Elliot a 60 ans. Il est en mission au Vietnam. Parce qu'il sauve un enfant, alors qu'il aurait dû être parti, un vieil homme lui propose de réaliser un de ses voeux. Elliot choisi alors de revoir celle qu'il a toujours aimé, Llena, morte 30 ans auparavant. Il se voit remettre dix pillules, puis rentre à San Francisco où il retrouve l'hôpital, son ami Mat, et le cancer qui le ronge, et qui ne lui laisse que quelques mois à vivre. Elliot prend une première pillule et se retrouve 30 ans plutôt, face à l'homme qu'il était à l'époque. Confrontation avec son double. Revoir Llena. Mais le voyage temporel ne dure que 20 minutes environ ... Elliot et son double sont perturbés par cette rencontre incroyable. Une deuxième pillule pour un deuxième voyage ...
Ce que j'en ai pensé :
A vrai dire, pas du bien.
Le thème du livre n'est pas nouveau. Le voyage temporel, la possibilité de changer le futur en en connaissant certains aspects, accepter que tout acte implique des conséquences qui nous échappent.
Thème récurrent en littérature comme au cinéma. Pour ma part, j'ai rapproché ce livre, pour ce qui est du retour dans le passé, et des conséquences à deux films Retour vers le futur, et Terminator. Ce dernier plus spécifiquement, parce que c'est la première fois que je m'interrogeais sur la possibilité d'avoir une deuxième chance et de changer les choses. Cette aptitude à pouvoir faire "autrement" sa vie par cette intrusion du futur m'a beaucoup questionnée. Aujourd'hui, je sais qu'en ce qui me concerne, je ne veux rien changer de ce qu'a été ma vie, parce que ce qu'a été ma vie, a fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. Et j'aime celle que je suis. Je deviens ce que je suis. Je deviens qui je suis. Et cela n'est possible que parce que j'ai eu cette vie là et pas une autre. Je ne veux pas me demander ce qu'aurait été ma vie si ... parce que c'est du temps perdu à vivre, que de se poser ce genre de question. On ferait mieux de se demander qu'elle est notre vie, ce que nous pouvons améliorer aujourd'hui, pour avoir aujourd'hui, la vie dont on rêve. Car hier est passé, et demain ne sera peut-être pas.
Cependant, j'imagine que si l'on aborde un tel thème, c'est que l'on a une nouvelle idée, une nouvelle manière de le traiter. Et bien non, même pas. On prend les mêmes et on recommence. Donc, il y a Elliot, 60 ans. Il y a 30 ans, il a choisi de rester auprès d'une malade plutot que de rejoindre sa fiancé pour partir en voyage. Le problème, c'est que les autres ont toujours passé avant elle. Résultat, elle le quitte, et meurt. Toute sa vie, il s'en veut, vit dans le remord. Cependant, sa vie n'est pas si nulle. Il aura réussi son amitié avec Mat, il aura eu une superbe fille d'une liaison de passage, et il aura excellé dans son métier. Seulement il a tué celle qui l'aime. Au départ, lui, l'Elliot de 60 ans, ne veut que revoir Llena. Mais très vite se pose le choix de sauver Llena, ou de faire naître sa fille. C'est alors qu'il propose à son lui jeune, de sauver Llena a trois conditions (ne rien lui dire de ce qui arrive, la quitter, et coucher avec telle personne pour que naisse sa fille). Musso veut nous faire croire, ou nous faire douter du fait que les choses ne sont pas écrites à l'avance. Seulement voilà, lui, il raconte une histoire, avec des remontés dans le temps, avec des changements de destins. Il voudrait nous faire croire que, bien sûr notre mort n'est pas "écrite". Il voudrait nous faire croire que ... seulement ça ne marche que parce que c'est un livre. Chacun de nous sait, ou devrait savoir que les choses arrivent parce qu'elles doivent arriver, elles arrivent toujours, quoiqu'on en pense quand elles doivent arriver, et elles ont toujours une raison pour arriver. Et ce qui ne doit pas être n'est pas, ainsi va la vie. La seule chose dont on soit réellement maître, c'est de la manière dont on perçoit les choses, dont on les vit ... mais le reste est indépendant de nous.
Le fait, qu'Elliot sauve Llena, et ce par deux fois, a une incidence dangereuse pour la suite de l'avenir, car, puisqu'elle est censée être morte, le fait qu'elle va continuer à vivre va engendrer forcément des conséquences, sur sa vie à elle, mais aussi sur la vie de son entourage.
En fait, c'est le seul point d'intéressant dans ce livre, le fait qu'il nous fasse réfléchir aux conséquences de nos actes, de notre comportement, à l'impact qu'ils ont sur nos vies et sur la vie de notre entourage.
