes en histoire, je doute quand même.

Ceci dit, là n'est pas le sujet.

La RDA résonne en moi d'une manière un peu étrange : sportives allemandes aux carrures masculines dopées à mort. Ben oui, misérable cliché véhiculé ...
Sorti de cela, la RDA n'évoquait rien en moi. Alors vous pensez bien, la chute du mur de Berlin, oui et alors ? L'Allemagne réunifié, oui et alors ?
Je crois que j'en étais même à penser que ... les riches étaient à l'ouest et les pauvres à l'est ... mais comment en étais-je venue à penser une telle chose ...

Après avoir vu La Vie des Autres (Merci Damien), je ne dirais pas que ma vie a basculé, mais je dirais que d'un seul coup, je mesurais toutes les conséquences, du moins en parti, de la chute de ce fameux mur. Alors, je dirais Merci Damien, d'avoir enfoncé le clou en me prêtant Good Bye Lenin !

Après avoir découvert ce que faisait la Stasi, je découvrais l'importance de la chute de ce mur et ce que cela allait entrainer dans la vie des berlinois de RDA.

Si ce n'est que le père d'Alex et Ariane soit passé à l'ouest, entrainant la charge totale de la famille par la mère, Christiane, cette famille vit tranquillement, heureuse, du moment, comme dans toutes les familles (faut pas rêver) que personne et surtout pas la vie,  ne vienne nous rappeler notre passé ...

Sur fond d'événement historique, la Chute du mur de Berlin, Good Bye Lenin ! inclut cette notion que nous pouvons bien faire ce que nous voulons pour nier certaines choses, à un moment où un autre celles-ci ressurgissent.

Deux histoires l'une dans l'autre.

La grande d'abord.
Comme un certain nombre d'intellectuels, artistes, notables, le père d'Alex et Ariane est parti à l'ouest. La fuite des cerveaux (vous voyez j'écoutais à l'école ). La Stasi qui fait irruption dans le petit appartement familial, interrogeant brûtalement la maman sur les intentions de son mari. Et puis, Christiane, cette mère courage, abandonnée par son époux, qui s'inscrit au Parti, et s'investit durablement dans cette vie réglementée, rigoureuse.
La Chute du mur. L'occident envahit Berlin Est. Coca Cola, Burger King, les chaines de l'occident, rien n'est épargné à l'ancienne RDA.

En voyant cette débauche de consommation rendue possible, j'ai pensé à notre vie, où la sur-consommation est reine. On n'use plus, on gaspille. On n'use plus, on change pour mieux, plus performant. Notre monde n'est pas le meilleur modèle ...

L'ouverture à l'ouest est à mon sens une bonne chose au niveau de la liberté de penser, de s'exprimer. Mais pour la consommation à outrance, la mal bouffe, le pouvoir de l'argent, des apparences, je ne suis pas sûre que ce soit ce que l'ouest fasse de mieux.

Dans la grande histoire, l'est a été rattrapé par l'ouest, qu'il niait farouchement comme étant le mal incarné.

Dans la petite histoire, il en est autrement.
Christiane, alors délaissée par son mari, étant passé à l'ouest, élève seule ses deux enfants, dans les idées du Parti. Elle s'implique réellement dans la vie sociale de son pays, s'engage, en éprouve une fierté.
Alex et Ariane, quand Christiane se trouve dans le coma, s'occidentalisent complètement, logiquement, dirais-je. Seulement quand leur mère se réveille, pas question pour Alex que celle-ci découvre que toute sa vie a basculé, tout ce qu'elle défendait s'est écroulé. Pour lui, le choc ne pourrait être possible.
C'est alors qu'il part à la recherche des signes, des objets du passé.

Six ans ont passé depuis la sortie du film. Je repense à Alex cherchant des cornichons produits en RDA, et qui ne trouve que des cornichons produits en Hollande. Je me dis que nos emplettes font nos emplois. Souvenez vous, c'était le slogan de nos entreprises françaises, il y a quelques années. On achète chinois parce que c'est moins cher que français. Et les entreprises ont fini par délocaliser dans des pays où l'on paye moins les gens, mais paye-t-on moins cher aujourd'hui ? NON. Nos emplettes sont nos emplois ...

Alors que le pays s'ouvre donc sur l'ouest, le réveil de Christiane fait qu'Alex invente un monde où la RDA est devenue une référence pour les occidentaux qui rêvent de s'exiler chez eux. Alex ne pouvant pas recréer la RDA de sa mère, invente celle qu'elle aurait pu devenir. Il ne cesse d'inventer des histoires pour expliquer à sa mère pourquoi coca cola a fait son apparition à Berlin est, pourquoi on voit des occidentaux chez eux, pourquoi la statue de Lenin est déboulonnée.
Alex voulait donner à sa mère la RDA à laquelle lui rêvait, conscient que ce qui avait été n'était pas la solution, mais conscient aussi l'ouest n'était pas le paradis. Il inventait pour sa mère un monde meilleur où l'on aurait pris le meilleur des deux pour faire un univers plus harmonieux.

Pour Alex, contrairement à la RDA, il ne s'agissait pas de nier l'ouverture à l'Ouest, il s'agissait de protéger sa mère d'un choc fatal. En voulant la ménager, il se prend au jeu, en recréant un monde rêvé.

Dans la petite histoire resurgit le père. Involontairement. Ariane, qui travaille au Burger King a reconnu la voix de celui- qu'elle n'a pas vu depuis plus de dix ans. Ariane dont l'absence du père reste comme une blessure à jamais ouverte.
Il faudra un voyage dans la Datcha familiale pour que Christiane révèle la vérité à ses enfants sur leur père. Il ne les a pas abandonné, c'est elle qui n'a pas eu le courage de fuir à l'ouest le rejoindre. Elle a eu peur, et s'est donc construite une vie différente de celle d'avec leur père.
Alex n'a pas de rancoeur. La vie est ainsi. Ariane le vit plus mal. Pourtant, alors que c'est elle qui semble avoir le plus besoin de voir ce père, elle n'y parvient pas et laisse à Alex le soin d'accomplir la dernière volonté de sa mère, retrouver leur père pour qu'ils se voient. Alex se rend donc à l'ouest, retrouve son père, riche, ayant fondé une nouvelle famille. Le choc est brutal pour ce dernier. Alex reste fidèle à lui-même, il découvre un petit frère et une petite soeur. Leur père accepte de rendre visite à Christiane, dont l'état de santé s'est déterioré, après l'aveu.
Pendant ce temps, Lara, l'amie d'Alex a tout raconté à celle-ci sur la chute du mur. Mais tout le monde choisit de ne rien dire au jeune homme qui a tant besoin de montrer à sa mère cette RDA qu'il a rêvé.

C'est donc le leitmotiv du film, nier l'existence d'un autre bien vivant n'est jamais la solution, dans les petites histoires, comme dans les grandes. L'autre est soit idéalisé, soit diabolisé. Ici, l'ouest comme le père sont diabolisés.

Good Bye Lenin ! l'histoire du passage de la RDA à l'Allemagne réunifiée, ou plus simplement l'histoire d'un fils aimant voulant créer un univers parfait pour sa mère ?


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