Voici pour l'histoire, mais parlons de Musso en tant qu'auteur. J'ai trouvé cet auteur pire que Marc Levi. Si, je vous jure. Dès les premières pages, j'avais l'impression que Harlequin avait décidé de faire dans autre chose que l'eau de rose. Sauf que ce n'est pas du Harlequin, sauf que Musso est considéré comme un écrivain, qui plus est bon, alors que ce n'est pas le cas. Levi a une écriture scolaire (je repense avec horreur à ses descriptions si mathématiques), niveau troisième. Musso n'a même pas ça, ou plutot si, niveau sixième. Il ne respecte nullement le pacte auteur / lecteur, qui est la base même de l'écriture. Un écrivain, à partir du moment où il se met à écrire, il le fait pour être lu. Cela implique qu'il s'adresse à un public qui sait lire, qui a déjà lu. Aussi, quand il évoque certaines choses qui appartiennent à la culture générale, il ne doit nullement expliquer ces choses. Quand il évoque Hemingway à propos de la Floride, Musso croit de bon ton de nous dire ce qu'a écrit ce dernier. Pour quoi prend-il le lecteur ? un ignare ? Et il en va de même tout au long du roman. Le pacte entre le lecteur et l'auteur n'est pas une chose inutile. C'est même essentiel, cela établi une complicité, oblige d'un côté l'auteur à la subtilité et de l'autre, le lecteur a une attention et une finesse d'esprit faisant appel à son savoir. Si l'auteur mache le travail du lecteur, où est l'intérêt ? Si vous jouez au cluedo, et qu'on vous donne tous les indices, sans que vous n'ayez à chercher, pouvez-vous me dire où est l'intérêt ?
Donc Monsieur Musso, s'il vous plait, en littérature, il existe une chose qu'on nomme "intertextualité", et croyez moi, ce n'est pas fait pour les chiens, mais bel et bien pour établir une connivence entre les auteurs et leurs lecteurs.
Et si c'était tout, mais non ... très vite j'ai lu ce livre en diagonal. Passé la stupeur de découvrir la pauvreté du style, et d'avoir pensé "mon dieu, que je vais avoir du mal à lire ce livre, cela va être fastidieux", j'ai eu l'impression d'avoir sous le nez une copie d'élève, sur laquelle j'aurais régulièrement inscrit en rouge remplissage dans la marge. Mais qui suis-je pour me permettre de dire de telles choses ... ? juste une personne qui a derrière elle un certain nombre d'années en matière de littérature, spécialisée en littérature comparée. Ce que je dis là, je ne le dis pas à la légère. Je descends ce livre, et cet auteur, mais j'appuye mais dire. J'argumente.
Un bon point cependant, les citations en début de chapitre. Souvent fines et bien choisies.
Arrêtons de nous faire croire que les Levi, et autre Musso sont de véritables écrivains. Ce sont des noircisseurs de pages. Si la littérature vous semble difficile, choisissez des auteurs comme Werber, même si leur style est simple, ils ont quand même un style, et ils ont des idées, des réflexions, des théories. Mais là, pitié ... Je vous jure, Levi, c'était déjà pas ça, mais Musso, c'est encore pire. Il y a tant d'auteurs qui mériteraient d'être publiés ... tant ... et quand je vois que ce sont des gens qui écrivent ainsi qui le sont ... ça fait peur ...
D'après ce que j'ai entendu dire de ceux qui se sont essayé à Musso, c'est toujours le même univers, le schéma type ... comme les Harlequins ... Mon meilleur conseil ... si vous voyez Musso, passez votre chemin !
Citations :
- "Tout ça pouvait sembler complètement dingue, mais il était arrivé à une période de a vie où à force de ne plus croire à rien, il était prêt à croire en tout"
- Vous pouvez tout faire, penser ou croire, posséder toute la science du monde, si vous n'aimez pas, vous n'êtes rien" Marcelle Sauvageot.
- Dans les périodes d'apaisement, on croit toujours les avoir vaincus. On s'imagine qu'à la longue, on a fini par leur faire la peau. Qu'on les a éloignés pour de bon. A jamais et pour toujours. Mais c'est rarement le cas. Le plus souvent, nos Démons sont toujours là. Tapis quelque part dans l'ombre. Guettant inlassablement le moment où l'on baissera la garde. Et quand l'amour s'en va ...
-En admettant que ce soit vrai, pourquoi dites-vous que c'est moi qui l'ai tuée ?
L'homme en face de lui marqua une pause comme pour bien peser chaque mot avant de confirmer : Tu l'as tuée parce que tu l'aimes mal.
-J'ai entendu assez de conneries comme ça s'emporta Elliot en se levant.
Tu l'aimes comme si vous aviez la vie devant vous ... Ce n'est pas comme ça qu'il faut aimer.